Une addition salée pour les restaurateurs

À L’Escale, Christophe Marie redoute le retour du Covid. (photo Jean-Pierre Sageot)

Après les périodes de confinements, le contexte économique est plus que pesant pour les restaurateurs qui cumulent les difficultés.

Article extrait du Stéphanais n° 301 

Ouverts depuis deux, dix ou vingt-cinq ans, café-restaurant de soixante à quatre-vingts couverts ou restauration à emporter, l’ambiance est morose derrière les fourneaux en cette fin d’année. Après avoir relevé le défi de deux années plombées par la crise sanitaire, il est souvent difficile de se relever malgré les aides de l’État.

« Il y a un avant et un après Covid » pour Christophe Marie, patron de L’Escale. « On n’a jamais autant compté. Je vais me battre jusqu’au bout mais avec l’augmentation du gaz et de l’électricité, il faut que l’État fasse quelque chose. » Même avec une clientèle qui reste fidèle, sa fréquentation est irrégulière et ses dépenses baissent. Il a fallu s’adapter au télétravail et aux nouvelles habitudes de consommation avec, entre autres, la vente à emporter. Le Coup de coeur tenu par James Hauchard pendant dix ans n’a pas résisté et a définitivement fermé depuis quatre mois. « C’est le Covid qui m’a tué. Le lendemain du pass sanitaire, j’avais quatre clients le midi, quatre clients le soir. Et ça a duré deux ans ! » À présent, il faut compter avec l’inflation, des factures d’énergie qui grimpent parfois jusqu’au triple, des volailles touchées par la grippe aviaire, le prix des oeufs et de l’huile qui double.

Apres la fermeture de son restaurant le Coup de Coeur, James Hauchard se relance sur un projet de food truck portugais (actuellement en construction) Photo: Jean-Pierre Sageot

Les coulisses de l’info

Dans le contexte économique actuel, les restaurateurs voient les contraintes et les difficultés s’enchaîner. Même si beaucoup résistent, ils sont parfois à bout de ressources. Récemment, le Coup de coeur et le Jardin gourmand ont définitivement baissé le rideau.

S’adapter encore et toujours

La liste des augmentations des matières premières est encore longue et alourdit considérablement les budgets des restaurateurs. « Le restaurant du midi comme on le faisait il y a vingt-six ans est mort maintenant. » Le Commerce de Philippe et Jocelyne Ressencourt n’y échappe pas. « C’est à nous d’être dans notre restaurant. Se diversifier est une des solutions, il faut toujours se remettre en question. On va rogner sur les marges et on va voir ce que cela va donner. » Difficile de tenir sans augmenter le prix des plats ou réduire les quantités servies. Deux solutions qu’ils refusent tous pourtant d’adopter.

Christele Jego prepare des menus avec un plat frais et fait maison different chaque jour dans son restaurant de vente a emporter. (photo: Jean-Pierre Sageot)

Pour Christelle Jego, l’issue du moment est « la partie traiteur sur les week-ends, un service de plus sans qu’il prenne plus de temps sur le travail de la semaine », tout en espérant augmenter le nombre de repas à emporter que propose depuis un an et demi Comme chez Mam’s. Les retours positifs de la clientèle et les bons avis partagés sur internet ne suffisent toutefois pas à se projeter dans l’avenir. Le moral oscille entre résistance et inquiétude. Christophe Marie reconnaît avoir peur quand il entend encore parler du Covid. « Si ça recommence, on est morts ! »

A savoir

Amap en ville

Depuis août 2021, l’antenne stéphanaise des Francas 76 gère une Amap (Association pour le maintien d’une association d’une agriculture paysanne). Cette initiative permet à la population d’acheter des produits alimentaires frais directement aux producteurs. L’Amap est actuellement située dans les locaux des Francas à proximité du parc omnisports Youri-Gagarine. Il est prévu qu’elle s’installe à l’avenir dans les locaux vacants de l’ancien magasin Amisports du centre ancien et qu’elle devienne alors une coopérative alimentaire.


« En relation avec les commerçants »

Interview de Jade Le Gall, chargée de développement de l’activité commerciale et économique à la mairie.

Quelles sont les compétences de la mairie pour le commerce ?

Elle est en relation avec les commerçants pour les actions de proximité comme les animations commerciales et la gestion du domaine public : la demande de terrasse ou d’enseigne, l’installation de food-truck, la gestion des déchets. Elle fait le relais avec la Métropole qui gère l’organisation spatiale du commerce sur son territoire et le nettoyage de la chaussée, le ramassage des déchets.

Peut-elle aider à la reprise d’un commerce ?

Quand un commerce ferme, je peux contacter la CCI (chambre de commerce et d’industrie) pour voir si elle a dans son fichier des porteurs de projet qui pourraient reprendre le local. La mairie peut racheter des cases commerciales. Elle dispose d’un droit de préemption pour racheter les murs et avoir un regard sur les activités qui s’implantent pour correspondre aux besoins de la population. C’est plus compliqué avec la vente d’un fonds de commerce qui implique de reprendre le stock, éventuellement des employés et d’être en mesure de gérer l’établissement.

Comment soutenir les restaurateurs ?

Je peux les orienter vers des dispositifs d’aide de la Région et de la Métropole. La mairie peut accorder des subventions exceptionnelles, destinées à un secteur d’activité et non à un commerce seul. Pendant la crise du Covid, nous les avons exonérés des droits de terrasse et on exonère les taxes sur les enseignes jusqu’à 12 m2. Jusqu’en décembre, les mercredis, on teste un food-truck de cuisine antillaise sur la place de l’église pour permettre à un commerçant stéphanais de développer son activité.

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