Devoir de mémoire – biographie de Jules BULTEL

Fiche d’identité

Naissance : 18 août 1892, Saint-Aubin-Celloville (76).
Décès : 10 avril 1915 (44 ans), Les Éparges (55).
Profession : ouvrier de filature.
Grade : chasseur, 25e Bataillon de Chasseurs à Pieds, classe 1912.
Campagne contre l’Allemagne : 2 août 1914 au 10 avril 1915 (8 mois).

À quoi ressemblait-il ?

Jules Bultel mesurait 1m59. Il avait les cheveux châtains et les yeux bleus.
Il avait le niveau d’instruction 2, ce qui signifie qu’il savait lire et écrire mais n’avait probablement jamais terminé son cursus scolaire.
Il était célibataire et vivait à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Jules Alexandre Maurice Bultel naît le 18 août 1892 à Saint-Aubin-Celloville (76), sur l’autre rive de la Seine, face à Saint-Étienne-du-Rouvray. Il grandit dans une famille modeste, auprès de ses six frères et sœurs.

En 1913, le jeune homme, âgé de 21 ans et orphelin de père, se présente aux bureaux de l’Armée afin de réaliser son service militaire obligatoire de deux années. Dans la fiche de renseignements alors élaborée, nous apprenons qu’il vit désormais à Saint-Étienne-du-Rouvray, où son frère aîné, Eugène, vient de se marier. Il y est employé comme ouvrier de filature, probablement à la Société cotonnière, la grande usine textile de la commune. Le 9 octobre 1913, Jules Bultel se présente à l’Armée avec d’autres stéphanais de sa génération, notamment Marcel Desgardins. Les deux jeunes hommes sont affectés au sein du 25e B.C.P. (Bataillon de Chasseurs à Pieds).

Lorsque la guerre éclate, quelques mois plus tard, Jules Bultel est encore au service militaire. Il fait donc déjà partie de l’Armée, là où les autres hommes en âge de combattre vont être mobilisés et rappelés au sein de leurs régiments. C’est le cas notamment de l’un de ses cousins, Joseph Vaillant, qui réintègre le 167e R.I. (Régiment d’Infanterie). Le 25e B.C.P., où se trouve notre soldat, est en couverture dans la région de Thiaucourt (54), à la frontière avec la Lorraine (donc aux portes de l’Allemagne !). Le Journal de Marche du Bataillon raconte comment, pendant près de deux semaines, les troupes allemandes et françaises se surveillent. Quelques échanges de tirs ont lieu, mais le tout premier bombardement allemand ne survient que le 14 août, à proximité du village de Pagny, sur la Moselle. Rapidement relevé, le bataillon est envoyé au nord, à Beuveille (54). C’est ici que Jules Bultel et Marcel Desgardins sont, pour la première fois, exposés à la violence des combats. Nous sommes le 22 août 1914. Sur tout le front, de la Belgique à la Lorraine, l’Armée française connaît la plus rude journée de son Histoire, perdant près de 27 000 soldats en 24 heures… Le lendemain, les combats continuent entre Beuveille et Arrancy (55). Marcel Desgardins, alors âgé 22 ans, tombe sur le champ de bataille.

Jules Bultel, quant à lui, continue à combattre de façon incessante, jusqu’à la stabilisation du front et l’apparition des tranchées. À cette occasion, le 25e B.C.P. passe quelques mois dans le secteur de Saint-Mihiel (55). À la fin du mois de mars 1915, le bataillon est appelé en première ligne, aux Éparges. Le 27 mars, premier jour de combat, le 25e B.C.P. recense en fin de journée 267 morts : l’attaque a été d’une rare violence. Jules Bultel et ses camarades bénéficient d’une courte période de repos, avant d’être de nouveau envoyés en première ligne. Là, le 10 avril 1915, alors que le bataillon est soumis à un bombardement constant qui démolie les tranchées et empêche tout approvisionnement en eau et en vivres, Jules Bultel, âgé de 22 ans, est tué au combat, après huit mois de guerre.

La famille Bultel face à la guerre : anecdotes

  • Jules Bultel a trois frères en âge de combattre. Le premier, Eugène (né en 1884) est employé aux Chemins de fer de l’État. Du fait de sa fonction, il n’est pas envoyé au front et demeure en poste afin d’assurer l’acheminement des troupes et du ravitaillement. Le second, Joseph (né en 1885), est père d’une famille nombreuse. Âgé de 29 ans, il est affecté à l’armée territoriale et finalement renvoyé chez lui en juillet 1915. Enfin, le benjamin de la famille, Alexandre (né en 1898), est quant à lui mobilisé en avril 1918. Affecté dans la Marine, dans un dépôt d’équipages, il est peu probable qu’il ait connu les combats de la fin de la guerre.
  • Jules Bultel est également lié à un autre soldat stéphanais, Joseph Vaillant. Ce jeune homme est un cousin issu de germain, du côté maternel. De deux ans l’aîné de Jules Bultel, il est, tout comme lui, né à Saint-Aubin-Celloville et ouvrier de filature à la Société cotonnière. Joseph Vaillant est mobilisé dès le 2 août 1914 et tombe au combat à la fin du mois de septembre, après un mois et demi de guerre. Son nom figure également sur le monument aux morts de Saint-Étienne-du-Rouvray.

Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 25e B.C.P.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Rayan BAKLOUTI, 3eC, collège Paul Eluard, 2026.