Le boom des micro-brasseries retentit à Saint-Étienne-du-Rouvray

Cédric Geffroy, Thibault Masson et Thibault Grenier organiseront des parcours visite et dégustation dès janvier prochain.

Le cidre est toujours la boisson reine en Normandie, mais la bière revient en force. Une brasserie vient même de s’installer à Saint-Étienne-du-Rouvray. Depuis une dizaine d’années, la bière connaît un véritable essor sur le territoire normand. On y compte aujourd’hui cent vingt brasseries artisanales. Dont une, toute nouvelle, sur la commune.

Article extrait du Stéphanais n°299

Ils sont trois amis entrepreneurs et viennent d’ouvrir une brasserie artisanale dont l’enseigne, 1989, rappelle les heures pop et festives de leur jeunesse. C’est ce goût légèrement vintage et fantaisiste que l’on retrouve dans leurs boissons conditionnées dans des cannettes au graphisme flashy. « Nous nous sommes spécialisés dans les bières éphémères et les Indian Pale Ale, explique Cédric Geffroy. Elles sont houblonnées, juteuses en bouche et naturelles. » Avant la bière, lui était consultant en finances d’entreprise tandis que ses acolytes, Thibault Masson et Thibault Grenier, étaient conseiller en banque et consultant en conduite du changement. Passionnés, ils ont ouvert ce lieu de vie où l’on fabrique, vend et consomme de la bière sur place. « Dans l’esprit d’un véritable pub house », précisent-ils. Aujourd’hui, on peut siroter une « dragonpower » dans l’un des fauteuils de leur brasserie. L’espace de production sera opérationnel en janvier avec des parcours visite et dégustation.

À savoir : pour faire de la bière, il faut de l’eau, du houblon, de la levure et… du malt !

La première malterie de Normandie a ouvert à Saint-Martin-des-Entrées, près de Bayeux, en octobre 2019. Cette malterie, la cinquième en France, ambitionne de produire jusqu’à 500 tonnes par an (soit la moitié des besoins en malt de la région) pour alimenter les brasseries normandes en plein essor. Le processus consiste à tremper les grains d’orge, les laisser germer et les cuire. C’est la cuisson qui déterminera la saveur et la couleur du malt et donnera à la bière sa robe et son caractère.

La route des brasseries normandes

Le cidre en Normandie ? C’est une évidence. Mais la bière tire de plus en plus son épingle du jeu. On compte aujourd’hui cent vingt brasseurs normands qui ravivent le souvenir de la bière sur le territoire. Car ce sont les Vikings qui apportent ce breuvage, en envahissant la Normandie en 911. Ragnar, chef viking, est d’ailleurs devenu le nom d’une bière rouennaise élaborée à partir de recettes datant du IXe siècle. La brasserie Ragnar a pour projet, à l’horizon 2023, d’investir l’église Saint-Nicaise à Rouen et de constituer la première église-brasserie française ! Ce sont aussi les herbes et plantes aromatiques régionales comme le lin ou les baies d’églantier que l’on retrouve à la brasserie Duplessi dans l’Eure (entre Les Andelys et Gaillon), précurseur dans le domaine. À Val-de-Reuil, la brasserie des Deux Amants puise ses références dans les légendes locales. La filière locale se structure petit à petit. Après l’ouverture d’une malterie, il s’agit de développer les houblonnières mais aussi de créer un syndicat brassicole.

Une filière qui s’organise

Organisé du 11 au 13 novembre, le salon Beerdays connaît déjà plusieurs éditions au Parc des Expositions de Rouen et la fête de la bière normande de Gruchet-le-Valasse est un événement fréquenté. L’idée est de faire rayonner ce savoir-faire régional, depuis la fabrication individualisée de bière locale, comme le propose la micro-brasserie Brew Society installée au marché industriel normand à Rouen, jusqu’à la consolidation d’un patrimoine gustatif à Saint-Wandrille, où les moines confectionnent la seule bière d’abbaye en France.

« Une filière 100% régionale »

Interview de Guillaume Mesnildrey, coordinateur de l’association Houblons de Normandie et conseiller à la chambre d’agriculture de Normandie.

 

Depuis 2019, vous faites le pari du houblon normand. Quels sont vos objectifs ?
Cette matière première, qui donne l’amertume et l’arôme à la bière, est aujourd’hui majoritairement importée d’Amérique ou d’Allemagne. En France, le houblon est produit quasi exclusivement en Alsace. Dans ce contexte, des porteurs de projet ont souhaité cultiver du houblon en Normandie pour créer une filière 100 % régionale.

 

Combien y a-t-il de producteurs de houblon en Normandie aujourd’hui ?
Cinq producteurs produisent une trentaine de variétés sur 8 hectares. Les premières plantations ont eu lieu en 2019. Il faut attendre trois ans pour un rendement maximum. Le houblon se récolte en septembre. Il n’y a que du houblon bio. Certaines parcelles en reconversion doivent juste attendre trois ans pour avoir la certification.

 

Y a-t-il déjà des bières 100 % régionales ?
Oui, on peut citer les Travailleurs de l’Amer dans le Cotentin, Normandy Beer Factory près de Caen ou Les Champs qui moussent près de Lisieux. La demande des brasseurs est forte et supérieure à l’offre. La filière se structure donc. Dans ce sens, les producteurs ont investi pour transformer le houblon en granulés, dès cet automne, afin de faciliter la pratique des brasseurs.

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