Le mercredi 10 septembre, le rond-point des Vaches a été bloqué dans le cadre de la journée de lutte contre l’austérité du Gouvernement. Entre appréhensions et espoirs, les manifestants espéraient bien faire entendre leurs voix.
« Si je suis là aujourd’hui, c’est à cause de la politique d’austérité, de la répression des libertés, d’une politique économique qui s’attaque toujours aux mêmes personnes et discrimine les plus vulnérables avec des discours odieux, racistes et fascisants. » Le visage éclairé par la lueur vacillante d’un feu de palette allumé sur un terre-plein routier, Marie, travailleuse sociale, évoque les raisons qui l’ont poussée à rejoindre la mobilisation de ce mercredi 10 septembre.
Arrivés dès cinq heures du matin sur le rond-point des Vaches, ils étaient environ deux cents à bloquer, durant toute la matinée, la circulation des camions dans le cadre de la journée nationale de mobilisation contre la politique d’austérité du gouvernement. En plus du rond-point des Vaches, d’autres manifestants ont également tenté de bloquer le rond-point de la Motte à Rouen mais ont été rapidement délogé par les forces de l’ordre.

Décidé par une assemblée citoyenne, le blocage rassemblait des manifestants issus d’horizons très divers. Une pluralité dont se félicite Marie qui y voit une force pour le mouvement. « Il y a plein de personnes différentes et c’est bien parce que les gens se rencontrent, ils partagent les mêmes galères. Il y a des anciens de gilets jaunes, mais aussi a des nouveaux qui se sont agglomérés, ça discute vachement et l’ambiance est plutôt bonne. »
Cakes salés et gingembrade
Afin de leur permettre de tenir toute la matinée, les manifestants ont pu compter sur l’aide d’un collectif de cantine populaire qui, pour l’occasion, avait préparé de la nourriture et des boissons. « Là, il y a de la tarte aux pommes avec amandes et sans amandes, il y a des cakes salés aux herbes, aux épices et natures, on a de la gingembrade (boisson à base de gingembre, NDLR) pour se réveiller et aussi des bananes », détaille Ziggy, membre du collectif en désignant les mets présentés sur deux grands plateaux. « Ce que j’aime bien dans ce collectif, c’est que tu peux venir de partout et de nulle part nous rejoindre et faire de la cuisine. Complète le militant dont le groupe est régulièrement présent en soutient à des événements militants de la région rouennaise. L’intérêt que j’y vois, c’est de montrer aux gens qu’on peut faire beaucoup de choses avec peu d’expérience. »
Malgré cet enthousiasme, certaines appréhensions demeurent, notamment suite aux déclarations du ministre de l’Intérieur qui demandait, le 5 septembre dernier, la plus grande fermeté envers les actions de blocage. « C’est la stratégie de notre gouvernement de faire peur, mais je ne sais pas s’ils y arriveront », déclare Marie. Bien qu’elle se réjouisse que l’action ait pu se passer dans le calme, cette dernière ‒ qui déclare ne plus emmener son fils en manifestation ‒ fait tout de même part de ses craintes concernant de possibles violences policières : « j’avais toujours manifesté en me disant qu’on était en France, dans un État où on avait le droit de faire grève et de manifester, mais des images comme celles qu’on a pu voir avec le mouvement contre la réforme des retraites, où j’ai vu des gens se prendre des trucs dans les mains juste à côté de moi, ne sont pas si lointaines. Je n’ai pas envie de ça. »
Si le blocage s’est dispersé dans le calme sur les coups de midi afin de permettre aux manifestants présents de se rendre à la manifestation prévue à 14h30 en centre-ville de Rouen, de nombreux manifestants présents sur le rond-point sont pourtant déterminés à poursuivre les actions, à l’instar José, syndicaliste CGT et gilet jaune. « Je ne sais pas de quoi c’est le début, mais j’espère que c’est le début de quelque chose. Même si ça piquait un peu ce matin à cinq heures, les gens sont contents et sourient, ils n’ont pas envie d’en rester là. »