Devant leurs maquettes colorées, les collégiens présentent fièrement une année de projets autour du climat. Les Cordées bouclent leur boucle avec brio.
Les tables sont dressées et les pancartes accrochées. Ce jour-là, dans le hall de l’INSA, pas de salon professionnel ni de concours d’innovation… ou presque ! Les élèves de 4e présentent leurs projets autour du changement climatique. Avec la Spark Compagnie, ils ont conçu des supports plastiques pour expliquer le phénomène scientifique de manière ludique. Dans l’équipe du collège Pablo Picasso, Mylane et Sarrah ont imaginé un quiz sur le cycle du carbone : « On a adoré travailler en équipe, apprendre en s’amusant et partager ça. » Tenues soignées, discours peaufinés, elles assument le rôle de mini-ambassadrices du savoir. Juste à côté, Riad et son groupe présentent leur maquette du cycle de l’eau. Et c’est à la principale du collège de replacer les étiquettes, guidée par des collégiens devenus experts d’un jour. « On se sent plus confiants, on ose parler à l’oral », explique Riad. Des étudiants de l’INSA viennent à leur rencontre, curieux. Enes, motivé comme jamais, lâche avec enthousiasme : « C’est décidé, l’an prochain, je me réinscris ! » Et il ne sera pas le seul.
Un dispositif qui évolue et s’adapte
L’INSA prévoit déjà une suite : reconduire le partenariat avec le collège Picasso, mais aussi élargir l’aventure au lycée avec un nouveau programme baptisé Horizon. Les élèves, eux, gardent en mémoire les ateliers créatifs et les visites à l’INSA comme les temps forts de l’année. Lonis résume son déclic : « Je croyais qu’ingénieur c’était un métier. J’ai découvert que ce sont des dizaines de métiers, dans plein de domaines ! » L’école envisage aussi de faire évoluer le tutorat, pour sortir du format scolaire classique. Nora, tutrice engagée, le confirme : « Le rôle du tuteur, c’est aussi d’être un modèle, un repère. Il y a une vraie dimension sociale. » Et pour aller plus loin, l’accent sera mis sur l’oralité avec de nouveaux acteurs comme l’association radio étudiante ou un professeur de communication autour d’un nouveau projet : la création d’un CV vidéo pour chaque collégien. Parce que dans les Cordées de la Réussite, on grimpe haut, mais surtout ensemble.
Au collège Louise Michel, les élèves “encordés” ont dressé le bilan d’une année bien remplie pendant laquelle ils sont montés en confiance.
Ils mettent des mots sur tout ce qu’ils ont vécu. Et il y a de quoi dire ! D’abord, la visite de l’ESIGELEC, une grande école d’ingénieurs, qui a ouvert des horizons et, pour certains, réveillé des envies. « J’ai pu faire mon stage de 3e avec un ingénieur en robotique » explique Nathan. Autre temps fort : le concours d’éloquence. Maéna, d’abord très discrète, a bluffé tout le monde : « J’ai laissé ma timidité de côté en parlant devant une centaine de personnes. Je n’aurais jamais cru en être capable ! » Même ceux qui n’ont pas pris la parole ont brillé : « Encourager mes camarades m’a rendue fière », confie Lycia. Les professeures Christine Moineau et Chloé Brusetti ne cachent pas leur enthousiasme face à l’audace et l’implication de chacun des élèves.
Les Cordées, ce ne sont pas seulement des défis mais aussi des découvertes. Deux sorties à l’Atrium ont permis d’explorer des expositions scientifiques et de rencontrer un expert. Un forum de l’orientation les a aidés à mieux se projeter. « Ça m’a permis d’affiner mes choix », remarque Théo. Et puis, il y a eu la sortie marquante : Paris avec sa Grande Mosquée et sa Grande Galerie de l’Evolution ! Pour certains, c’était une première fois dans la capitale, pour d’autres, le premier trajet en métro. Pas de car ni de guide : les professeures avaient tout prévu pour les responsabiliser. « On a pris le train, le métro, ils ont dû se repérer sur des plans. C’est aussi une manière de les émanciper. Plus tard, ils fréquenteront peut-être d’autres grandes villes en tant qu’étudiants ». Le groupe en est ressorti plus soudé et surtout convaincu : apprendre, ce n’est pas seulement rester assis en classe. « Sortir du collège, ça fait du bien, on apprend autrement », résume Sarah.
Personnage
Aïcha, à fleur de mots
C’est elle qui a remporté le concours d’éloquence organisé par l’ESIGELEC, face à des collégiens venus de toute la Métropole. Aïcha Niany, 14 ans, a conquis le jury avec un texte fort, écrit en une seule soirée, autour du thème Vivre ensemble en 2024. « J’ai l’impression d’avoir trouvé ma voix », confie-t-elle. Une voix posée, habitée. Aïcha adore écrire, choisir avec soin les mots qui frappent juste : « J’aime me mettre à la place de l’autre, parler de la jeunesse et de l’engagement. » Elle n’avait pas prévenu sa famille qu’elle participait aux Cordées de la réussite. La victoire n’en a été que plus savoureuse. « J’étais fière de gagner », dit-elle simplement. Ses camarades, eux, l’étaient tout autant : « On était vraiment heureux pour elle. » Aujourd’hui, Aïcha rêve d’éditer un recueil de ses textes. Et pourquoi pas de les slammer, avec son style à elle : direct, juste et percutant.