Chaque semaine, les bénévoles de l’association EI2R distribuent des paniers alimentaires à près de 300 étudiants du campus du Madrillet. Une activité qui connaît une demande grandissante.
Devant l’un des bâtiments universitaires du campus du Madrillet, une file d’étudiantes et d’étudiants s’étend dans la nuit face à un petit hall éclairé. Non loin de là, un camion floqué de l’inscription « EI2R, Épicerie itinérante de Rouen et sa région » est garé, portes grandes ouvertes. À l’intérieur de la salle, 6 bénévoles installés derrière des tables s’affairent à distribuer lait, pâtes, fruits et autres denrées alimentaires aux 130 étudiants venus ce soir-là.
« Notre plus belle ambition, ce serait qu’on n’ait plus de clients », lance un membre de l’association, tout en tendant quelques pommes à un étudiant.
Épicerie pas comme les autres, l’EI2R réalise depuis 2014 des distributions d’aide alimentaire au cœur des différents campus de l’agglomération rouennaise. Initialement réalisées à Mont-SaintAignan, les distributions se sont étendues au site du Madrillet, à celui de Pasteur et, depuis peu, à l’IUT d’Elbeuf. Un peu moins de la moitié des bénéficiaires stéphanais sont issus des deux écoles d’ingénieurs du campus, l’Insa et l’Esigelec.
Soixante bénévoles et trois camions
« J’ai connu l’association à travers l’université, par des amis, confie Romayssae, étudiante en première année de chimie à l’université. Ça nous aide beaucoup, surtout que nous sommes des étudiants étrangers et que nous n’avons pas de bourses. »
Face à l’impossibilité de toucher des bourses du Crous, les étudiants étrangers non-européens sont souvent confrontés à des situations de grande pauvreté et contraints de se tourner vers l’aide alimentaire. D’après Olivier Brant, le président de l’EI2R, 80 à 90% des bénéficiaires de l’EI2R seraient des étudiants internationaux.
Passée de 5 bénévoles à sa création à 60, l’association dispose désormais de trois camions et aide 1 000 étudiants chaque année auxquels s’ajoutent 400 personnes dans les régions rurales de Seine-Maritime. L’EI2R peine aujourd’hui à répondre à une demande qui a largement augmenté depuis quelques années.
« Ça fait 5 ans que je suis là et il n’y avait qu’une seule journée de distribution au Madrillet. Maintenant, il y a deux distributions le mardi et le jeudi et on a 135 à 140 étudiants chaque journée », déclare Marie-Danielle, retraitée devenue bénévole de l’association. « Ce qu’on retire des entretiens qu’on a avec les étudiants, c’est qu’il y a une plus grande difficulté à trouver des petits boulots », analyse de son côté Olivier Brant qui évoque lui aussi une tendance qui se serait aggravée suite à la crise du Covid. Devant cette situation déjà tendue, certaines mesures voulues par le gouvernement pourraient encore aggraver la situation.
« Quand on voit qu’il y aurait le projet de supprimer les APL pour les étudiants étrangers non-boursiers, on craint d’être submergés de demandes », glisse à la dérobée un bénévole, faisant référence à cette disposition inscrite dans la loi de finance 2026 et contestée par de nombreuses associations et syndicats étudiants.
« Une mission de service public »
Olivier Brant est le président de l’EI2R qu’il a rejointe en 2015.
Comment s’est créée l’Ei2R ?
L’association a été créée fin 2014 par des bénévoles de la Banque alimentaire de Rouen et sa région. À l’époque, il n’y avait pas d’association spécifiquement dédiée à la distribution alimentaire à destination des étudiants.
Combien y a-t-il de bénéficiaires ?
On distribue grosso modo à 600 étudiants chaque semaine. Comme les étudiants tournent, certains arrêtent leurs études, partent en stage mais que d’autres arrivent en cours d’année, on aide en réalité 1000 étudiants par année universitaire, plus 400 personnes dans les différentes distributions à la campagne.
Comment êtes-vous financés ?
Un colis nous coûte entre 3,50 € et 4 €, contribution qu’on verse à la Banque alimentaire. L’université, l’Insa et l’Esigelec nous versent une subvention équivalente à 2 € par colis distribué et on demande également 1,50 € à chaque étudiant. Il y a aussi des crédits spécifiques du ministère des Solidarités.
Cette année, on a obtenu 15 000 € pour les étudiants. Sans ces aides, on ne pourrait pas boucler notre budget et continuer notre mission, qui est un peu une mission de service public.