Confinement: témoignages d’habitants

Photo: Jean-Pierre Sageot

En quelques jours, notre quotidien s’est retrouvé complètement bouleversé. Comment vivez-vous cette période ? Quelles réflexions vous inspirent cette période extraordinaire ?

En ce jeudi 07 mai 2020, huit personnes sont venues me saluer et dans la discussion, le déconfinement pour le lundi 11 mai était d’actualité.

À 13h48, je téléphone avec le haut-parleur, devant ces personnes, au service concerné dont une personne très aimable m’écoute attentivement en lui demandant la confirmation d’ouverture des cimetières de Saint-Étienne-du-Rouvray. Cette personne me demande de patienter pour aller s’informer. De retour de son information, cette personne me répond qu’à ce jour les cimetières seront ouverts les mardis et jeudis de 13h30 à 17h30. Je remercie très chaleureusement cette personne pour son écoute.

Les mécontentements des personnes qui m’entouraient s’élèvent et me disent depuis le mardi 17 mars 12h, le pays est confiné jusqu’au 10 mai, et le mardi 21 avril de 13h30 à 17h30 ouverture occasionnellement, nous avons trouvé nos compositions, nos jardinières toutes grillées, nous sommes veuves retraitées, avec une maigre retraite, nous faisons tout ce qu’il faut pour entretenir, embellir les monuments de nos cher.e.s et tendres disparu.e.s, et nous apprenons que les cimetières n’ouvrirons pas le lundi 11 ?

Nombreux Cimetières ouvriront lundi 11, exemple ceux de Rouen.

Impression de subir: permission de sortie, liberté conditionnelle, interdit de se toucher, de s’approcher, plaisirs oubliés, confinés chez soi, embrumés des radio-télé-internet, mêmes paroles en continu, même inquiétude pour les vieux parents qui sont loin, sans auxiliaire, sans visite.

Seul refuge: faire la cuisine, bricoler, ranger, coudre pour avoir encore l’air d’être vivant, utile, propre, partager un peu.

Besoin d’oxygène, de voir plus loin, renouer, repeindre le monde, lui redonner des ailes, enfin le printemps!

Bonjour, je suis salariée de l’industrie pharmaceutique et notre devoir est de continuer à approvisionner les pharmacies et hôpitaux en médicaments.

Je suis dans les services administratifs donc toute mon équipe et moi avons été mis en télétravail pour limiter le nombre de personnes sur le site de production.

Nous avons dû nous réorganiser afin de continuer à gérer toutes les demandes de tous les pays, non seulement de la France, des pays européens mais aussi du monde entier.
De plus, un des médicaments que nous fabriquons a été intégré dans le programme des essais cliniques contre le Covid-19 et nous croulons sous les demandes en tout genre.

Nous sommes contraints de travailler douze heures par jour et parfois le week-end pour répondre à toutes ces sollicitations, ce qui est souvent compliqué à concilier avec mes rôles d’épouse et de maman de deux enfants. C’est souvent très frustrant pour moi de ne pas pouvoir dégager du temps pour les aider dans leurs devoirs ou jouer avec eux.

Néanmoins, ce que je constate en point positif de cette situation, c’est que, paradoxalement, la distanciation physique a rapproché les équipes et nous a rendu plus attentionnés les uns par rapport aux autres.

Bonjour, maman célibataire avec une fille de 16 ans et un jeune homme de 22 ans handicapé à 80%… La peur m’envahit quand je sors faire des courses, le fait que je peux transmettre ce virus à mes enfants et surtout à mon fils qui est très très fragile…

Depuis le 9 mars, on est confiné car nous étions malades, sans test, mais le temps semble long…

Il a fallu expliquer à mon fils la situation, pourquoi personne ne lui rendait visite, pourquoi ses grands frères, ses belles-sœurs et ses nièces ne rentraient pas dans sa chambre…
La chance qu’on a c’est d’avoir un jardin… Mais cela n’est pas facile non plus… Il n’y a plus de kiné qui vient lui faire ses exercices, ce qui dégrade sa mobilité malgré ma petits gestes.…

Je souhaite à tous une bonne santé et prenez soin de vous.

