Lumière sur l’éclairage nocturne le 3 avril 2023

Lundi 3 avril, en début de soirée, toute la lumière sera faite sur l’éclairage nocturne. C’est le thème de la réunion publique à laquelle l’équipe municipale convie les Stéphanaises et Stéphanais.

Le rendez-vous est fixé à 18 h à la salle festive. Il fera jour au début et nuit à la fin. Le vrai sujet de cette réunion, c’est plutôt l’extinction de l’éclairage public nocturne. La question ne sera pas « pour ou contre » car la Ville y vient, comme toutes ses voisines de la Métropole, mais plutôt « comment ? ». Sur quelle tranche horaire ? Dans quels quartiers ? Avec quelles exceptions et aménagements ? Quand ? Et d’abord : pourquoi ? La gestion de l’éclairage public est du domaine de la Métropole, ce sont ses services qui appuient sur les interrupteurs. Saint-Étienne-du-Rouvray est une des dernières communes du secteur métropolitain qui n’a pas encore mis en place de plan d’extinction de l’éclairage public la nuit. Mais elle y vient, pour un ensemble de raisons.

Économies d’énergie et biodiversité

Tout d’abord, pour suivre la tendance globale, mondiale et nécessaire de transition écologique, qui passe par la sobriété énergétique et la sauvegarde de la biodiversité. Ce n’est plus une option. Le sujet est encadré par des lois, notamment par un arrêté ministériel de décembre 2018 sur la limitation de la pollution lumineuse. La hausse du prix de l’électricité actuelle donne assurément un coup d’accélérateur à son application. Pour une collectivité, l’extinction de l’éclairage nocturne permet de réduire la facture d’électricité dans des proportions spectaculaires (de 30 à 50%). L’électricité est chère, de plus en plus en chère. Éteindre l’éclairage la nuit, c’est déjà réaliser des économies immédiates et importantes.

Vient ensuite la question de la biodiversité. Contrairement à la plupart des humains qui la nuit dorment, beaucoup d’animaux (chauves-souris, rongeurs, oiseaux, insectes…) sont actifs la nuit. Pour se nourrir, chasser, se reproduire, polliniser les plantes… Cette faune nocturne, parfois en voie de disparition, est perturbée par la lumière artificielle. Restaurer un écosystème plus naturel est aujourd’hui une priorité, qui passe par le retour de la nuit. Et donc éteindre la lumière.

Photo : Jean-Pierre Sageot

Peur du noir et sécurité

L’humain aussi peut souffrir de la pollution lumineuse. Mais il reste une créature du jour, naturellement nyctophobe : il a peur du noir. Une angoisse archaïque, que l’on apaise avec une veilleuse dans la chambre de bébé, par exemple. Mais les grands aussi ont peur du noir. Circuler dans une ville non éclairée crée un sentiment d’insécurité, surtout pour les piétons et les cyclistes. Et parfois plus qu’un sentiment. Le danger est réel quand on chemine sur une chaussée ou un trottoir en mauvais état ou qu’on doit traverser une route ou un passage piétons. C’est dans cette perspective que le gouvernement a lancé en janvier une campagne pour inciter les piétons et cyclistes à augmenter leur visibilité. Les « motorisés », eux, auraient plutôt tendance à la prudence et à ralentir dans le noir, tout en restant visibles et rassurés par les phares de leur véhicule. Concernant la délinquance (agressions, vols dans les véhicules…), de nombreuses études montrent qu’elle n’a pas augmenté dans les villes qui ont instauré l’extinction de l’éclairage public. Le sujet est plus délicat pour la police (nationale et municipale) : l’obscurité totale ne facilite pas les interventions policières de nuit. Ni l’efficacité des caméras de surveillance…

« Je suis favorable à l’extinction nocturne dans certains secteurs, mais pas au prix d’un sentiment d’insécurité, notamment pour les travailleurs de nuit. On doit travailler sur une carte de la commune par secteurs, pour définir les zones concernées et les tranches horaires d’extinction dans les quartiers résidentiels, les zones commerciales, le campus, les arrêts de bus… », explique Joachim Moyse, maire de la Ville. Toutes choses qu’il présentera et ouvrira à la discussion lors de la réunion publique du 3 avril, pour une possible extinction des feux à l’automne prochain.

Photo : Jean-Pierre Sageot

L’éclairage public, du feu au smartphone

L’idée est un peu tirée par les poils, mais on peut penser que l’éclairage public a commencé quand l’homme a appris à maîtriser cet élément bien pratique (puisqu’il permet aussi de se chauffer, de cuire ses aliments et d’éloigner les fauves) : le feu. C’était il y a environ 400 000 ans. Depuis, l’homme a inventé la lanterne, la bougie, le réverbère, puis le bec de gaz et l’éclairage électrique. L’éclairage public est d’abord un moyen de sécuriser les rues et aussi de les montrer, de les mettre en scène. Grâce à lui, Paris s’est autoproclamée « ville lumière » et les coupe-gorges obscurs sont devenus plus fréquentables. À partir de la fin du XVIIe siècle, les innovations techniques ont accompagné et favorisé la généralisation de l’éclairage public, d’abord dans les grandes villes, puis partout. Jusqu’à la saturation, mauvaise à la fois pour la santé, la nature et les finances publiques. Aujourd’hui, la tendance générale est à la mise en veilleuse de l’éclairage public nocturne. Mais d’autres solutions sont en développement, comme l’éclairage à la demande depuis un smartphone, via l’appli « J’allume ma rue » créée par un Normand et déjà utilisée par de nombreuses communes en France.

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