Le contournement Est de Rouen

Contournement est

Le contournement Est de Rouen – liaison A28-A13 – est un projet de liaison autoroutière reliant l’A28 Nord à hauteur d’Isneauville à l’A13 et l’A154 près d’Incarville, ainsi qu’à la RD18E près du carrefour, appelé le « rond-point des Vaches. » L’État envisagerait une ouverture pour 2024. La Ville s’y oppose depuis des années.

La Métropole rouennaise fait barrage

En février 2021, le conseil de la Métropole rouennaise a voté l’abandon du financement prévu à hauteur de 66 millions d’euros (76 voix pour l’abandon, 43 contre et 4 abstentions), portant ainsi un fort coup d’arrêt au projet. Bien que la Région et le Département ont d’emblée manifesté leur volonté de prendre cette part à leur charge, L’État – partie prenante dans le financement du projet – a appelé les acteurs du territoire au dialogue, indiquant ne pas souhaiter avancer “contre les collectivités locales“.

Les chiffres clefs de l’actuel projet

  • 41,5 kilomètres de tracé
  • 9 échangeurs
  • 20 000 À 30 000 véhicules attendus chaque jour suivant les secteurs concernés
  • coût global annoncé par l’État : 886 millions d’euros

La Ville résiste encore et toujours !

Alors qu’aucun engagement concret n’a été confirmé depuis janvier 2019 par l’État en termes financier, qu’aucun concessionnaire n’a été retenu pour la construction du contournement Est et que de nombreux opposants, associations, communes, particuliers, restent mobilisés contre la construction de cette infrastructure routière, le maire Joachim Moyse continue de s’interroger sur la faisabilité d’un tel projet qu’il juge à la fois anachronique et délétère sur un plan social, sanitaire et environnemental.

À l’appui de ce raisonnement, la Ville se réfère à l’Autorité environnementale (Ae) qui indique dans son avis rendu le 3 février 2016 que le tracé actuel du contournement Est met en péril des sols naturels et agricoles, des espaces forestiers, des paysages et des points de captage d’eau potable. En outre, l’accroissement du trafic devrait s’accompagner d’une augmentation des émissions de polluants tels que les particules et le dioxyde d’azote, y compris à proximité de logements de particuliers et de bâtiments professionnels. Dans le même temps, l’Ae pointe les nuisances liées à la pollution acoustique et plus particulièrement le cas du lotissement des deux avenues où «le bruit routier s’ajouterait à une situation où les habitations les plus proches des voies ferrées sont vraisemblablement des points noirs de bruit (PNB) ferroviaires».

 

banderole contournement est
Première et Deuxième Avenue, les habitants manifestent leur farouche opposition au projet.

Un projet à contre-sens

L’objectif annoncé dès 2006 pour le contournement Est est de « délester le centre-ville de Rouen d’une partie du trafic qui le traverse afin de contribuer à l’amélioration du cadre de vie et permettre le développement des transports collectifs et des modes doux». Si l’intention est louable, elle revient néanmoins à concentrer le trafic sur d’autres zones comme Saint-Étienne-du-Rouvray avec potentiellement 4 057 véhicules supplémentaires par jour sur la partie rocade sud et 1 184 véhicules supplémentaires par jour sur la partie boulevard industriel qui débouchent toutes deux sur le rond-point des Vaches. Dans le même temps, l’Autorité environnementale estime que les déchargements de trafics susceptibles de favoriser le développement des modes de transports collectifs et/ou doux ne seront pas forcément suivis d’effet rapidement car la modification des axes routiers nécessiterait une importante préparation qui n’est pas incluse dans le projet à l’heure actuelle.

Un projet à contre-emploi

Tandis que l’État prévoit un développement des activités économiques sur le secteur Seine Sud, le tracé actuel du contournement Est n’est pas sans conséquence sur l’emploi. D’abord parce que la création de cette infrastructure génère une importante consommation de terrains qui ne seront pas mis au service de la création d’entreprises. Le tracé va en effet annihiler 150 hectares de cette zone unique dans l’agglomération, reliée notamment par le fer et la voie fluviale.
Ensuite parce que le contournement Est va couper en deux les terrains réservés au projet Seine Sud et briser le lien entre Oissel et Saint-Étienne-du-Rouvray. Enfin parce que cette autoroute est susceptible d’orienter les activités économiques à venir vers le tout logistique au détriment de l’emploi industriel : plus de hangars, moins d’emplois et plus de camions.

