La Ville en état d’urgence budgétaire

Ce lundi 23 mai, une réunion de crise était organisée par le maire, Joachim Moyse. Ce dernier souhaitait entendre ce que ses administrés pensaient de la situation de plus en plus tendue due à l’inflation qui impacte le budget de la commune. L’objectif étant aussi de recueillir leurs idées pour tenter de trouver des solutions.

Plus d’une centaine d’habitants ont répondu à l’invitation de la municipalité qui organisait ce lundi 23 mai à la salle festive une réunion consacrée aux conséquences de l’inflation et des hausses de charge sur le budget de la commune.
Et d’emblée le maire Joachim Moyse a tenu à rappeler l’urgence de la situation. «Cela fait des années qu’on dit que la santé financière des collectivités comme la nôtre est en péril. Mais là, avec l’inflation, la hausse des matières premières ou de l’énergie, on attaque l’os! Et face à ces vents contraires, à ces choix budgétaires plus contraints, je crois que ce n’est pas seulement aux élus de prendre des décisions mais c’est aussi à vous de nous dire ce que vous en pensez. J’ai besoin de vous entendre.»
En guise d’introduction, quelques chiffres ont été donnés pour avoir une idée plus précise des besoins financiers de la Ville dont le budget de fonctionnement est de 42,5 millions d’euros, soit 166.500 d’euros au quotidien pour faire tourner l’ensemble de ses services. «À Saint-Étienne-du-Rouvray, nous avons fait le choix, depuis plus de trente ans, de miser sur l’éducation et la solidarité car nous pensons, qu’ici plus qu’ailleurs, les besoins en la matière sont importants. Ce service public a un coût, notamment en personnel puisque nos dépenses en la matière sont supérieures de 5% à des villes comparables. Mais c’est aussi une richesse mise à la disposition du plus grand nombre. Et c’est cette richesse qui est aujourd’hui mise à mal.»

1,8 million d’euros à trouver pour le budget 2023

Si le budget 2022 va obligatoirement être revu à la hausse, celui de 2023 risque lui de s’envoler avec plus d’1,8 million d’euros à trouver pour simplement maintenir le niveau actuel du service public municipal. Avec des recettes qui elles n’augmentent pas, notamment en matière de dotations de l’État (qui représentent environ 20% du budget) alors qu’il délègue de plus en plus de missions aux collectivités locales.
La question se pose donc. Où trouver cet argent? Faut-il tenter de faire des économies substantielles et donc réduire l’action municipale, au risque d’avoir un impact négatif sur les plus fragiles? Dans le public, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer une gestion «en bon père de famille» de l’argent public, quitte à réduire certaines dépenses. C’est parfois possible, à la marge, comme l’explique Murielle Renaux, l’adjointe à la petite enfance, en prenant l’exemple du centre de loisirs qui va fermer au moment des fêtes de fin d’année. «Nous avons choisi une période où la fréquentation est plus faible et où parfois les enfants inscrits ne viennent finalement pas.»
On peut aussi faire le choix d’augmenter les tarifs des prestations offertes par les services municipaux (restauration municipale, piscine, conservatoire, portage de repas, etc.) car évidemment le coût supporté par la collectivité est largement supérieur à la somme réglée par les usagers. Un exemple? Le coût d’un repas à la cantine est de 11,97 euros quand les familles ne payent qu’entre 0,50 d’euro et 4,24 euros selon leurs moyens. Mais évidemment, à l’heure où le pouvoir d’achat des ménages est déjà mis à mal, ces hausses pourraient également impacter durement les familles les moins aisées comme plusieurs élus présents aux côté de Joachim Moyse l’ont rappelé.

Hausse de la pression fiscale ?

Enfin, on peut enfin décider d’augmenter la pression fiscale, via l’impôt foncier en particulier puisque la taxe d’habitation est en voie de disparition. Un arbitrage difficile. Et si certains dans le public se disaient prêts à faire un effort au nom du principe de solidarité, d’autres craignaient de ne pouvoir faire face à cette hausse de la fiscalité locale. Certains, au sein même de la majorité municipale, à l’image de l’adjoint à l’urbanisme Pascal le Cousin (PCF), souhaiterait d’ailleurs «une réforme de la taxe foncière qui tiendrait compte des revenus de chacun et qui ne serait plus juste un taux unique pour tout le monde».
Évidemment, à l’issue de cette réunion, aucun choix n’a été arrêté. Mais la réflexion de l’équipe municipale s’est nourrie de ces échanges. Comme l’a résumé Joachim Moyse en guise de conclusion: «Mettre des mots de votre bouche dans notre tête, ça nous aide.»

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×