Dans l’atelier bois du lycée Le Corbusier, le bruit des scies se mêlent à la fierté. Une dizaine d’élèves façonne un meuble inclusif pour la médiathèque Elsa Triolet.
Sous la lumière des néons, les copeaux volent, les gestes s’enchaînent, précis, appliqués. Ils sont une dizaine, en bac pro « Technicien de fabrication bois et matériaux associés », à donner vie à un meuble pas comme les autres : une structure conçue pour accueillir la collection de livres adaptés aux personnes en situation de handicap – gros caractères, LSF, textes simplifiés.
« C’est leur travail de A à Z », explique Mathieu Brianchon, leur professeur référent, qui observe d’un œil bienveillant les ajustements. « Je vois les défauts, bien sûr, mais il fallait que ce soit leur projet à eux. » Et ce projet, de l’analyse du cahier des charges à la réalisation, ils s’en sont emparés. Il aura couru sur deux années et nécessité une centaine d’heure de travail.
Devant l’ordinateur de commande numérique, Nathan et Élie programment la découpe d’un plateau. « Ce qu’on aime, c’est que c’est une vraie commande, avec un client, des délais. D’habitude, nos meubles restent au lycée. Là, on se sent vraiment pros. » Un peu plus loin, Jules et Angelo ajustent les étagères. « C’est assez technique. Il faut que tout soit accessible, solide, aux normes. » Le meuble, destiné au grand public, doit en effet répondre à des critères stricts : stabilité, sécurité, résistance au feu. Les panneaux ignifugés attendent d’être assemblés, les roulettes testées.
Hugo et Louis, équerre en main, tracent les repères sur le bois blond. « On aime le côté physique, en mouvement, du travail du bois. Et puis, c’est un matériau qui laisse place à la créativité. » Autour d’eux, l’ambiance est concentrée. Il ne reste que quelques jours avant l’inauguration du meuble à laquelle leur professeur souhaite les convier. « Ce projet a demandé beaucoup d’investissement personnel et de l’endurance. Quand ils verront leur meuble en place, dans la médiathèque, ils comprendront que le bois peut aussi être porteur de sens », conclut-il.

