Devoir de mémoire – biographie de Clovis THIPAGNE

Fiche d’identité

Naissance : 17 septembre 1884, Oissel (76).
Décès : 10 juin 1915 (30 ans), Neuville-Saint-Vaast (62).
Profession : employé de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord.
Grade : soldat, 74e Régiment d’Infanterie, classe 1904.
Campagne contre l’Allemagne : 4 août 1914 au 10 juin 1915 (10 mois).

À quoi ressemblait-il ?

Clovis Thiphagne mesurait 1m59. Il avait le crâne rasé et les yeux bleus.

Il avait un niveau d’instruction primaire, ce qui signifie qu’il avait terminé l’école primaire à 13 ans, sans passer le certificat d’études.

Clovis Thiphagne était célibataire et vivait avec son père au 129 rue Lazare Carnot, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Clovis Louis Thiphagne naît le 17 septembre 1884 à Oissel (76), dans une famille d’ouvriers textiles dont il est le 4e enfant. Les parents enchaînent les malheurs, si fréquents en cette fin du XIXe siècle. Sur les cinq garçons auxquels ils ont donné naissance, seul Clovis Thiphagne atteint l’âge adulte. Deux jours seulement après la naissance de ce dernier, la famille, qui avait déjà vu mourir un premier fils âgé de 1 mois en 1879, perd un deuxième enfant, à peine âgé de 4 ans. Alors que Clovis vient d’avoir 5 ans, son petit frère décède à son tour à l’âge de 5 mois. Ne reste plus que le frère aîné, Albert. Ce dernier, ouvrier de filature comme ses parents, meurt en 1892, âgé de 17 ans. La famille, terriblement endeuillée, s’installe à Saint-Étienne-du-Rouvray. Clovis Thiphagne y devient ouvrier boulanger.

En 1905, le jeune homme a 21 ans. Comme tous ceux de sa génération, il doit se présenter aux bureaux de l’Armée pour effectuer son service militaire obligatoire de deux années. Il le réalise au sein du 74e R.I. (Régiment d’Infanterie), dont la caserne se trouve à Rouen. Clovis Thiphagne retourne à la vie civile en 1907 et intègre, deux ans plus tard, la Compagnie des chemins de fer du Nord.

Lorsque la guerre éclate, le Stéphanais, désormais âgé de 29 ans, est mobilisé. Il rejoint le 74e R.I., qui cantonne dans la caserne Pélissier, sur la rive gauche de la Seine. Le 5 août, après quelques jours de préparation, le 74e R.I. défile à pieds dans les rues de la rive gauche de Rouen et rejoint la gare Saint-Sever. La foule, venue le saluer, est en liesse. Les troupes sont acheminées en train jusqu’à la frontière belge, dans les Ardennes. Elles y restent une dizaine de jours, le temps de réaliser des exercices et des manœuvres, et d’inculquer quelques notions pratiques aux soldats fraichement mobilisés. Le 16 août, le 74e R.I. traverse la frontière belge et marche vers Charleroi. Le Journal de Marche et d’Opérations évoque l’approche ennemie : les Allemands, violant la neutralité belge, ont envahi le pays. Le 21 août, deux compagnies du 74e R.I. échangent quelques tirs avec l’ennemi. Mais c’est le 22 août que le tout premier combat a lieu. Le village des Roselies, vidé de ses habitants, est le théâtre de combats de rue d’une extrême violence. Les Allemands, armés de mitrailleuses, sont embusqués dans les maisons désertées et abattent méthodiquement les soldats français. Ce jour-là, près d’un tiers du 74e R.I. est décimé, soit près de 1 100 hommes.

Plusieurs Stéphanais tombent à cette occasion (Athanase Massieu et Émile Lepesqueur, âgés de 21 et 22 ans, tous deux au 74e R.I., ainsi que Gaston Notias, du 239e R.I., âgé de 31 ans). Clovis Thiphagne, quant à lui, en réchappe.

Après ce désastre, l’armée française recule précipitamment. Dans des conditions dantesques, le 74e R.I. bat en retraite. Au mois de septembre 1914, le régiment prend part à la célèbre bataille de la Marne, qui permet d’arrêter les troupes allemandes avant qu’elles n’atteignent Paris. À partir d’octobre 1914 et jusqu’en mai 1915, Clovis Thiphagne et ses camarades demeurent au nord de Reims. Ils sont ensuite envoyés combattre en Artois, dans le nord de la France. Le 74e R.I. y connaît de violents combats, en particulier autour de Neuville-Saint-Vaast (62), que l’armée française tente de reprendre aux Allemands. A partir du 4 juin 1915, une nouvelle offensive est lancée. Le 74e R.I. est en première ligne et combat quotidiennement. Le 10 juin au soir, toutes les compagnies sont lancées à l’assaut des tranchées ennemies. La 1ère compagnie, à laquelle appartient Clovis Thiphagne, se retrouve bloquée à 20 mètres des Allemands par un épais réseau de barbelés dissimulés dans l’herbe haute. La troupe est fauchée par les mitrailleuses ennemies. Clovis Thiphagne, âgé de 30 ans, est tué par l’un de ces tirs ennemis.


Sources : fiche matricule, fiche MdH, actes de naissance et de décès, registres d’état-civil d’Oissel et de Saint-Étienne-du-Rouvray, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 74e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Tom FERIAL, 3eB, collège Paul Eluard, 2025.