D’abord frustrée de ne pas pouvoir aller au bureau, pour continuer de courir de rendez-vous en rendez-vous dans un boulot qui me passionne, je me suis vite adaptée à un rythme beaucoup plus lent. Je n’ai pas d’enfant, un mari calme et drôle, qui fait sa part de tâches ménagères, et le télétravail s’est avéré beaucoup plus calme que je le pensais. J’ai une maison confortable, un jardin où profiter du soleil et observer les roses fleurir.

Bref, j’ai vite compris à quel point j’étais privilégiée. Et ça ne colle pas avec mes idéaux politiques!

J’ai toujours su que j’étais chanceuse de mener cette vie, je le réalise encore plus aujourd’hui. Je pense aux femmes battues derrière les portes closes, aux appartements insalubres, aux enfants qui ne mangent pas à leur faim, et je me sens impuissante.

J’aimerais aider, me sentir utile, rendre un peu de ce que la vie m’a offert. Je fais de mon mieux, je donne, j’aide, je prends des nouvelles. Cette situation me frustre terriblement mais ce serait carrément indécent de m’en plaindre.

Au moins, je ne cherche pas à être «créative» et je ne poste pas de photo de mes roses sur Facebook, ce serait carrément petit bourgeois, ça m’achèverait!

Je suis confinée avec mon fils depuis le 17 mars 2020 et ce qui me fait le plus de mal c’est de ne pas pouvoir voir ma maman qui habite loin et qui n’a pas internet. Je peux juste lui parler par téléphone. Je déplore qu’il y ait encore beaucoup de personnes dehors qui ne respectent pas le confinement.

Ensuite, côté solidarité, ce n’est pas trop ça, ici à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Après, je me demande comment le déconfinement va se dérouler dans les écoles et les collèges. Va-t-on avoir des mesures sanitaires qui seront prises? Allons-nous avoir des masques?

Et je remercie le personnel soignant, les personnes de la grande distribution, les éboueurs, les personnes qui ramassent nos déchets mais attention des rats se promènent…

Bon courage à toutes les personnes qui ont respecté le confinement et qui continuent de le respecter .

PRENEZ SOIN DE VOUS.

Tout à fait d’accord avec Jessica, il y a beaucoup trop de monde qui se déplace, se rendent visite, font parfois la fête! Mais c’est souvent comme cela pour tout, les gens ne sont pas disciplinés et citoyens!
Nous sommes 5 à la maison. Nous ne sortons que pour faire les courses. Je trouve que dans la rue, il y a beaucoup trop de monde. Je vois passer dans ma rue des voitures dans lesquelles il y a parfois 3/4 personnes dedans. Que fait la police? Ça me révolte de devoir rester chez moi et de voir les autres qui sortent et continuent de vivre comme avant le confinement.
Rien de spécial.

Je joue à la console, je fais un peu de sport dans mon jardin, je regarde des vidéos sur YouTube puis voilà rien d’autre.

Infirmière à la retraite, j’ai une pensée toute particulière envers les femmes et les hommes qui, au quotidien, se battent pour lutter contre ce virus.

Je pense aussi à tous ceux qui, par leur métier, contribuent au bon fonctionnement du pays. Pour ma part, ma fille, mes parents, mes amis me manquent.

Mes activités associatives, les actions de la Ville, mes promenades me manquent…

J’aide comme je peux mon prochain et je participe au Projet Covid. Et puis il y a mon jardinet, mon chien et mon chat 😃

Bonsoir,

Pour moi il n’y a pas vraiment de confinement. Je suis auxiliaire de vie chez un couple de personnes âgées. Je passe le plus clair de mon temps chez eux.

