Mardi 17 juin 2025, la médiathèque Georges-Déziré a accueilli plusieurs patients suivis au centre hospitalier du Rouvray. Ils ont pu présenter leurs productions littéraires.
« Si j’ai fait le choix de parler dans un livre vivant, c’est que ça faisait partie de ma thérapie, de mon chemin de guérison. » Dans le square de l’espace Georges-Déziré, Sébastien Varéa se prépare pour sa première lecture de la journée, l’aboutissement d’un processus d’écriture initié il y a maintenant six mois : « J’ai choisi la forme d’une nouvelle qui est une sorte de « timeline » de ma vie en expliquant les moments où j’aurais pu me rendre compte que j’étais malade, et surtout les dégâts que la maladie a faits dans ma vie tant que je n’étais pas stabilisé », explique l’archéologue qui souligne l’impact positif que cette création a eu sur sa santé : « Même si on ne guérit jamais vraiment de la bipolarité, on se soigne, mais si j’ai compris une chose, c’est que je suis maître de ma vie et que je peux parfaitement vivre avec ma maladie. »
Installés à l’ombre des arbres du square ou à l’intérieur du centre Georges-Déziré, ils étaient six à participer à l’opération. Devenu pour l’occasion « livre vivant », chaque participant a pu, durant deux heures, faire lecture de sa propre création – entremêlant difficultés quotidiennes, envies et espoirs – à des petits groupes d’auditrices et d’auditeurs dans une ambiance intimiste et bienveillante.
Apparu au Danemark dans les années 1990, ce concept a été appliqué à la psychiatrie au cours des années 2010 en France. Organisé par le centre hospitalier du Rouvray avec le Concours du Conseil Local de Santé Mentale (CLSM), l’événement du 17 juin prenait place dans le cadre de la semaine nationale des bibliothèques vivantes, portée par le collectif « Santé mentale grande cause nationale », qui réunit 23 organisations dans le pays.
Contrer l’auto-stigmatisation
En recherchant l’interaction avec le public, ce dispositif a pour ambition de faire évoluer la représentation des troubles psychiatriques dans la société.
« Nous sommes ancrés dans une démarche de réhabilitation psychosociale, c’est-à-dire, dans le cadre du rétablissement, de lutter contre la stigmatisation, mais aussi l’auto-stigmatisation, qui est un processus qui est extrêmement dommageable pour les personnes atteintes d’un trouble psychique », déclare Manon Perraud, psychologue qui a participé à l’élaboration du projet.
La co-organisation entre les personnes concernées et le personnel hospitalier a également eu un effet positif en atténuant la relation patient/soignant.
Tous les participants aimeraient voir l’opération reconduite l’an prochain. Manon Perraud espère même voir un jour les bibliothèques vivantes trouver une place dans notre quotidien : « Dans l’idée, ça devrait vraiment s’inscrire dans la cité, c’est-à-dire que ce ne soit même plus dans le cadre d’événements dédiés à la santé mentale. »