L’attentat du 26 juillet 2016

Les habitants de la ville et au-delà se recueillent devant l'hôtel de Ville le soir de l'attentat, le 26 juillet 2016.

Le 26 juillet 2016, Saint-Étienne-du-Rouvray était violemment projetée sur la scène médiatique internationale.

Un attentat revendiqué par le groupe terroriste État islamique (Daech) était perpétré contre Jacques Hamel, le prêtre auxiliaire de la paroisse, dans l’église Saint-Étienne où il célébrait la messe en présence de cinq fidèles.

Le prêtre, frappé à mort, succombait près de l’autel. Un paroissien était grièvement blessé.

Quelques heures après l’attentat, le président François Hollande et le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve donnaient une conférence de presse devant l’hôtel de ville de Saint-Étienne-du-Rouvray, aux côtés du maire Hubert Wulfranc (à la droite du Président).

Le 26 juillet 2016 restera une date à jamais gravée dans l’esprit des Stéphanais. Il le restera aussi pour de nombreux Français et habitants du monde entier.

Ce mardi 26 juillet 2016, vers 9h45, deux jeunes hommes de 19 ans se revendiquant du groupe terroriste Daech prenaient en otage six personnes réunies dans l’église Saint-Étienne à l’occasion d’un office.

Ces otages étaient les trois religieuses de Saint-Vincent-de-Paul, sœurs Danièle, Huguette et Hélène, le couple Janine et Guy Coponet, et le père Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de la paroisse stéphanaise.

Ayant réussi à s’enfuir de l’église, sœur Danièle, 73 ans, a immédiatement donné l’alerte.

Rapidement arrivées sur place, d’impressionnantes forces de police et de l’armée se sont positionnées autour de l’église, bouclant le périmètre.

À 10 heures 50, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen donnait l’assaut, « tuant les deux assaillants ».

«Va-t’en Satan!»

À l’intérieur de l’église, le père Jacques Hamel, 85 ans, avait péri, assassiné.

Les témoins directs du drame ont confié que le prêtre avait lancé à ses assassins avant de succomber : « Va-t’en Satan ! »

Ces mêmes témoins ont également confié que les deux jeunes auteurs de l’attentat avaient volontairement dégradé des objets du culte.

Guy Coponet, qui fêtait ce jour-là ses 87 ans, était quant à lui grièvement blessé à la gorge. D’autres coups de couteau lui étaient également portés au bras et au dos.

Immédiatement pris en charge par les secours, Guy Coponet confiera un an plus tard au journal Le Stéphanais :

« Le chirurgien nous a dit que c’était in extremis, à croire qu’une main a empêché le criminel de toucher un organe vital. »

Les sœurs Hélène, 84 ans, et Huguette, 80 ans, et Janine Coponet qui allait fêter ses 65 années de mariage avec Guy, sont mises à l’abri par la police dans un magasin d’alimentation à proximité de l’église.

Elles y recevront le soutien d’Hubert Wulfranc, maire de Saint-Étienne-du-Rouvray, de François Hollande, président de la République, et de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, venus immédiatement de Paris.

Soutien psychologique

Au même instant, une cellule d’aide psychologique est mise en place dans la salle des séances de la mairie, située à quelques centaines de mètres de l’église. Cette cellule a pu accueillir les Stéphanais ébranlés par la nouvelle.

La famille du père Hamel, sa sœur Roseline Hamel et des neveux, étaient quant à eux accueillis dans les locaux du service information et communication de la mairie. Des équipes de psychologues et de soignants du Centre hospitalier du Rouvray et du CHU de Rouen y avaient été également dépêchées.

Un an plus tard, Roseline Hamel confiait à la rédaction du Stéphanais :

« Il y a eu tellement de douleur que je n’ai pu ressentir ni haine ni colère. Puis les mois passant, je me disais : “Comment je fais ? Je n’éprouve aucune haine !”. Et pourtant la souffrance était atroce. Je suis brisée à l’intérieur, profondément arrachée. »

La sœur cadette du père Hamel expliquait en outre avoir très vite pensé à la famille d’un des deux jeunes auteurs de l’attentat, qui était stéphanais : « C’est à eux que je pense et j’y pense toujours. Leur souffrance a été aussi intense que la nôtre, peut-être même plus. »

Depuis, Roseline Hamel a noué un lien avec la mère du jeune Stéphanais auteur de l’attentat.

Le 28 juillet 2016, deux jours après l’attentat, la Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray rendait un hommage républicain à Jacques Hamel, 85 ans, prêtre catholique assassiné par deux terroristes.

Deux jours après l’attentat, la Ville organise un hommage au père Jacques Hamel. Elle choisit l’enceinte du parc omnisports Youri-Gagarine, situé en plein cœur de la commune, pour y accueillir les officiels et le public.

L’émotion et le recueillement étaient lisibles sur les visages des 2000 Stéphanais et habitants de la région venus saluer la mémoire du prêtre assassiné.

De nombreuses personnalités politiques et religieuses s’étaient également jointes à la population.

Le maire Hubert Wulfranc déclarait alors à la tribune :

« L’église de Jacques Hamel, l’église de notre ville, notre ville, sont devenues la représentation d’un monde meurtri dans un vertigineux et tragique écrasement de la réalité internationale, et ce, à nos pieds, sous nos yeux, dans le sang. »

L’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, déclarait quant à lui :

« Le père Jacques était un citoyen parmi les autres citoyens. Il participait à la vie commune, dans la confiance, tissant des liens d’amitié. Ces liens humains formaient le terreau pour des rencontres qui élèvent l’âme. »

Hommage universel

Dans le même temps, des milliers d’internautes à travers le monde témoignaient de leur soutien aux victimes, à la ville et à ses habitants via son site internet et sa messagerie.