Je suis maman de 4 enfants, ils ne sont pas sortis depuis le début du confinement, heureusement qu’on a une cour sinon je ne sais pas comment ils feraient.

Mais là, ils commencent à saturer.

Moi, ce qui me fait peur, c’est la scolarité des enfants, même s’ils ont des devoirs etc. J’ai peur qu’ils aient du retard quand même.

Et l’après du confinement me fait peur. La crise économique. Mon mari est gérant d’une petite société. On a peur de devoir mettre la clé sous la porte et que toutes nos économies, efforts partent en fumée.

Voilà pour mon petit témoignage.

Très dur à vivre quand on a toujours été actifs et qu’un jour tout s’arrête pour un virus qui tue de nombreux gens dans le monde.
Bonsoir

Chaque soir à 20h dans notre quartier, nous sommes quelques-uns à sortir pour faire du bruit pour les soignants et les personnes qui font en sorte que nous puissions vivre pendant cette période de crise sanitaire.

Nous sortons même les instruments de musique et les enfants sont à fond !!! Un quart d’heure de notre journée où nous sentons le lien, la solidarité et la fierté dans ces temps si particuliers.

Après un début très stressant, finalement, ça apporte un certain confort de ne plus courir après le temps. Faire l’école à mes filles n’est pas toujours évident, mais je me sens privilégiée, elles ont des bonnes enseignantes, un bon niveau et je suis capable de les aider. Leurs amis, leur grand-mère, leurs oncles et tantes et leurs maîtresses commencent à leur manquer.
Moi j’ai peur un peu. Sortirons nous un jour de tout cela? Saurons-nous en tirer les conséquences adéquates?
Je balaye cela et je savoure la diminution drastique des bruits de la rue, surtout les quads et motos qui habituellement s’en donnent à cœur joie dès que le soleil revient.
J’espère que tout va s’arranger bientôt. Sauf les quads ^^
C’est de moins en moins facile.

Je travaille au E.Leclerc Le Technopôle, et tous les jours se sont des centaines de personnes qui viennent se réapprovisionner, parfois les mêmes dès l’ouverture. Une file d’attente comme on n’en a jamais vu.
Et par moment, des clients qui nous remercient d’être présent pour eux.

Tout comme le personnel soignant, nous avons du courage et de la peur (même si nous ne le montrons pas forcément). C’est avec ce courage, cette force, que nous sommes plus forts ensemble. Nous devons rester solidaires et respecter les consignes de confinement.

Bon courage tout le monde !!

Aujourd’hui nous sommes dans une situation hors norme, où le temps ne s’écoule pas ordinairement.

Pour certains au ralenti, pour d’autres à toute vitesse, chacun à son rythme nous réagissons différemment à cette crise sanitaire (je ne veux pas dire «guerre» , la guerre ça se prépare, ça se déclare, là notre gouvernement nous a menti et en beauté), qui nous oblige à nous adapter à un ennemi invisible, et pourtant si terrible.

On se doit de respecter les alertes, c’est la base de cette lutte humaine contre ce virus dont tout le monde connaît le nom.

J’espère que nous aurons le dessus, avec l’aide de nos chers soignants et tout ceux qui contribuent à notre bien être, et notre confort.

Les temps sont durs mais je veux croire que le bout du tunnel nous rendra plus fort.

Infirmière à la retraite et frustrée de ne pouvoir aider mes collègues, je vous demande de «rester chez vous».

Trop d’interrogations

Le confinement est dur à passer.

Seule avec ma fille de 10 ans.

Ayant des problèmes de santé me mettant dans la catégorie des personnes à risque, cela est compliqué. Je me demande comment faire mes courses sans m’exposer à ce qui pourrait m’être fatal.

L’isolement total est plus que difficile à gérer. Trop d’interrogations me tourmentent l’esprit.

Tout le monde me manque

Avec trois enfants, ce n’est pas évident. Beaucoup de devoirs.

C’est très long. Le soir, l’ennui total.

Bref, tenir six semaines, ça va être très dur. Mais pas le choix.