  • 1972 : le projet de contournement Est de Rouen est inscrit pour la première fois au Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU).
  • 1990 : le projet est relancé et les concertations s’enchaînent.
  • 2005 : mise en place du premier débat public. L’enjeu est d’améliorer les conditions de circulation dans l’agglomération, de développer les transports collectifs et de renforcer l’attractivité du territoire. Déjà, le tracé proposé à l’époque fait l’objet d’intenses débats, en particulier quant à ses effets environnementaux potentiels. En réponse, les participants proposent des tracés alternatifs qui permettent d’éviter les coteaux de Saint-Adrien et les zones de captage d’eau potable.
  • 2006 : la poursuite du projet est confirmée par décision ministérielle, le 6 mars. Les variantes de passage suggérées lors du débat public, trente-quatre au total ont été étudiées.
  • 2010 : des études sont relancées, conduites en grande partie par la DREAL Haute-Normandie.
  • 2012 : une variante préférentielle est présentée à l’ensemble des maires des communes concernées en octobre, ainsi qu’aux partenaires socio-économiques et aux associations environnementales.
  • 2013 : la commission nationale de débat public est saisie sur le projet de contournement Est de Rouen.
  • 2016 : l’enquête publique se déroule du 12 mai au 11 juillet. Elle permet aux citoyens de prendre connaissance de l’ensemble du projet et des études réalisées afin qu’ils donnent leur avis. À Saint-Étienne-du-Rouvray, la réunion publique se déroule le 24 mai à l’Esigelec (École supérieure d’ingénieurs en génie électrique). Le 9 septembre, la commission d’enquête émet un avis favorable à la réalisation du projet.
  • 2017 : le 14 novembre, sont déclarés d’utilité publique, par décret, les travaux de construction des autoroutes de contournement est de Rouen – liaison A 28-A 13, comprenant les liaisons autoroutières entre l’autoroute A 28 (commune de Quincampoix), l’autoroute A 13 (commune d’Incarville) et la route départementale RD 18E (commune de Saint-Étienne-du-Rouvray).
  • 2018 : le 17 janvier, les Villes de Saint-Étienne-du-Rouvray et d’Oissel-sur-Seine déposent un recours gracieux auprès du Premier ministre, du ministre de la Transition écologique et solidaire et de la ministre des Transports contre le décret du 14 novembre 2017 déclarant d’utilité publique les travaux de construction du contournement Est de Rouen. Parmi les principaux motifs retenus, les deux communes insistent sur le manque d’indépendance du rapport rendu par la commission d’enquête qui n’a tenu aucun compte des réserves de l’Autorité environnementale qui faisaient état dès février 2016 d’impacts probables sur l’environnement, le cadre de vie et la santé des habitants au voisinage de l’infrastructure. Quelques mois plus tard, en avril, les deux Villes décident de déposer un recours juridique auprès du Conseil d’État qui n’invalidera pas le projet.
  • 2019 : la Ville s’engage dans un nouveau recours gracieux auprès du Conseil d’État pour s’opposer à réalisation de cette infrastructure.
  • 2020 : le Conseil d’État rejette 13 recours en annulation de la déclaration d’utilité publique, le conseil municipal de Rouen réagit en se prononçant contre le projet.
  • 2021, février : alors que le Département de Seine-Maritime venait de réaffirmer son engagement financier en tout début d’année, le Conseil métropolitain réuni en février abandonne son financement de 66 millions du projet de contournement Est de Rouen (par 76 voix pour l’abandon, 43 contre et 4 abstentions), portant ainsi un fort coup d’arrêt au projet. Les arguments avancés, en plus d’être financiers, sont en grande partie écologiques.
    En réaction, lors d’une conférence de presse commune donnée trois jours après le conseil métropolitain, le président de Région Hervé Morin et Bertrand Bellanger pour le Département annoncent vouloir augmenter la part de financement des deux collectivités pour pallier le désistement de la Métropole. La Région Normandie financerait désormais le projet à hauteur de 205 millions d’euros et le Département de Seine-Maritime à hauteur de 40 millions d’euros. Face à la situation de blocage, l’État est intervenu sans trancher le mercredi 17 février 2021 lors des questions au gouvernement. Interrogée sur le sujet par le sénateur de Seine-Maritime Pascal Martin (Union centriste), la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a assuré que le souhait de la Région Normandie et du Département de Seine-Maritime de prendre en charge les 66 millions d’euros initialement dévolus à la Métropole a bien été pris en note. Et la ministre de renvoyer la balle aux acteurs locaux en déclarant: “Nous ne souhaitons pas avancer contre les collectivités locales, nous tenons à un débat apaisé et réaliste notamment en matière de trafic sur le territoire. Nous en appelons au dialogue et sommes prêts à étudier toutes les propositions pour concilier ces deux nécessités absolues, la mobilité des habitants de la métropole et la protection de l’environnement”.
  • 2021, décembre : le 15 décembre, malgré les déclarations de la ministre Barbara Pompili quelques mois plus tôt, l’État valide le projet et annonce pour janvier le lancement de l’appel à candidature pour la concession de l’autoroute.

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