Finances locales : l’inflation ne dégonfle pas

Article extrait du Stéphanais n°299

Si la hausse des tarifs de l’énergie et des prix en général est une menace directe sur le budget des ménages, elle met aussi en danger les collectivités. Au moment où les exemples dramatiques se multiplient, qu’en est-il de la situation pour le service public local ?

Alors que le gouvernement annonce des plafonnements d’augmentation et des aides destinées aux collectivités, les conditions d’attribution et de redistribution restent encore floues. Parallèlement, un plan de sobriété a été proposé début octobre, qui peine à convaincre sur son efficacité. La Ville doit faire face pourtant aux réalités de cette inflation et imagine des solutions sur le terrain local. Explications.

Chacun peut dresser un constat en fonction des informations entendues ici ou là. Le 5 octobre, un maire de Seine-Saint-Denis alerte en dénonçant les augmentations liées au renouvellement de contrats d’énergie pour sa commune. On passerait ici de 15 à 240 euros du mégawatt-heure pour les prix du gaz et de 65 à…2038 euros du mégawatt-heure pour l’électricité. Soit une multiplication de seize et trente-deux fois les tarifs initiaux. De quoi donner des frissons au moment de rallumer les radiateurs. D’autres collectivités proposent des solutions qui privent les usagers d’un accès à des services publics : fermeture temporaire de piscines, de patinoires, baisse du chauffage…

893 000 euros d’augmentation

Les pistes de réflexion sont nombreuses et variées pour les collectivités et partent toutes du même principe : face aux augmentations tous azimuts, il faut faire des économies. Mais si l’équilibre budgétaire est nécessaire, la préservation du service au public l’est encore plus. À Saint-Étienne-du-Rouvray, on n’exclut aucune solution, sauf celle qui priverait les habitantes et les habitants des besoins les plus élémentaires offerts.

Si beaucoup redoutent l’avenir, l’augmentation des charges pour la Ville est déjà bien concrète. Depuis janvier, la collectivité a dû abonder ses charges en fluide (gaz, électricité, chauffage, carburant) de 893 000 euros, soit une augmentation de près de 50 % sur ce qui avait été prévu au budget. Bénédicte Maeght, directrice adjointe des services en charge des finances, détaille : « Quand le gouvernement fixe l’inflation à 5,5 %, c’est très optimiste. Nous ressentons des effets qui vont au-delà de ces estimations. » Pour exemple, les denrées alimentaires ont augmenté de 7,5 %, soit une hausse de 22 centimes par repas préparé pour les écoles ou les seniors. Bien que le tarif demeure inchangé pour les usagers, les conséquences se font lourdement sentir pour la Ville.

« Nous poursuivons un effort d’économies entamé depuis déjà plusieurs années, poursuit Bénédicte Maeght. Une facture réduite sur les illuminations de Noël, par exemple, mais, sur le chauffage, nous ne pourrons pas aller en dessous des 19° que nous pratiquons déjà. Nous puisons dans les économies faites par la collectivité. Notre plus grande crainte à terme ne concerne pas les missions évidentes de la collectivité comme la cantine ou le chauffage. Ce qui doit nous inquiéter tous, c’est la capacité future de la Ville à entreprendre de grands projets qui lui permettront de rester moderne et attractive. Un territoire qui n’évolue pas avec son époque est un territoire qui meurt. »

« La taxe foncière est le seul levier fiscal »

Interview de Joachim Moyse, maire de Saint-Étienne-du-Rouvray.

 

Quelle est la position de la Ville en cette période d’augmentations massives?
Il faut poursuivre notre ambition municipale en tenant compte de ce contexte très difficile, que subissent les particuliers et la collectivité. Je n’ai pas l’intention de revoir cette ambition à la baisse. Mais il faut aussi qu’on soit réalistes avec les nouvelles dépenses contraintes, en augmentation forte.
La suppression de la taxe d’habitation est satisfaisante pour une grande partie des habitants, mais elle a aussi eu pour impact de supprimer le dynamisme d’une recette fiscale. La taxe foncière est maintenant le seul levier fiscal sur lequel la Ville peut agir. Il va être actionné en 2023 pour passer le cap actuel de l’inflation mais je ne souhaite pas que son augmentation soit supérieure à l’inflation.

 

Quelles économies la Ville peut-elle faire ?
Une recette fiscale locale augmentée ne suffira pas, il faudra aussi trouver à réaliser de nouvelles économies. Nous sommes contraints de veiller à l’efficience du service public. Il y a des exemples très concrets de décisions qui viennent d’être prises. Quand l’accueil des enfants mobilise deux ou trois personnes, la Ville se réserve le droit d’arrêter cet accueil s’il concerne très peu d’enfants.
Les réflexions sont nombreuses : un dispositif pour que les lumières ne restent pas allumées en soirée ou le week-end dans certains bâtiments municipaux, une extinction partielle de l’éclairage nocturne sur certaines plages horaires… Il n’y a pas de petites économies dans ce contexte.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×