Dans « Hors Format », les photographes indépendants sollicités par la Ville pour ces reportages quotidiens sélectionnent une photo non-publiée et la commentent. Un exercice atypique qui permet d’offrir un autre regard sur l’actualité stéphanaise.
« Récemment, une collecte de produits d’hygiène menstruelle avait lieu dans deux supermarchés de la ville, menée par des agents municipaux. Comment en témoigner sans déranger les clients ou les personnels du magasin? Je me suis fait intercepter par des agents de sécurité et j’ai dû effacer dix photos à la demande de l’un d’entre eux, tandis que de nombreux passants avaient l’air sidérés de se voir (pacifiquement) visés par un appareil. Avec le sourire, et en expliquant l’objet de sa mission, le photographe finit par pouvoir faire son métier, mais il doit parfois savoir faire preuve de diplomatie ! »
« En photographie, les métiers et pratiques sont nombreux. En 30 ans de carrière, j’ai appris à travailler dans différents domaines mais mes favoris restent l’actu et les sujets de fond en immersion. Vivre à Saint-Etienne-du-rouvray et collaborer avec la rédaction du Stéphanais m’ont permis de lier les deux. Et aussi de faire cette photo : après avoir sillonné la ville pour un sujet Halloween, je faisais quelques courses avant de rentrer et je tombe sur cette scène… Seule l’immersion a permis à cette photo d’exister. »
« Travailler pour la presse, institutionnelle ou nationale, nécessite de savoir lâcher prise sur la destinée de nos photos . C’est courant de voir une photo issue d’un sujet (ici les 24 h de l’abribus gagarine), avoir une autre vie comme illustration. Il y a des photographes qui le vivent mal. Pour ma part, à mes débuts, aux temps anciens de l’argentique, on envoyait parfois nos films non développés par Sernam aux agences de presse pour gagner du temps.Un geste pas facile au début mais ça m’a aidé à lâcher prise sur la destinée de mes images … »
« Il y a des moments où sur une séance de portrait la réalité nous contraint à tenter d’autres pistes que ce que nous avions imaginé en amont.
Un grand portraitiste (Richard Avedon de mémoire) racontait dans une interview qu’il n’hésitait pas à recontacter la personne pour refaire une séance quand il n’était pas satisfait du résultat . Cette anecdote m’a ôté la pression du « one shot » et parfois, comme avec Méhine, je demande à refaire une nouvelle série pour aller au bout de mon idée. »
« Photographier les photographes m’a toujours fasciné. C’est une forme de reflet déformé, un écho de ma propre concentration au travail, un ricochet.
Lors de ma visite à la crèche Anne Frank pour réaliser les photos du dossier du Stéphanais, j’ai été chaleureusement accueilli, petits et grands confondus.
Les enfants de deux ans m’ont particulièrement surpris. Un jeu s’est immédiatement instauré. Clic-clac, une petite fille a attrapé un appareil-kaléidoscope pour photographier le photographe. »
« Certains sujets se prêtent mieux à la photographie que d’autres. Photographier un goûter pour personnes âgées, c’est comme offrir une brioche à un enfant : ils sont là pour profiter d’un après-midi agréable entre amis. Cependant, cela peut parfois réserver des surprises. Je n’avais pas prévu de me retrouver sur scène à danser un sirtaki, mais je suppose que je suis maintenant connu pour mes talents de danseur. »





