C’est la première fois en Europe que des véhicules à « délégation partielle de conduite », appelés aussi « voitures autonomes », circulent en milieu urbain. Et c’est à Saint-Étienne-du-Rouvray que ça se passe ! Objectif, répondre à la problématique du dernier kilomètre pour faire le lien avec les autres réseaux de transports en commun, métro et lignes de bus. Le projet est porté par la Métropole Rouen Normandie, le groupe Transdev, le groupe Renault et le groupe Matmut avec le soutien de la Région Normandie.
En phase test depuis septembre 2018
Depuis septembre 2018, des Zoé électriques sillonnent le plateau du Madrillet, territoire pilote pour ce projet novateur, afin de tester les matériels embarqués et les infrastructures installées tout au long des parcours.
Une fois en circulation, les voitures autonomes seront réparties sur trois boucles distinctes. Toutes convergent vers le terminus de la ligne de métro. Ces trois circuits cumulent 17 arrêts au total. La première boucle contourne l’Esigelec. Une deuxième boucle se déroulera autour du centre commercial E.Leclerc. Une troisième boucle passera devant l’Insa, l’université de Rouen, le lycée Le Corbusier, le Zénith.
Les expérimentations se poursuivent jusqu’à nouvel ordre avec des volontaires, curieux de tester ce service. Cette phase de « marche à blanc » est en cours sur les deux premières boucles et doit permettre d’évaluer ce service de mobilité innovant. L’objectif est de mixer le plus possible les panels avec des étudiants, des enseignants, des retraités, des habitants du quartier. La date de mise en service en situation réelle n’est pas encore définie à l’heure actuelle.
Véhicules suréquipés
Les quatre voitures autonomes en phase de test disposent de plusieurs caméras et d’un système à ultrasons pour la détection d’obstacles mais aussi de différents types de radars. Le GPS embarqué permet d’assurer un positionnement du véhicule sur la zone avec une précision d’environ 3 mètres. Grâce aux autres capteurs à bord, on atteint une précision d’environ 3 centimètres.
Plus discrètes, des infrastructures de perception augmentée sont disposées tout au long du parcours pré-établi du véhicule. Ces installations se retrouvent à des endroits névralgiques comme des ronds-points. Elles envoient aux véhicules des informations qui leur permettent de saisir la complexité du trafic en cours jusqu’à une distance de 100 à 150 mètres. Les infrastructures de perception augmentée perçoivent l’ensemble des éléments mobiles sur la zone, vélos, piétons, ballons égarés, et sont capables de définir leurs trajectoires. Ces installations enregistrent jusqu’aux mouvements des feuilles des arbres. Autrement dit, tout ce que la voiture autonome ne peut percevoir par elle-même lui est transmis par ces infrastructures. En bout de piste, des ordinateurs et des algorithmes absorbent et traitent en temps réel toutes ces informations issues de plusieurs sources. Les données sont alors fusionnées pour caler la vitesse, la direction voire l’arrêt du véhicule.
Dernier maillon de la chaîne, le poste central de commandement (PCC) assure un contrôle visuel depuis les locaux de la TCAR, rue Jeanne-d’Arc, à Rouen. « Quand le système atteint ses limites et qu’il ne sait plus faire. Le véhicule se met à l’arrêt et lance une forme d’appel au secours. C’est alors que les agents du PCC interviennent pour assurer la mise en sécurité des biens et des personnes et débloquer la situation », précise Sébastien Holstein. La mise à l’épreuve du dispositif en conditions réelles est programmée en septembre 2018. Via une appli à télécharger sur un smartphone, chacun pourra se rendre sur un point d’arrêt du parcours, appeler le véhicule, monter à bord et se laisser conduire mais toujours en présence d’un « safety driver », un conducteur à part entière.
Autonomie sous contrôle
Une fois mises en service, les voitures seront bel et bien autonomes, mais avec une personne assise face au volant. Ces conducteurs de sécurité demeurent responsables de leur véhicule suivant la législation en vigueur en France. Leur mission : être prêt à tout moment à récupérer le véhicule s’il se produit un changement de cap ou quoi que ce soit d’anormal. « Nous sommes en mesure de reprendre la main soit par une action sur le volant soit par une action sur le frein, explique Gilles Montfort, safety-driver engagé dans le programme de recherche et de développement du véhicule autonome sur le site du Madrillet. Nous disposons aussi de deux boutons d’urgence. Un jaune pour couper le mode autonome, et un rouge pour stopper intégralement le véhicule. Nous restons des conducteurs à part entière, nous ne sommes pas là pour la décoration. » Un rôle qui implique une vigilance de chaque instant et des réflexes à la mesure des enjeux de sécurité.