Des centaines de courriers papiers lui sont également parvenus du monde entier.

Des centaines de témoignages étaient également déposés devant l’église profanée, devant la mairie et devant le portail du presbytère où résidait le père Hamel, face à la mairie.

On y trouvait des dessins d’enfants, des images pieuses, des mots écrits à la main, des bougies par centaines, des fleurs et divers objets poignants venus du besoin de témoigner une commune fraternité.

Reçus à l’Élysée le 1er août, le maire Hubert Wulfranc et son premier adjoint d’alors, Joachim Moyse, recueillaient ce message du Chef de l’État, François Hollande, à transmettre aux Stéphanais :

« La réaction digne de la population stéphanaise a été décisive dans la période troublée que traverse la France. […] Et de cela, les Stéphanais peuvent être fiers. »

Le 26 juillet 2017, un an après l’attentat contre Jacques Hamel, la Ville de Saint-Étienne-du-Rouvray inaugurait une stèle en hommage au prêtre assassiné, en présence du Président Emmanuel Macron, du maire Joachim Moyse, de Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, et de Roseline Hamel, sœur du prêtre.

Un an après le drame, la Ville inaugurait une stèle républicaine au chevet de l’église Saint-Étienne.

L’œuvre créée par les artistes et architectes Marie-Laure Bourgeois et Vincent Bécheau était dévoilée par le président de la République Emmanuel Macron, en présence de son premier ministre Édouard Philippe.

Des membres du gouvernement, le maire Joachim Moyse, le député Hubert Wulfranc, diverses personnalités politiques et religieuses, de nombreux habitants et la famille de Jacques Hamel étaient présents aux côtés des plus hautes autorités de la République.

Faisant le bilan de l’année écoulée après l’attentat, le maire a souligné que les Stéphanais étaient restés « fidèles à leurs valeurs » en ne cédant pas à ceux « qui cherchent à diviser et à opposer [et qui] soufflent sur les braises des peurs et de la haine. »

Le président de la République a quant à lui déclaré :

« Je vous remercie, vous tous et toutes qui êtes là, habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray, d’avoir donné à toute la France le même exemple, d’avoir refusé cette soif de vengeance et de représailles, d’avoir ensemble, dès les premières heures, choisi ce chemin d’avenir. »

Le 9 mars 2019, le père Paul Vigouroux et Mgr Dominique Lebrun scellaient officiellement le carton contentant le dossier de béatification du père Jacques Hamel avant son convoyage à Rome.

Après deux ans d’enquête, le diocèse de Rouen clôturait le 9 mars 2019 les 11 496 pages du dossier d’instruction en vue de la béatification de Jacques Hamel.

Ce délai de deux ans est inhabituel dans ce genre de procédure qui demande habituellement cinq ans. D’après l’archevêque de Rouen, le pape en personne aurait « aiguillonné » le processus afin de l’écourter.

Ces deux années de « procès » qui se sont déroulées à l’archevêché de Rouen un an seulement après l’assassinat du prêtre, ont obéi au rythme solennel d’une procédure très encadrée par l’Église.

Le père Paul Vigouroux est le postulateur de cause, l’ecclésiastique qui tient le rôle de l’« avocat » du futur béatifié :

« La réputation de martyr acquise par le père Jacques Hamel est bel et bien avérée depuis le 26 juillet 2016. »

Selon cet ecclésiastique, toute la question est de savoir si le père Hamel a fait preuve de cette capacité à transformer la souffrance en amour :

« Le martyr a quelque chose à voir avec le vendredi saint alors que Jésus a transformé la haine en acte d’amour. La question qui se pose alors pour le père Jacques Hamel, c’est de savoir s’il a transformé la haine en acte d’offrande. […] À partir de là, on dépasse les sentiments humains pour trouver une vie imprégnée de l’Évangile. L’Église ne fait alors que constater, elle ne décide rien. »

L’Église devrait formuler ce « constat » au plus tôt en 2021. Le père Hamel serait alors béatifié et déclaré « bienheureux ».

Le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray perpétré le 26 juillet 2016 s’est tenu à Paris du 14 février au 9 mars. Les assassins du père Jacques Hamel ont été tués juste après les faits, mais trois de leurs proches étaient jugés pour « association de malfaiteurs terroristes ».

La cour d’assises spéciale de Paris a prononcé une peine de huit ans de prison contre Yassine Sebaihia, dix ans contre Farid Khelil et treize ans contre Jean-Philippe Steven Jean-Louis. Tout l’enjeu du procès a consisté à déterminer le niveau de connaissance que ces derniers avaient du projet des assaillants. Les accusés ont admis avoir été en lien avec les terroristes mais ont continuellement nié avoir idée de leur futur passage à l’acte.

Un suivi socio-judiciaire de cinq ans est retenu pour les trois accusés, ce qui répond en partie aux attentes de Roseline Hamel, sœur de Jacques. « Ce que je souhaite pour ces jeunes gens, c’est qu’au bout du compte, ces années de prison ne soient pas que du vide », avait-elle exprimé avant la dernière semaine du procès. Roseline Hamel s’est également dite « apaisée » à la lecture du verdict. Présumé mort en 2017 en Irak, Rachid Kassim, propagandiste de l’organisation État islamique (EI) et considéré comme étant « l’instigateur » de l’attentat, a quant à lui été condamné, en son absence, à la perpétuité pour « complicité ».

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