Pour l’après-11 mai: la débrouille des restaurateurs

Les restaurateurs misent sur le retour des salariés des autres commerces et de leurs clients, le 11 mai, pour sauver leur activité. Photo: Jean-Pierre Sageot.

À l’inverse des autres commerces, les bars et restaurants ne pourront pas rouvrir comme avant le 11 mai et l’annonce d’une date en juin reste hypothétique. Les restaurateurs s’adaptent à leur manière, bien impuissants face aux difficultés qui viennent.

«J’ai tout désinfecté du sol au plafond. Le 11 mai, on lance la vente à emporter !» La gérante du restaurant Jardin Gourmand situé dans le centre  ancien de Saint-Étienne-du-Rouvray, Élise Klosek, est déterminée à sauver son affaire. Depuis le 15 mars, les mesures de confinement ont porté un coup dur aux finances des entreprises, commerces et artisans. À la date du 11 mai, le gouvernement a annoncé la réouverture des commerces, sauf pour les bars et restaurants. Pour eux, pas de lever de rideau avant mi-juin, au plus tôt! Alors on trouve des idées. «On va essayer de profiter de la pause de midi des salariés du quartier qui reviendront travailler à partir du 11, explique la pâtissière de 32 ans. Et puisque les rassemblements seront à nouveau autorisés jusqu’à dix personnes, on va aussi proposer des gros gâteaux !»

Même stratégie à deux pas de la gare TER où le restaurant Le Commerce se lancera lui aussi dans la vente à emporter le 11 mai. «On a réussi à tenir jusque-là, mais de justesse, explique le gérant, Philippe Ressencourt. L’État vient seulement de nous rembourser les salaires de nos employés au chômage partiel, avec un mois de retard.» Après plus de quarante-cinq jours de confinement, l’optimisme du gérant arrive à date de péremption. «Habituellement, on fonctionne sur soixante couverts. Si on atteint les trente, ce sera déjà très bien, mais ça ne suffira pas pour préserver l’activité comme elle était.»

«Se dire que tout est fini, ce n’est pas possible»

Élise Klosek, elle, croise les doigts pour que la vente à emporter approche au moins 50% de son activité. «Sans cela, j’aurais rendez-vous avec mon comptable en juin pour parler d’une fermeture, révèle la gérante. J’ai les larmes aux yeux en disant ça. Le Jardin, c’est mon bébé. Quand on a tout fait pour créer son entreprise, la faire évoluer et augmenter le chiffre d’affaires… se dire que tout est fini, ce n’est pas possible.»

D’après les projections nationales, au moins 25% des restaurants et cafés pourraient mettre la clef sous la porte du fait du confinement. Le gouvernement a mis en place un fonds de solidarité afin de verser une prime de 1500 euros aux petites entreprises, ainsi que la possibilité de contracter un prêt garanti par l’État. Le ministère de l’Économie a également annoncé l’annulation des loyers pour la période de fermeture administrative. D’après Christophe Marie, gérant du restaurant L’Escale, ça ne suffira pas. «Il faut supprimer toutes nos charges. Comme en Allemagne !» Lui a préféré réorganiser sa salle dans le respect des mesures sanitaires pour une réouverture qu’il espère en juin. La vente à emporter, ce n’est pas assez rentable. Ça engendre aussi beaucoup de manipulations. Selon moi, impossible de respecter les mesures de sécurité sanitaire !»

«Qui voudra être servi par des gens qui portent des masques ?»

Les employés de Bonnaire Traiteur portent des masques et les clients ont du gel hydroalcoolique à disposition. Pendant le confinement, le commerçant a eu l’idée d’installer un food truck sur son parking, rue du Noyer-des-Bouttières. Du lundi au vendredi, il sert les particuliers et les salariés du coin, de 11h30 à 14h30. «Tout est fermé dans le quartier, c’est notre façon d’apporter notre pierre à l’édifice, confie Christophe Bonnaire, qui reconnaît que ce n’est pas suffisant pour maintenir une activité rentable. Quand on redémarrera, il faudra de nouvelles règles.» Même avec une réouverture en juin, l’avenir à court terme pour les restaurateurs reste sombre. «On vient de passer à côté de 40 jours de beau temps, l’année 2020 est foutue pour la plupart des affaires, promet Christophe Marie. L’année 2021 sera aussi très difficile, il va falloir du temps pour que les clients retrouvent l’envie de venir au restaurant et ce n’est pas gagné. Qui aura envie d’être servi par des gens qui portent des masques ?»

Boulangers et traiteurs livrent à domicile

Pendant le confinement, les boulangeries de la ville ainsi que les charcutiers-traiteurs proposent la préparation de commandes sur appel téléphonique, avec retrait rapide et livraison à domicile. Retrouvez leurs coordonnées et horaires d’ouverture sur notre page dédiée aux commerces ouverts et autres services disponibles.

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