Tout le monde me manque.

Bisou.

Vivement la fin

Bonjour,

Ce qui nous fait tenir, premièrement, c’est notre foi. Mon mari travaille tous les jours. Et c’est lui qui fait les courses. Je reste confinée avec mes quatre enfants. Ils jouent, font du travail scolaire, de la musique, de temps en temps la balade autour de chez nous et aussi beaucoup de relations téléphonique, pas trop d’info surtout.

Vivement la fin! Bon courage à vous.

ESPOIR

Vendredi, je rentre du travail, ma femme assistante maternelle me dit «je suis pas bien, j’ai de la fièvre, tousse énormément et mal dans la poitrine».

Médecin en urgence: tous les symptômes du virus! Confinée 14 jours avec médoc et moi! Et les enfants!

On y retourne samedi matin. Son état empire et de nouveau, médecin en urgence.

Bon, oxygène normal. Pour vous, monsieur, 5 jours de confinement pour surveiller. Les enfants sont moins sujets, ouf! Et la surveillance commence jours et nuits. S’assurer que les symptômes ne s’aggravent pas et, là, je ne comprends pas pourquoi on ne teste pas les gens. On nous laisse avec la peur que ça s’aggrave ou celle d’avoir des symptômes!

Alors mesdames, messieurs, je vous dit ESPOIR que nous quatre puissions en sortir sans trop de bobo.

ESPOIR

Qu’on puisse sauver le maximum de gens, ESPOIR que le corps médical ne tombe pas trop malade, ESPOIR que nos aînés ne soient pas trop touchés, ESPOIR que chacun puisse garder son travail. ESPOIR que le gouvernement aide toutes les entreprises, alors prenez soin de vos enfants, de vous, de vos ainés. On va y arriver.

Dans une cacophonie ambiante, le confinement est survenu progressivement et il faut bien le dire sans que nous le souhaitions ni le voulions et pourtant il faut bel et bien suivre les règles aussi bien pour soi que pour les autres.

C’est ainsi que l’on se retrouve chez soi isolé seul ou en famille à redécouvrir des tas de choses comme des livres, des disques, des lettres…

On s’adonne à nouveau à ses passions, à la lecture, à l’étude et l’on se remet à faire de l’exercice.

Par ailleurs on tisse aussi de nouveaux liens familiaux, intergénérationnels, entre voisins, entre personnes du même quartier, on réactive aussi de vieilles connaissances jusque-là oubliées.

On reste tout de même et il faut: connecté et informé sur le monde!

«Nos étoiles veillent sur maman»

— Papa?

— Oui mon fils?

— Pourquoi maman sort alors que l’on a pas le droit?

— Maman va travailler!

— Mais ils ont dit que c’était dangereux de sortir!

— Je sais mon chéri, mais maman est une guerrière! Tu sais les guerrières/guerrier tout en blanc?! Ceux qui ont choisi d’aider les autres avant même de penser à eux, qui sortent même si une pluie de bombes s’abat sur eux!

— Elle n’a pas peur?

— Oh oui mon fils, maman a peur! Elle n’a pas peur de partir au front, Maman est une combattante qui donnerait corps et âme pour aider son prochain!

— Mais pourquoi a-t-elle peur alors?

— Elle a peur à cause du manque de moyens des hôpitaux, des mensonges de nos dirigeants et de la stupidité des gens! Elle a peur pour sa vie!

— Mais moi je ne veux plus que maman sorte!

— Elle n’a pas le choix mon fils… Moi aussi j’ai peur quand je vois maman partir! Même quand elle part avec son grand et beau sourire, papa sais ce qu’il cache! Maman a choisi ce beau métier car son cœur est plus gros que celui des autres! ELLE A CHOISI CE BEAU MÉTIER POUR AIDER ET APPORTER DE L’ESPOIR À CEUX QUI EN ONT BESOIN PAS DE MOURIR POUR EUX!

