Devoir de mémoire – biographie de Louis DESSAINT

Fiche d’identité

Naissance : 10 octobre 1897, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 14 avril 1918 (20 ans), Dury (80).
Profession : employé de magasin.
Grade : soldat, 165e Régiment d’Infanterie, classe 1917.
Campagne contre l’Allemagne : 11 janvier 1916 au 14 avril 1918 (2 ans et 3 mois).
Décoration : croix de guerre étoile de bronze.

À quoi ressemblait-il ?

Louis Dessaint mesurait 1m65. Il avait les cheveux châtains, les yeux marrons et était tatoué au bras droit.
Il avait le niveau d’instruction 2, ce qui signifie qu’il savait lire et écrire mais n’avait probablement jamais terminé son cursus scolaire.
Il était célibataire et vivait avec ses parents 18 rue Parmentier, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Louis Constant Dessaint naît le 10 octobre 1897 à Saint-Étienne-du-Rouvray (76). Il est le troisième enfant d’un couple d’ouvriers de filature, installés rue Parmentier depuis 1894. Il grandit auprès de son frère aîné, Joseph (né en 1894), et de ses sœurs, Louise (née en 1895) et Joséphine (née en 1899).

Quand la guerre éclate, le garçon n’a pas encore 17 ans et est employé dans un magasin. Si son frère aîné, Joseph (20 ans), est immédiatement mobilisé, Louis Dessaint reste pour l’instant épargné par l’Armée. Néanmoins, à la suite des importantes pertes des premiers mois, la France a rapidement besoin de renouveler ses soldats. Le service militaire obligatoire est alors avancé de 18 mois. Le 10 janvier 1916, alors qu’il n’a que 18 ans et demi, Louis Dessaint est à son tour mobilisé. Il suit probablement une période de formation au sein du 120e R.I. (Régiment d’Infanterie) avant d’être envoyé au front. Durant cet intervalle, il apprend le décès de son frère, Joseph (22 ans), tué à l’ennemi durant la bataille de Verdun, le 18 mai 1916. Il est aisé d’imaginer l’angoisse des parents et des sœurs de Louis Dessaint, dont le désormais unique fils ou frère risque sa vie à la guerre…

Le 17 septembre 1916, le jeune homme intègre un nouveau régiment : le 77e R.I. Ce dernier est alors en pleine instruction au camp de Mailly (10). À peine Louis Dessaint y arrive-t-il que l’ensemble de la troupe est acheminé à Bray-sur-Somme (80), entre Amiens et Péronne. Là, la bataille de la Somme (débutée au mois de juillet) bat son plein. Les différentes compagnies du 77e R.I. sont envoyées en première ligne à partir du 5 octobre 1916. Durant trois mois, Louis Dessaint et ses camarades combattent dans la Somme. Les conditions sont dantesques. Outre les bombardements et l’apparition de nouvelles armes qui déciment les troupes, une boue liquide envahit les tranchées, les rendant impraticables. L’Historique régimentaire décrit les soldats, méconnaissables sous l’épaisse couche de terre gluante qui recouvre leurs vêtements, transis par l’humidité et le froid. À la mi-janvier 1917, le 77e R.I. est relevé et part au repos dans la Marne. Là, les températures descendent à -18°C !

Jusqu’en avril 1917, le 77e R.I. demeure à l’arrière et suit une instruction, en vue de la grande offensive du général Nivelle. Une fois considérés comme prêts, Louis Dessaint et ses camarades se rendent dans l’Aisne, à l’ouest de Reims, où la bataille du Chemin des Dames s’apprête à être lancée. Ils y combattent plusieurs mois, jusqu’à ce que le jeune homme soit affecté à un nouveau régiment : le 165e R.I. Ce dernier tient alors le secteur de Nieuport, en Belgique, mais est bientôt envoyé combattre les Allemands à l’est d’Amiens (80) en avril 1918. Leur mission : empêcher l’armée allemande de s’emparer de la ville. Le 3e bataillon du régiment, auquel appartient Louis Dessaint, s’établit dans le village de Hangard-en-Sancerre (80). Là, les Allemands bombardent et inondent la vallée de gaz ypérite.
Les archives évoquent un brouillard de gaz si épais qu’on ne voit même plus les fusées de barrage. La journée du 12 avril est
particulièrement éprouvante. Alors que le 3e bataillon se replie dans la nuit, l’ennemi bombarde de nouveau violemment la zone. Le J.M.O. du service de santé du 165e R.I. raconte que, le matin du 13 avril, le poste de secours est soumis à de lourds bombardements, notamment aux gaz asphyxiants. Le personnel médical voit affluer des dizaines de blessés et intoxiqués, dont 192 seront évacués à l’arrière. Parmi eux se trouve Louis Dessaint, gravement blessé à l’abdomen par un éclat d’obus. Le jeune homme, âgé de 20 ans, décède le lendemain des suites de ses blessures, lors d’un transport en ambulance.

Citation au Journal officiel de la République française, 20 septembre 1920 : « Bon soldat. A toujours eut une belle attitude au feu. Blessé grièvement à son poste de combat, est mort des suites de ses blessures, le 14 avril 1918 ».

Une fenêtre ouverte sur le tissu social stéphanais du début du XXe siècle

Les archives d’état-civil apportent un éclairage sur les rapports familiaux et amicaux entretenus par les habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray. Sur l’acte de naissance du petit frère de Louis Dessaint, Eugène, apparaît le nom d’un témoin, Alexandre Letellier. Ce dernier est le père de Georges Letellier (1887-1915), un autre soldat stéphanais tombé au combat.
Cela laisse deviner que la famille de Louis Dessaint entretenait des liens étroits avec celle de Georges Letellier, et que les deux jeunes hommes se connaissaient.


Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, archives d’état civil de Saint-Étienne-du-Rouvray (1890-1900), fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O. et Historique régimentaire des 77e et 165e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Mélina EMBOULAS, 3eB, collège Paul Eluard, 2024.