Épisode 5 : Mission brevet pour les “encordés”

Slide en main, des 3èmes du collège Pablo Picasso préparent l’oral du brevet avec deux tuteurs de l’INSA.

Silence concentré, clics de souris, quelques chuchotements. Devant leurs écrans, les troisièmes du collège Picasso construisent leur présentation. Sur les bureaux, des feuilles de brouillons et des idées en vrac, et à leur côté, deux étudiants de l’INSA, Mohamed et Océane, qui se posent en partenaires. « Je ne suis pas prof, confie Océane. Mon rôle, c’est d’aider, d’écouter. C’est parfois délicat, mais enrichissant. » Ils entament aujourd’hui leur cinquième séance en commun. « On se connaît bien maintenant », sourit Mohamed qui invite les élèves à peaufiner leur powerpoint et vérifier leur sources avant de passer à l’expression orale.

Ça planche et ça pitch !

Soujoud a presque terminé son diaporama sur Martin Luther King. « Je me sens prête. Ces séances m’aident vraiment. » Lilia, elle, cherche les bons visuels pour illustrer son sujet : l’addiction aux écrans. Mais tout le monde n’aborde pas ces séances avec la même sérénité. Léna avoue être un peu dépassée. « Ça me stresse, l’échéance approche. Et puis, ça prend du temps, on a déjà pas mal de boulot avec les cours. » Pour Léonie, l’expérience est utile mais elle garde une préférence pour un autre volet du dispositif : l’immersion à l’INSA. « Aller sur le campus, découvrir l’amphi … Je ne savais pas à quoi ressemblait une école d’ingé, même pas vu dans un film. Là, je l’ai vécue ! » Pendant ce temps, Malone ne décroche pas de son sujet. « La préparation du brevet, c’est du concret. Les tuteurs nous boostent. Ça rend l’examen plus réel. » Aujourd’hui, à la demande des collégiens, les enseignantes sont restées en retrait. « Ils voulaient un espace sans pression, un échange plus direct avec les tuteurs, explique Malha Sadi, professeure d’histoire-géographie. C’est aussi l’occasion de travailler leur autonomie. » Noémie Leborgne, professeure de physique-chimie, acquiesce : « Les Cordées de la réussite permettent ce type d’ajustement. On s’adapte aux besoins. » Les élèves ont encore quelques semaines pour affuter leur slide et leur éloquence. L’épreuve orale du brevet aura lieu du 13 au 17 juin..

Professeures

Cordees de la reussite tuteurs Picasso

Malha Sadi et Noémie Leborgne

« L’ambition, ça se cultive. Et parfois, ça commence par un simple trajet en bus ! » lance Malha Sadi, professeure d’histoire-géographie, soutenue par Noémie Leborgne, sa collègue de physique-chimie : « pour certains élèves, l’INSA paraît inaccessible, comme une autre planète. Alors que c’est dans leur ville. »

Depuis le début de l’année, elles accompagnent quatorze élèves de 3e du collège Pablo Picasso, volontaires et motivés, dans ce dispositif national qui vise à lutter contre l’autocensure. L’objectif n’est pas de faire d’eux de futurs ingénieurs mais de leur montrer que l’avenir peut être plus vaste qu’ils ne l’imaginent. Elles connaissent bien leurs élèves, leurs craintes et leurs freins, souvent invisibles. « Les barrières, elles sont d’abord dans la tête. Il y a une forme de résignation parfois. Le dispositif permet de casser ça. » Malha prend l’exemple d’un élève de 3e, passionné de mécanique. Il visait un bac pro. Après l’immersion à l’INSA, il n’a pas changé de voie mais a changé d’ambition : il veut désormais ouvrir son propre garage.

Les deux professeures insistent sur la puissance du dispositif, notamment chez les élèves de 4e. « Ils sont curieux, créatifs, tout est encore possible pour eux. Chez les 3e, c’est plus compliqué. Il y a le brevet, la peur de rater, le stress. Certains redoutent de manquer des cours. » Pour autant, elles croient au potentiel du projet et aime les voir évoluer dans un autre cadre, loin du formalisme de la classe. Complices, elles souhaitent poursuivre l’aventure l’an prochain, si les financements le permettent, et relier les élèves à des chemins qu’ils n’osaient pas regarder.

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