— J’ai peur papa…

— Ne t’inquiète pas, mon fils, nos étoiles veillent sur maman…

«On gère, on gère!»

Pas besoin de réveil, nos nuits sont courtes, hachées, perturbées par tout un tas de questions. Alors on se lève, on regarde nos mails parce que c’est devenu notre rituel: notes de service, changement de planning, recommandations ARS, mails des professeurs et enseignants des enfants, il y a bien longtemps que les mails publicitaires n’ont plus les faveurs de notre cerveau qui fait instinctivement un tri sélectif!

Et puis on priorise, enfin on fait le choix cornélien de prioriser!

D’abord les enfants. Ou le boulot? On s’adapte, on tente de s’adapter, puis les enfants se lèvent et là, le marathon commence, on enfile une casquette de maman pour le petit dèj et on la change juste après pour enfiler celle d’enseignante qui est bien trop grande pour nous!

On suit le plan journalier envoyé par les enseignantes, on fait un biberon entre deux pour la petite, puis on explique un exercice que n’a pas compris le petit en CP, on joue les informaticiennes parce que l’internet vient de planter et la grande ne peut plus avancer dans les cours en ligne du collège! Au milieu de tout ça, un changement de couche (eh oui, nos enfants continuent à faire leurs besoins!) puis hop un mail: changement de planning, pas grave, on va gérer, on s’adapte toujours, petite pause pour les enfants, mail à l’école pour les informer du changement de planning, appel rapide au mari, lui aussi réquisitionné, pour le prévenir, on gère, on gère!

Reprise des apprentissages pour les enfants. Dans la tête, le planning est géré. Dans le cœur, ça commence à serrer. Il va bien falloir leur annoncer que demain, ils vont aller à l’école alors qu’à la télé le président a dit que les écoles devaient fermer pour la sécurité de tous!

Pourquoi pas pour la leur?

Leur expliquer que leur sécurité passe par le fait que maman va aller travailler pour éviter que ce virus ne continue de se répandre va être compliqué!

Et puis ma tête reprend ses questions: comment je vais m’organiser pour ne pas les toucher en rentrant demain, quand papa est là, on passe un appel pour dire qu’on arrive et qu’on va passer par la sécurité maximale en ne disant pas bonjour à sa famille en arrivant, qu’on va rentrer direct par le garage, qu’on va s’y déshabiller pour mettre tous nos vêtements dans la machine avant de monter en grelottant dans la salle de bain pour se frotter avec du savon (on a l’impression de se faire la douche pré op à la betadine!).

Mais quand papa est aussi au travail, il faut aller les chercher à l’école (que je remercie infiniment de prendre les enfants sans aucun jugement!), le parking est vide, seuls 3 ou 4 parents soignants attendent de récupérer leurs enfants, c’est le moment, on se regarde, pas besoin de se parler, on sait tous que la même chose nous déchire le cœur, ils vont sortir et on ne va pas les embrasser ni les toucher pour les protéger!

Puis retour en voiture, la petite est chez la nounou. Ouf, quand j’arrive la petite joue dans le jardin, ça va m’éviter de rentrer dans la maison de la nounou. Vite, les grands sont dans la voiture, on se dépêche, et bien évidemment je suis incapable de dire à la nounou avec certitude quel jour la petite reviendra! Elle aussi s’adapte, elle est top!

On gère, on gère!

Tout le monde rentre, et ouf, la grande est dispo, les devoirs à envoyer sont terminés, elle va surveiller ses frères et sœurs le temps que je puisse effectuer le rituel du déshabillage garage et compagnie… Puis, chacun son tour, passage à la douche!

Les éternelles questions arrivent: «Maman, tu travailles demain? On reste là ou on va à l’école? Papa rentre à quelle heure? Est-ce que tes patients ont le virus? Et toi???»

Ah, nous y voilà, et si maman, maîtresse, logisticienne, infirmière était contaminée?

Ne vous inquiétez pas, les enfants je vais bien (enfin, j’espère)!

