Ginette Kolinka aux élèves du collège Paul-Éluard: « maintenant, c’est à vous de transmettre »

Après la rencontre, l’ensemble des élèves reconnaissait l’importance d’une telle rencontre, à l’image d'Yéléna (3ème E): « On a de la chance de l’avoir rencontrée en vrai, elle revivait son passé devant nous, elle nous a transmis ses émotions ». Photo : Loïc Seron.

Survivante de la Shoah âgée de 98 ans, Ginette Kolinka est venue raconter son histoire devant 120 élèves de 3ème du collège Paul-Éluard.

Son arrivée en fauteuil roulant déclenche un tonnerre d’applaudissements. Ginette Kolinka, 98 ans, est venue de Paris ce 14 septembre pour raconter son histoire à 120 élèves de troisième du collège stéphanais Paul-Éluard*. « Je ne suis pas là pour vous faire pleurer », prévient celle qui a survécu à la Shoah. Depuis plus de 20 ans, elle se déplace dans toute la France en tant que « passeuse de mémoire » afin de témoigner de son vécu « pour que personne n’oublie et que ça ne se reproduise jamais ». Arrêtée par les nazis en 1944 à l’âge de 19 ans, Ginette Kolinka a été envoyée de force au camp de Birkenau en Allemagne. « On appelait ça le camp de la mort, ce lieu a été pensé et construit pour tuer ». Contrairement à elle, son père Léon, 61 ans, son frère Georges, 12 ans, et son neveux Gilbert, 14 ans — tous arrêtés en même temps qu’elle — ne survivront pas. « Qui dans la salle a moins de 15 ans ? » La majorité des mains se lèvent. « Et bien vous seriez tous morts. Les nazis faisaient travailler les juifs, au-dessous de 15 ans vous étiez trop jeune, au-dessus de 45 ans vous étiez trop vieux. On se débarrassait vite de vous. »

« On est tous des êtres humains »

Le silence se creuse et Ginette Kolinka emporte la salle vers son passé : « À notre arrivée nous avons été rasés, tatoués et déshabillés. Pour moi la nudité était le plus affreux. Vous n’êtes plus vous. On vous place dans une petite salle avec une douche au plafond. L’eau est glacée puis bouillante. On vous chasse sans savon ni serviette. » En 1h30, la survivante raconte comment elle a ensuite été sortie du camp pour travailler de force à l’usine, là encore dans des conditions inhumaines, puis son retour en France, l’horreur des interrogatoires, l’attente, et enfin les retrouvailles. « Nous avions un appartement à Paris, j’y suis retournée et j’ai retrouvé ma mère et mes sœurs ».

« Savez-vous combien vous pesiez en rentrant chez vous ? », demande une élève. « 26 kg. J’en ai perdu 40. Pour manger nous n’avions qu’une tasse d’eau maronnasse le matin en guise de café et de la soupe sans morceaux à midi. » ; Ginette a également interrogé la salle : « Quand vous me voyez, est-ce que vous me trouvez normale ? Oui ? Je suis d’accord avec vous. Mais Hitler haïssait les juifs et cette haine l’a conduit à faire tuer 6 millions de juifs dans toute l’Europe. Maintenant, c’est à vous de transmettre. Si vous haïssez quelqu’un, raisonnez-vous. On est tous des êtres humains. Tout le monde peut pratiquer sa religion. Laissons vivre les gens comme ils ont envie de vivre et ce sera formidable. » Après la rencontre, l’ensemble des élèves reconnaissait l’importance d’une telle rencontre, à l’image d’Yéléna (3ème E): « On a de la chance de l’avoir rencontrée en vrai, elle revivait son passé devant nous, elle nous a transmis ses émotions ».

*Organisée par le corps enseignant du collège Paul-Éluard, cette rencontre s’est déroulée dans l’amphithéâtre Germaine Tillion de l’école d’ingénieurs INSA à Saint-étienne-du-Rouvray.

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