Grève inédite au laboratoire SGS du campus du Madrillet

Mercredi 12 février, les salariés du laboratoire SGS se sont mobilisés pour une revalorisation de leurs salaires.

Pour la première fois, ce mercredi 12 février, les salariés du laboratoire SGS situé sur le campus du Madrillet étaient en grève pour s’indigner de la non-revalorisation de leurs salaires. Selon eux, la direction de SGS France a décidé de sacrifier l’ensemble des salariés au profit des actionnaires.

Grève historique pour les salariés du laboratoire SGS situé rue Ettore-Bugatti à proximité du lycée Le Corbusier. Ce laboratoire intervient dans de nombreux domaines: expertise en pollution environnementale (il a d’ailleurs analysé des prélèvements de terre suite à la catastrophe de Lubrizol), services à l’industrie (analyses, essais, contrôles), expertise en contamination de produits agricoles et agro-alimentaires (pesticides, antibiotiques…).

Une grève très suivie

À Saint-Étienne-du-Rouvray, les salariés ont massivement répondu à l’appel national de l’intersyndicale appelant à cesser le travail ce mercredi 12 février. Près des trois quarts des 200 salariés travaillant dans les deux bâtiments du site étaient en grève (seulement 53 personnes étaient au travail selon le décompte de présences). Comme ils le reconnaissent eux-mêmes, cette grève est inédite sur le site de Saint-Étienne-du-Rouvray. Pendant toute la matinée, une soixantaine d’entre eux était mobilisée devant les grilles du site et avec des banderoles. Certains automobilistes, obligés de ralentir au niveau du rond-point, ont manifesté leur soutien en klaxonnant.

La raison de cette mobilisation massive vient des négociations salariales annuelles que les délégués syndicaux et salariés n’estiment pas satisfaisantes. Ils réclament 2% d’augmentation de salaire pour tous et en base. Mais la direction générale de SGS France a choisi une autre option avec une enveloppe de 800 000€, soit 80€ par an en pouvoir d’achat indirect (mutuelle, œuvre sociale du comité social et économique). Les délégués syndicaux estiment que cette enveloppe est de « l’enfumage pour nous faire regarder ailleurs ».

Des bons résultats profitant plus aux actionnaires qu’aux salariés

Mais ce qui ne passe pas chez les salariés, ce sont les très bons résultats de la société: 16,1% de marge, un cours de bourse à la hausse. Employant 2 800 salariés en France, SGS France a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2018. Tandis que, dans le monde, SGS réunit 97 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 5,9 milliards d’euros. « On nous dit qu’il faut se serrer la ceinture. Si la société ne faisait pas d’argent, on comprendrait cette attitude. Mais ce n’est pas le cas et il n’y en a que pour les actionnaires. L’un d’entre eux partant en retraite va même être gavé de dividendes », s’indigne Mickaël Crépin, délégué syndical CFE-CGC. Dans leur tract syndical où l’on peut lire “100% dividendes, 0% salaires, grève !”, les délégués syndicaux écrivent que le PDG vient « de s’octroyer dans le même temps le triplement de son salaire. »

Pour les salariés mobilisés, les très bons résultats de la société auxquels ils ont contribué doivent aussi leur revenir. « C’est la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. Les salariés aiment leur travail et ce sont des petites mains qui travaillent ici. On ne peut pas rester là sans rien faire. Autrement, demain cela pourrait être pire alors que chez SGS, les salaires sont déjà plus bas que dans les autres laboratoires », observe Marie-Pierre Idée, l’une des salariés. Ce manque de reconnaissance se ressent aussi dans la motivation, comme cela est écrit sur une banderole. L’un d’entre eux, Mickaël Crépin est même démissionnaire : « Cela fait 12 ans que je travaillais à SGS mais les valeurs ne me correspondaient plus. Un mal être s’est instauré dans cette société. »

Un gel des salaires et des mesures compensatoires

Contacté par la rédaction du Stéphanais, le groupe SGS France a développé sa position sur ce mouvement social : « Dans le cadre des négociations salariales annuelles, en janvier dernier, un gel des salaires pour 2020 a été décidé par le groupe, pour toutes les entités, à tous les niveaux (directions incluses). Pour pallier cette situation exceptionnelle, l’entreprise a dégagé rapidement une enveloppe pour des mesures compensatoires, ayant un impact direct sur le pouvoir d’achat des salariés, avec priorisation de l’effort sur les salaires les plus bas. Le souhait de cogestion avec les partenaires sociaux de cet enjeu social est toujours actuel, malgré un appel à la grève le 12 février. Le dialogue social doit prévaloir, l’entreprise s’y engage. Elle espère avoir l’opportunité et la chance de construire, avec toutes les parties prenantes, des mesures significatives et concrètes qui tiennent compte des attentes de tous. »

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