On gère, on gère!!

Et puis le rituel d’une fin de journée, ouf le plan de travail du petit de CP a été fait, ça de moins à gérer!

«Ah, au fait, il y a 3 nouvelles applications à installer sur la tablette maman»,

«Ah oui, entre-temps, 10 nouveaux mails sont arrivés!»

Il faut installer une application pour que la prof de violon puisse faire son cours en vidéo, la continuité pédagogique!

On gère, on gère!!

Entre temps, tu prends des nouvelles de tes frères. Quelques GIF messenger pour se marrer tout en se rassurant, t’appelle tes parents, tu les rassures: tout va bien, on gère, on gère!

Tu files coucher les enfants, tu les embrasses dans les cheveux en culpabilisant, tu ne devrais même pas!

Et puis la fin de la journée est là, tu te prépares à recommencer le lendemain, et puis au calme, ta commère attitude reprend le dessus, un petit œil sur facebook pour voir si tout le monde va bien, et là, ça y est, tu gères plus!!!!

Pendant que tu te bats toute la journée pour combattre ce putain de virus, tu t’aperçois que certains prônent des compléments alimentaires pour favoriser l’immunité (c’est évident! pourquoi on y a pas pensé plus tôt? 3 queues de cerises, 2 trognons de pommes et je ne sais pas… 4 glands… vont aider à combattre ce virus!).

D’autres publient des vidéos de leurs courses en pleine foule genre (t’as vu du con, y avait plein de monde, et si on y allait tous ensemble, direction Roc Eclerc!) et d’autres qui vont faire du footing pendant ta journée de merde!

Pourquoi? Pour avoir The silhouette cet été?

Le beau cul entre 4 planches, il ne sera même pas remarqué par le mec qui fera votre toilette mortuaire, certainement sa 10e de la journée!

C’est quoi l’idée? S’aérer l’esprit? Garder sa condition physique coûte que coûte?

Je sais pas, ouvrez vos fenêtres et faites des squats chez vous!

Et, à minima, pensez à ceux qui sont en train de sacrifier leur équilibre familial, en allant s’enfermer dans un bouillon de culture pour éviter que celui-ci ne vienne contaminer tout le monde, monde dont vous faites partis!!!!!!

Respectez ça, ne vous affichez pas à dire que vous faites du footing pendant que d’autres courent après le temps, après la VIE pour devancer la mort!

Et si en s’affichant vous donnez envie à 1, puis à 1 autre, puis à 10 autres puis à 100 autres!!! Parce que quand on publie sur facebook, c’est pour donner envie (c’est rare de publier pour dégoûter les gens !!!) On fait quoi, on confine combien de temps? 3 mois? Encore plus? (vous vous en tapez, vous courrez!)

Vous y pensez à la petite société qui a ses employés au chômage partiel et qui veulent vite reprendre le boulot et qui eux respectent à la lettre le confinement?

Ah oui, on est toujours sur l’histoire de la silhouette pour l’été ?! Et sinon, la silhouette cérébrale, ça vous tente pas?

BORDEL! QU’EST-CE QUI EST SI DIFFICILE À COMPRENDRE: RESTER CHEZ SOI!!

Utiliser facebook pour des ondes positives pour les gens qui sont OBLIGÉS d’aller bosser et je ne pense pas qu’aux soignants, La poste, la grande distribution, EDF et tant d’autres… C’est trop demandé? Vous croyez pas que ces gens-là aimeraient plus un message de soutien plutôt que vos conseils alimentaires et vos plans de vos putains de footing!!

Je gère plus, je gère plus !!!!!

En attendant demain, j’y retourne. Je lâche mes enfants, je vais croiser mon mari, je vais avoir mal à la tête en essayant de trouver les meilleures solutions en essayant de ne pas avoir à déranger qui que ce soit, en assumant cette vie d’infirmière mère de famille, et surtout je ne vais pas me plaindre !!!!!!!!!

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