Migrants : halte aux préjugés

Dessins de Claire Robert, extrait du Petit guide de survie pour répondre aux migrations, Ritimo, www.ritimo.org

Victimes de fantasmes et de peurs, les migrants sont souvent accusés de tous les maux de notre société. En novembre, une exposition entend rétablir la vérité en démontant sept préjugés.

Du 6 au 30 novembre, la bibliothèque de l’espace GeorgesDéziré propose une exposition intitulée « Halte aux préjugés sur les migrants  ». En partenariat avec CCFD-Terre solidaire, elle a été réalisée par Ritimo, réseau d’information et de documentation pour la solidarité et le développement durable. Sept préjugés sur les migrants sont passés au crible des données chiffrées. Les chiffres présentés sont issus de rapports et de statistiques officielles comme l’Insee, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le ministère de l’Intérieur. Une « invasion » fantasmée Avec 123 000 demandeurs d’asile en France en 2018, la France se targue d’être le pays européen qui accueille le plus de demandeurs d’asile. Selon Myriam Merlant, chargée de publications de Ritimo et co-autrice de cette exposition, c’est faux : « Si on se reporte au chiffre brut, la France est au deuxième rang des pays européens. Mais cela n’a pas de sens de donner juste le chiffre brut. Si on rapporte ce chiffre à la population, soit 67 millions de Français, cela devient plus intéressant pour voir l’impact réel : 123 000 rapportés aux 67 millions de Français, c’est 0,18 % de la population française. Tous ces fantasmes, toutes ces peurs du réfugié qui nous “envahit”, c’est 0,18 % de la population. »

Des frontières plus fermées que passoires

On a souvent entendu dire qu’il est facile de venir en France, laquelle aurait des « frontières passoires ». Ce préjugé est loin de la réalité : depuis trente ans, les lois et circulaires (qu’elles soient européennes et françaises) se succèdent pour durcir les conditions d’entrée. Ainsi, seulement un tiers des demandeurs d’asile obtiennent le statut de réfugiés. Tous ces obstacles à l’émigration légale contraignent les migrants à recourir aux filières clandestines très risquées pour leur vie. Depuis le début des années 2000, plus de 25 000 migrants sont morts essentiellement en mer Méditerranée. « Ils sont communautaristes, ils ne sont pas intégrés », est souvent une phrase prononcée pour désigner les migrants. Pour Myriam Merlant, c’est pourtant l’inverse : « Avec les discriminations en termes de logement, d’embauche et d’accès aux droits fondamentaux, même si les migrants ont cette volonté de s’intégrer, le système français ne leur permet pas cette intégration.

Les migrants sont discriminés

Ce n’est pas un problème d’intégration de la part des migrants ou des immigrés, c’est nous qui les discriminons. S’il y a un problème d’intégration, c’est bien à cause des discriminations qu’ils subissent. » Au passage, elle rappelle qu’être immigré en France, c’est avoir une « chance » sur deux d’être pauvre. Loin des idées reçues, cette exposition invite à poser un regard plus humaniste et plus étayé sur une question qui ne cesse de faire débat.

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