Devoir de mémoire – biographie de Louis BLED

Fiche d’identité

Naissance : 9 avril 1882, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 22 mai 1915 (33 ans), Neuville-Saint-Vaast (62).
Profession : ouvrier de filature.
Grade : sergent, 228e Régiment d’Infanterie, classe 1902.
Campagne contre l’Allemagne : 11 août 1914 au 22 mai 1915 (9 mois).
Décoration : Croix de guerre avec étoile d’argent.

À quoi ressemblait-il ?

Nous n’avons aucune description physique de Louis Bled dans les archives militaires.

Il avait un niveau d’instruction primaire, ce qui signifie qu’il avait terminé l’école primaire à 13 ans, sans passer le certificat d’études.

Il était marié à Marie Agoutin et habitait 215 rue de la République, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Louis Auguste Bled naît à Saint-Etienne-du-Rouvray (76) le 9 avril 1882, d’un couple d’ouvriers stéphanais. Il grandit au sein de la commune et intègre probablement à son tour la Cotonnière, la grande usine textile de Saint-Étienne-du-Rouvray, puisqu’il devient, comme ses parents, ouvrier de filature. En 1903, alors âgé de 21 ans, le jeune homme se présente aux bureaux de l’Armée afin de réaliser son service militaire obligatoire. Il effectue celui-ci au sein du 129e R.I., dont la caserne se situe au Havre (76). Revenu à la vie civile, Louis Bled épouse Marie Agoutin. Le couple s’installe dans un premier temps au 33 rue Georges-de-Moor puis déménage, en 1913, au 215 rue de la République.

Lorsque la guerre éclate, Louis Bled est rapidement mobilisé. À 32 ans, il rejoint le 228e R.I. (Régiment d’Infanterie), cantonné à Evreux (27). Il s’agit d’un régiment de réserve, constitué de soldats d’une trentaine d’années, ayant réalisé leur service militaire il y a déjà quelques années.

Dès la mi-août, le 228e R.I. monte vers la frontière de la Belgique alliée, envahie par l’Allemagne. Les premiers échanges de tirs ont lieu le 24 août 1914 : les troupes françaises, totalement débordées par les Allemands, sont alors en retraite après la cuisante défaite de Charleroi. Louis Bled et ses camarades participent ensuite à la bataille de la Marne, victoire française qui met un terme à la rapide progression allemande vers Paris. Dans les mois qui suivent, le 228e R.I. combat dans la Somme, où il doit tenir le secteur de Maricourt (80), à l’est d’Albert. Durant cette période, Louis Bled fait ses preuves : il est promu caporal le 16 novembre 1914. Les premières tranchées sont creusées, encore très sommaires. La pluie et la boue sont déjà présentes en masse et l’épuisement de ces premiers mois se fait sentir. Là, Louis Bled assiste probablement à un épisode du début de la guerre resté célèbre : les fraternisations de Noël 1914, durant lesquelles soldats anglais, français et allemands ont sympathisé le temps de quelques heures.

Le 228e R.I. reste dans cette région jusqu’en avril 1915. Là, le régiment est envoyé au repos pendant près de trois semaines, avant d’être de nouveau acheminé vers l’Artois, où une grande offensive va bientôt être lancée. Le 17 mai, Louis Bled et ses camarades arrivent dans les tranchées de première ligne. Ils vont devoir reprendre le village de Neuville-Saint-Vaast (62), tenu par les Allemands. Le lendemain, 18 mai 1915, Louis Bled est promu sergent. La zone est extrêmement dangereuse et les bombardements fréquents. Le 22 mai, le J.M.O. du service de santé évoque un « bombardement très fort » et affirme que « le village de la Targette est accablé d’obus de gros calibre » (J.M.O., 26 N 721/11, p.38). Louis Bled, âgé de 33 ans, est grièvement blessé alors qu’il mène son unité au combat et meurt de ses blessures quelques heures plus tard. Pour sa bravoure, il recevra, à titre posthume, la croix de guerre avec étoile d’argent et une citation.

Citation posthume au Journal officiel de la République française, 10 mai 1922 : « Sous-officier d’une bravoure réputée. Glorieusement tombé à la tête de son unité, le 22 mai 1915, à Neuville-Saint-Vaast ».

Des amis dans la guerre

Les archives nous apprennent que Louis Bled était très proche de deux autres stéphanais, eux aussi tués à la guerre : Louis Valence (1879-1917) et Adolphe Cavelier (1883-1915). En avril 1910, à l’occasion de la naissance du fils d’Adolphe Cavelier,
Louis Bled et Louis Valence viennent signer l’acte de naissance à la mairie avec le jeune père. Tous trois sont voisins (ils
vivent à 300 mètres les uns des autres) et ont à peu près le même âge. Ils sont également liés par la famille, le cousin
germain de Louis Bled ayant épousé la sœur cadette d’Adolphe Cavelier en 1909. Engagés dans la guerre dès 1914, deux
d’entre eux (Louis Bled et Adolphe Cavelier) sont tués à quelques mois d’écart à Neuville-Saint-Vaast (62). Louis Valence
ne survivra que deux ans à ses amis.


Sources : fiche matricule, fiche MdH, actes de naissance et de décès, registres d’état-civil de Saint-Étienne-du-Rouvray, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 228e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Lorenzo RIBEIRO-GENET, 3eB, collège Paul Eluard, 2025.