Le «proto»: une pratique à risque

L'inhalation répétée du gaz contenu dans ces cartouches chromées peut provoquer des atteintes cardiaques ou neurologiques graves. - Photo: Jérôme Lallier

Depuis plusieurs mois, des petites cartouches vides en métal se répandent le long des rues: ces capsules de protoxyde d’azote employées d’ordinaire pour la pâtisserie sont détournées de leur usage et utilisées par les jeunes comme psychotrope, non sans risque.

Connu autrefois comme «gaz hilarant», le «proto» ou protoxyde d’azote (N2O) sert surtout aujourd’hui de gaz propulseur, notamment dans les siphons à chantilly ou dans un usage médical comme anesthésiant ou anti-douleur. Mais certains jeunes –principalement entre 12 et 25 ans– le consomment aussi comme une drogue en l’inhalant via un ballon de baudruche fixé sur un siphon à chantilly ou un «cracker» (sorte de tube à visser pour percer les cartouches). L’effet est immédiat et provoque un sentiment d’hilarité, de déconnexion avec le monde extérieur et des distorsions visuelles et auditives.

Bien que cet état euphorique soit de courte durée (moins de 3 minutes), la pratique qui l’entraîne n’est pas sans risques. «Certains consommateurs ne savent pas par exemple que le gaz s’utilise avec un ballon et risquent par un contact direct avec la cartouche des brûlures par le froid», explique Grégory Lange, responsable Seine-Maritime et Eure pour l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie). Mais le protoxyde d’azote peut également être à l’origine d’asphyxies, de pertes de connaissance et de chutes consécutives. Surtout, plus problématique, c’est la pratique répétée et systématique de sa consommation qui peut entraîner des troubles plus graves, cardiaques, neurologiques, et des carences en vitamine B12 avec des atteintes parfois irréversibles.

Un usage décomplexé

«Heureusement cette pratique, qui n’est d’ailleurs pas nouvelle, reste marginale», relève Grégory Lange. Mais alors qu’elle était autrefois cantonnée aux soirées festives, elle tend aujourd’hui à se diffuser –moyennant un usage décomplexé– dans l’espace public. Des cartouches ont ainsi été retrouvées aux abords des collèges mais surtout aux points de ralentissement des automobilistes: feux, parkings, stops, carrefours laissant supposer une possible pratique au volant par de jeunes conducteurs.

Les services municipaux se sont donc emparés de cette question. À l’instar d’autres villes, la mairie de Saint-Étienne-du-Rouvray prépare un arrêté pour interdire la vente aux mineurs de ces cartouches pour l’heure accessibles dans n’importe quelle grande surface et à un prix modique. «L’idée est surtout de sensibiliser les jeunes aux risques qu’ils encourent, mais aussi leurs parents et plus largement les habitants, les commerçants pour qu’ils puissent être en alerte», relève Edouard Henry, coordinateur prévention à la mairie. Une action va également être menée en juillet et août en lien avec l’association La Boussole, auprès des adolescents accueillis par Le Périph’ dans le cadre du dispositif loisirs d’été Horizons 11/25. Ces derniers seront mis à contribution pour la réalisation d’un support de prévention à destination des autres jeunes sur le protoxyde d’azote, et plus largement sur toutes les pratiques addictives.

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