Fiche d’identité
Naissance : 14 décembre 1891, La Gaillarde (76).
Décès : 30 avril 1916 (24 ans), Esne (55).
Profession : ouvrier de filature.
Grade : soldat, 135e Régiment d’Infanterie, classe 1911.
Campagne contre l’Allemagne : 2 août 1914 au 30 avril 1916 (1 an et 9 mois).
Décoration : croix de guerre étoile d’argent.
À quoi ressemblait-il ?
Louis Dessaint mesurait 1m54. Il avait les cheveux châtain clair et les yeux bleus.
Albert Poullard semblait ne savoir ni lire ni écrire.
Il était célibataire et vivait avec sa famille au 26 rue Georges de Moor, à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Biographie
Albert Julien Poullard naît le 14 décembre 1891 à La Gaillarde (76), non loin de Dieppe. Cinquième enfant d’une fratrie de quatorze (4 filles et 10 garçons, dont seuls sept survivront à l’enfance), il est le fils d’un couple de tisserands.
La famille déménage à Saint-Étienne-du-Rouvray entre 1904 et 1906 et s’installe au 26 rue Georges de Moor. Dans le recensement de population de la commune, en date de 1906, on apprend qu’Albert Poullard (à peine âgé de 15 ans), son père et l’une de ses sœurs travaillent à la Société cotonnière, la grande filature locale qui emploie près de 2 000 ouvriers à cette date. Le garçon y occupe le poste d’ouvrier de filature. En 1908, le père de famille décède, laissant la mère seule avec 7 enfants à
charge. Albert Poullard a alors 17 ans.
En 1912, le jeune homme se présente aux bureaux de l’Armée afin de réaliser son service militaire obligatoire. Il l’effectue au sein du 28e R.I. (Régiment d’Infanterie), dont la caserne se situe à Évreux (27). Lorsque la guerre éclate, en août 1914, Albert Poullard, encore en service, est immédiatement envoyé au front. Ses autres frères restent quant à eux à l’arrière, le premier ayant été réformé de l’Armée et les deux autres étant encore trop jeunes. Dès le 17 août, le 28e R.I. pénètre en Belgique afin de secourir cette nation neutre envahie par l’Allemagne. Face à l’armée ennemie, supérieure en nombre, c’est néanmoins la débâcle… Albert Poullard et ses camarades fuient en catastrophe vers l’ouest pendant près d’une semaine jusqu’au 6 septembre. Là, la bataille de la Marne marque la première grande victoire française. À la fin du mois d’octobre, les positions se fixent et la guerre des tranchées commence. Le 28e R.I., comme toutes les autres troupes, creuse et s’enterre face à l’ennemi. Jusqu’en mars 1915, Albert Poullard demeure en Champagne. À cette date, il est affecté au 135e R.I., qui est au repos dans les Flandres. Le Stéphanais fait partie des 1 100 nouveaux hommes à arriver dans ce régiment, en pleine réorganisation et instruction.
À la fin du mois d’avril 1915, le 135e R.I. vient tenir le secteur de Neuville-Saint-Vaast (62), au nord d’Arras. Au cours d’une attaque, le 16 juin 1915, Albert Poullard est blessé par un éclat d’obus à la jambe droite. Si les archives n’apportent pas d’autre information, il est évident que le jeune homme est évacué et séjourne quelque temps dans un hôpital. Deux jours à peine après sa blessure, son frère aîné, Jacques (né en 1888 et initialement réformé de l’Armée pour des problèmes de santé) est à son tour appelé et envoyé au front. S’il est impossible de savoir à quelle date exacte Albert Poullard rejoint son régiment, on sait néanmoins que ce dernier demeure dans le Pas-de-Calais puis dans la Somme. En avril 1916, le 135e R.I. est embarqué en direction de Verdun, où l’attaque allemande semble redoubler de violence. Maintenu en seconde ligne pendant une semaine, la compagnie d’Albert Poullard est appelée en première ligne le 27 avril. Là, le régiment est soumis à des bombardements quotidiens. La nuit, il faut réparer les tranchées détruites, malgré la fatigue. Le 30 avril, la 8e compagnie, à laquelle Albert Poullard appartient, est particulièrement touchée par un énième bombardement, qui fait une soixantaine de blessés et de morts. Parmi eux se trouve notre Stéphanais, tué à l’âge de 24 ans, après presque deux années de guerre… Pour sa bravoure, il recevra, à titre posthume, la croix de guerre à étoile d’argent.
Qu’est-il advenu des autres frères Poullard ?
Alors que la famille est endeuillée par le décès d’Albert Poullard, l’Armée appelle l’avant-dernier fils, André (né en 1897). À peine âgé de 18 ans et demi, il est envoyé au front à son tour, au mois d’août 1916. Il y combat jusqu’en octobre 1917. Là, âgé de 20 ans, il est mortellement blessé durant la bataille du Chemin des Dames.
En avril 1917, le benjamin de la famille, Julien Poullard, est mobilisé. Lui aussi n’a que 18 ans, et aucune expérience militaire.
Il sera tué en août 1918, à seulement 19 ans. C’est l’une des plus jeunes victimes de la guerre à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Seul l’aîné de la famille, Jacques Poullard, survit à la guerre. En mars 1919, il revient auprès des siens, seul survivant d’une
fratrie de quatre…
Citation posthume au Journal officiel de la République française, 4 janvier 1923 : « Soldat d’une bravoure éprouvée. Tombé glorieusement pour la France, le 30 avril 1916, à la côte 304, en faisant vaillamment son devoir ».
Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, Recensement de population (1906) et listes électorales de Saint-Étienne-du-Rouvray (1913), arches d’état civil de Saint-Étienne-du-Rouvray et de La Gaillarde, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O. et Historique régimentaire des 28e et 135e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Dihia FAOUZI, 3eB, collège Paul Eluard, 2024.