Biodiversité: prenez le temps de chercher la petite bête

Pendant les observations en nature, il faut replacer les pierres soulevées comme on les a trouvées. La survie des insectes qu'elles abritent en dépend - Illustration: Gayanée Béreyziat
Le dépaysement et la surprise peuvent être au coin de la rue. Ou plutôt du chemin en partant à la découverte d’un univers fascinant, celui des insectes. Petits conseils de spécialistes pour faire vos premiers pas.

Et si vous profitiez de l’été pour chercher la petite bête? Dans la forêt du Madrillet, aux abords de sa mare, dans les différents parcs de la ville ou tout simplement dans votre jardin, ils sont partout! «Pour observer les insectes, il n’y pas véritablement besoin de matériel. En revanche, il faut prendre son temps, se promener calmement. Il faut regarder si ça bouge, au sol ou sur les troncs, soulever une pierre avant de la remettre à sa place», conseille Nicolas Moulin, entomologiste professionnel qui parcourt la région mais aussi le monde, à la recherche d’espèces parfois plus exotiques. «En fait, les insectes aiment les espaces plus sauvages, moins entretenus qui ont tendance à disparaître en ville.»
Un constat partagé par Vincent Neveu, responsable du patrimoine arboré et du fleurissement, au service des espaces verts de la Ville. «Pour les plus jeunes, il y a un aspect pédagogique important à les observer. Ils comprennent son importance, en particulier son rôle dans la chaîne alimentaire.»

Mais alors, que peut-on trouver par chez nous si l’on prend le temps de bien examiner ? «La zone située autour de Saint-Étienne-du-Rouvray rassemble surtout des espèces communes, ce qui n’est pas un terme négatif car elles restent intéressantes à découvrir», assure d’emblée Nicolas Moulin, qui travaille en indépendant au sein de sa société d’expertise en entomologie (étude des insectes), Nmentono. «La seule que l’on peut considérer plus rare se trouve du côté des collines de Saint-Léger-du-Bourg-Denis, et vers Darnétal. C’est un papillon, le damier de la succise dont le terrain de prédilection se trouve sur les coteaux calcaires qui sont les anciennes bordures du lit de la Seine.»

Zygoptères, hyménoptères, coléoptères

Près du point d’eau de la forêt du Madrillet, on peut croiser l’une des plus grosses libellules d’Europe, l’anax empereur et d’autres de ses petites cousines, les zygoptères plus connues comme étant les demoiselles, reconnaissables avec leurs ailes qui se rejoignent au dessus de leur dos. Dans le même secteur, on trouve aussi la libellule déprimée, pourtant en très bonne santé, et la très longue agrion jouvencelle.
Et n’oublions pas les hyménoptères comme les abeilles, domestiques ou solitaires, et les bourdons très actifs, par exemple autour des massifs de lavande. Dans les endroits plus en jachère, on peut avoir la chance de croiser une mante religieuse.

Parmi les coléoptères comme le scarabée, il y a la coccinelle à sept points, considérée comme l’amie des jardiniers en raison de son appétit sans borne pour les pucerons. «Malgré cette profusion, la population des insectes a fortement diminué au fil des années, évidemment en raison de l’activité humaine», regrette l’entomologiste qui intervient parfois pour limiter cet impact lors de la conception de vastes projets immobiliers ou routiers. «Nous ne sommes pas toujours écoutés lorsque nous établissons nos diagnostics, mais aujourd’hui au moins nous sommes consultés.»

Un prédateur qui nuit à la biodiversité

Pendant que leur population globale diminue, d’autres insectes font parfois leur apparition dans des zones qu’ils n’avaient pas l’habitude de fréquenter. C’est le cas notamment du désormais célèbre frelon asiatique, sans doute importé par l’homme. «Il n’a pas ou peu de prédateur dans nos régions mais il a un véritable impact sur la biodiversité, les populations d’abeilles domestiques en particulier.»

Vincent Neveu a vu arriver le frelon asiatique sur la commune. Il rappelle les consignes à respecter en cas de découverte d’un nid. «Il ne faut absolument pas s’en approcher. Ou pire essayer tout seul de s’en débarrasser.» Le site frelonasiatique76.fr permet de signaler ces nids et de savoir quoi faire. «On peut évidemment le signaler aux services de la Ville.»
Heureusement, la majorité des insectes ne sont pas dangereux. Au contraire, ils craignent la présence de l’homme. Ce qui fait dire à Nicolas Moulin, en guise de dernier conseil : «Si l’on souhaite observer les insectes, il faut d’abord les respecter et respecter leur environnement.»

Participez à des inventaires

Pas besoin d’être un grand spécialiste pour s’investir de façon amateur dans des inventaires nationaux. Le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel recense les différentes études auxquelles le grand public est appelé à participer : biodiversité des parc et jardins, insectes pollinisateurs, libellules… Le mode d’emploi est expliqué à chaque fois.

  • Il existe même une application téléchargeable sur votre smartphone.
    Intitulée «INPN espèces» elle permet en quelques clics de partager ses découvertes avec des experts qui reviennent vers vous pour vous indiquer ce qu’ils pensent de vos observations.

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