Épisode 8 : La scène se rapproche

Et si aller au théâtre devenait possible pour tout le monde ? Depuis deux ans, le Rive Gauche réinvente l’accueil des spectateurs en situation de handicap.

Pour l’équipe du Rive Gauche, il n’y a pas de « public à part », juste des spectateurs qui vivent le théâtre chacun à leur manière. « Une ouverture développée par le travail du référent handicap », souligne Laurence Izambard, secrétaire générale du Rive Gauche. Places réservées pour les fauteuils roulants, gilets vibrants qui font ressentir la musique, casques qui amplifient les voix, spectacles traduits en langue des signes, audiodescriptions mais aussi site internet adapté : tout est pensé pour que chacun profite du spectacle. Le 3 mars prochain, par exemple, la pièce Cléophène sera décrite en direct pour les personnes aveugles. Avant la représentation, elles pourront toucher les décors, découvrir les espaces et rencontrer les comédiens. Laurette Aspe, spectatrice malvoyante, explique : « Ce sont des moments forts qui me permettent de me mettre en condition, visualiser les scènes, me familiariser avec les voix des comédiens, pour profiter pleinement ensuite. » Venir sans stress est aussi un enjeu car se rendre au théâtre peut être compliqué. Une navette de huit places passe ainsi chercher les spectateurs chez eux et les ramène après la séance. « Ça change tout, les gens n’ont plus besoin d’être accompagnés par un proche, ils se sentent libres et sereins », souligne Laurence Izambard.

L’art rencontre le handicap mental

Et puis il y a l’accueil des personnes en situation de handicap mental. Là encore, l’équipe propose des spectacles courts, des places faciles à quitter si besoin et surtout une présence bienveillante. Depuis trois ans, un partenariat avec le Centre Hospitalier du Rouvray a aussi donné naissance à de beaux projets initiés avec le chorégraphe Sébastien Laurent et impliquant des enfants de l’hôpital de jour Bleu Soleil dans des ateliers, une restitution sur plateau et un ciné-concert au sein du CHR. Cette saison, la compagnie Sac de nœuds prend la relève. « Nous venons d’obtenir le dispositif Culture et Santé qui permet de financer d’autres rencontres », poursuit Laurence Izambard. Ainsi la chorégraphe Camille Dewaele et la poétesse Manon Basile commencent un projet avec huit femmes suivies en psychiatrie et leur équipe soignante. Ensemble, elles explorent le corps, sa mobilité, son rapport aux soins, dans une aventure qui s’invente au fur et à mesure, comme le spectacle vivant.