Fiche d’identité
Naissance : 24 mai 1892, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 22 août 1914 (22 ans), Les Roselies, Aiseau-Presles (Belgique).
Profession : terrassier.
Grade : soldat, 74e Régiment d’Infanterie, classe 1912.
Campagne contre l’Allemagne : du 2 août 1914 au 22 août 1914 (3 semaines).
À quoi ressemblait-il ?
Émile Lepesqueur mesurait 1m59. Il avait des cheveux noirs et des yeux marron clair.
Il avait le niveau d’instruction 2 : il savait donc lire et écrire, mais n’avait probablement jamais terminé son cursus scolaire.
Émile Lepesqueur était marié à Émélie Guéroult et vivait au 10 rue Lazare Carnot, à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Biographie
Émile Louis Lepesqueur naît le 24 mai 1892 à Oissel (76), dans une famille ouvrière. Il grandit dans la commune, aux côtés de ses 3 frères et sœurs. Il semble qu’il vienne s’installer à Saint-Étienne-du-Rouvray au début des années 1910. Il y devient ouvrier de filature (comme ses parents), probablement dans la grande usine textile de la ville.
Le jeune homme, alors âgé de 20 ans, y rencontre Émélie Guéroult, qu’il épouse en octobre 1912. Le couple vit dans la Cité Cotonnière, le quartier ouvrier construit près de l’usine du même nom. L’année suivante, il se présente aux bureaux de l’Armée pour réaliser son service militaire obligatoire. Dans le fichier de renseignements complété à cette occasion, on apprend qu’il est désormais terrassier.
Lorsque l’appel à la mobilisation générale est lancé, le 2 août 1914, Émile Lepesqueur sert au sein du 74e R.I. (Régiment d’Infanterie). Le régiment est cantonné dans la caserne Pélissier, à Rouen. Le 5 août, après quelques jours de préparation, le 74e R.I. défile à pieds dans les rues de la rive gauche de Rouen et rejoint la gare Saint-Sever. La foule, venue le saluer, est en liesse. Les troupes sont acheminées en train jusqu’à la frontière belge, dans les Ardennes. Elles y restent une dizaine de jours, le temps de réaliser des exercices et des manœuvres, et d’inculquer quelques notions pratiques aux soldats fraichement mobilisés. Le 16 août, le 74e R.I. traverse la frontière belge et marche vers Charleroi. Le Journal de Marche et d’Opérations évoque l’approche ennemie : les Allemands, violant la neutralité belge, ont envahi le pays. Le 21 août, deux compagnies du 74e R.I. échangent quelques tirs avec l’ennemi. Mais c’est le 22 août que le tout premier combat a lieu. Le village des Roselies, vidé de ses habitants, est le théâtre de combats de rue d’une extrême violence. Les Allemands, armés de mitrailleuses, sont embusqués dans les maisons désertées et abattent méthodiquement les soldats français. Ce jour-là, près d’un tiers du 74e R.I. est décimé, soit près de 1 100 hommes. Parmi eux, Émile Lepesqueur, 22 ans… Tombé lors de son tout premier combat.
Le 22 août 1914 est le jour le plus meurtrier de toute l’histoire de l’armée française : elle perd plus de 27 000 hommes en 24 heures… Les Stéphanais paient leur tribut : outre Émile Lepesqueur, Athanase Massieu (74e R.I., âgé de 21 ans) et Gaston Notias (239e R.I., âgé de 31 ans) , sont tués lors de la même offensive.
Comme souvent pendant cette période, la famille n’est tenue au courant que bien plus tard de l’événement tragique. La disparition d’Émile Lepesqueur est signalée à son épouse en mars 1916, plus d’un an et demi après les faits. En février 1917, Émélie Guéroult apprend qu’on a retrouvé et inhumé le corps de son époux aux Roselies (Belgique). Finalement, c’est un jugement rendu par le Tribunal civil de Rouen qui officialise le décès d’Émile Lepesqueur. Cela signifie que sa femme ne devient « veuve », aux yeux de la loi, que trois ans et demi après la disparition du soldat stéphanais. Elle se voit donc bloquée dans un état de semi-veuvage, qui l’empêche de refaire sa vie.
Une famille sur le monument aux morts
Émile Lepesqueur est le beau-frère de Roger Guéroult, tué en juin 1915 à l’âge de 21 ans.
Émélie Guéroult, veuve d’Émile Lepesqueur, perd son époux en 1914, son frère cadet en 1915 et son cousin, Léon Guéroult (âgé de 30 ans), en 1918. Cela montre bien à quel point chaque famille a été profondément meurtrie par ce conflit.
Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 74e R.I., archives municipales de Saint-Étienne-du-Rouvray.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Ahmed MOUZOURI, 3eC, collège Paul Eluard, 2025.