Mobilisation à Rouen : la résistance contre la retraite à points marque des points

 © Jean-Pierre Sageot

Contre la réforme des retraites ce mardi 10 décembre, Rouen a été le théâtre d’une manifestation hors norme beaucoup plus longue que d’habitude. Une nouvelle manifestation aura lieu ce jeudi.

En ce sixième jour de grève reconductible au niveau national et deuxième jour de grande manifestation après celle du 5 décembre, la résistance contre la réforme à points d’Emmanuel Macron et son gouvernement a marqué des points dans les rues rouennaises. Comme jeudi dernier, les manifestants étaient divers et nombreux: l’ensemble du monde syndical (CGT, FO, Solidaires, UNSA, FSU, SUD, CFDT, etc.), des Gilets jaunes et des représentants de nombreuses professions (sapeurs-pompiers, infirmières, fonctionnaires territoriaux, enseignants, lycéens, retraités, ouvrier). Selon les syndicats, près de 20000 personnes étaient présentes dans la rue (contre 30000 à 40000 jeudi dernier). Malgré tout, le cortège de manifestants était visuellement impressionnant.

Une géante chenille humaine étendue sur trois ponts

Comme d’habitude, les manifestants sont partis du cours Clemenceau, rive gauche. Mais cette fois, le cortège a emprunté un tracé différent: après le pont Corneille, les manifestants ne se sont pas dirigés vers la rue de la République. Ils ont marché sur le quai Pierre-Corneille (rive droite) pour prendre le pont Boieldieu, puis le quai Jean-Moulin (rive gauche). Ils ont ensuite emprunté le pont Jeanne-d’Arc en direction du centre-ville vers le Théâtre des Arts. Alors que la tête de cortège marchait sur le troisième pont (Jeanne-d’Arc), la fin du cortège était encore sur le premier pont (Corneille). Ainsi, plusieurs kilomètres séparaient les premiers et derniers manifestants de cette chenille humaine géante qui s’étendait sur trois ponts en même temps. Ce qui amusait beaucoup la foule qui s’observait sur la Seine, de pont en pont.

 

Parmi les manifestants, il y avait beaucoup de ferveur et de détermination à se battre jusqu’au retrait de cette réforme des retraites où « les perdants seront les retraités de demain ».

Prendre la rue Jeanne-d’Arc?

Peu avant midi, le cortège s’est retrouvé bloqué par les gendarmes mobiles et sept camions positionnés juste après le carrefour de Théâtre des Arts et au début de la rue Jeanne-d’Arc. Cette rue de l’hypercentre n’était pas prévue dans le parcours officiel. Devant l’insistance d’une partie des manifestants, la tension est montée d’un cran.

© Jean-Pierre Sageot

Après plusieurs dizaines de minutes d’immobilisation du cortège, la situation s’est dénouée subitement. Face à la pression de la foule, les gendarmes mobiles ont cédé et reculé: la rue Jeanne-d’Arc était ouverte et prise d’assaut. Cette victoire de la rue était loin de relâcher la ferveur des manifestants.

 

La seconde partie de la manifestation s’est donc déroulée sur un tracé non déclaré et improvisé : rue Jeanne-d’Arc, rue Jean-Lecanuet, arrêt devant l’hôtel de ville de Rouen, rue de la République, quai Pierre-Corneille, quai de la Bourse, quai du Havre, jusqu’à rejoindre l’avenue Pasteur et la préfecture de Rouen. À presque 14h, la manifestation aura été beaucoup plus longue que d’habitude: elle a duré trois heures. C’est d’ailleurs ce qu’observe François Boulo, avocat rouennais satisfait de voir une manifestation rouennaise « ne pas se finir à midi moins 10.»

Pour gagner, « défendre le bien commun »

Entre les prises de parole de plusieurs représentants syndicaux, le porte-parole des Gilets jaunes de Rouen a été réclamé par les manifestants qui lui ont demandé de s’exprimer. François Boulo est notamment revenu sur les révélations de la veille à propos de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé de piloter la réforme des retraites du gouvernement. Ce dernier vient d’être épinglé pour avoir omis de déclarer ses liens avec le monde de l’assurance. Ce mardi midi, le haut-commissaire aux retraites a démissionné de la présidence du think thank Parallaxe: ce cumul avec un autre poste dans le privé posait problème en présentant le risque d’un potentiel conflits d’intérêts. « Il nous parle d’universalité et d’égalité, il est le plus corrompu », a lancé François Boulo.

Car, selon lui, la mobilisation des Français dans la rue et en grève dépasse largement le cadre de la réforme des retraites : « On se bat contre leur monde, leur monde des ultra-riches.» Il a aussi livré son diagnostic sur la suite du mouvement social en saluant une convergence entre Gilets jaunes, syndicats et citoyens en colère.

 

De nouvelles mobilisations à venir

Comme annoncé par les représentants syndicaux locaux, la lutte contre cette réforme des retraites va se poursuivre cette semaine avec une nouvelle manifestation ce jeudi 12 décembre à Rouen (départ à 10h30 du cours Clemenceau). En attendant, ce mercredi 11 décembre est marqué par plusieurs actions: un blocage du rond-point des Vaches à Saint-Étienne-du-Rouvray à 6h; un rassemblement aux halles des Emmurées à 12h à Rouen pour réagir aux annonces d’Édouard Philippe sur les mesures retenues pour cette réforme des retraites; un blocage du Smédar à 16h au Grand-Quevilly (syndicat mixte d’élimination des déchets de l’arrondissement de Rouen).

Pour Gérald Le Corre, responsable santé et travail au sein de l’Union Départementale CGT de Seine-Maritime, « la question du blocage économique est aussi très importante pour gêner le Medef et le gouvernement », dans le but d’ancrer ce mouvement social dans la durée jusqu’au retrait de la réforme des retraites. Il a d’ailleurs appelé chacun à y participer : « Là où vous êtes, venez ! »

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