Véronique Sageot : la dernière tournée

photo: Loïc Séron

Factrice depuis quarante ans à Saint-Étienne-du-Rouvray, Véronique Sageot connaît tous les recoins de la ville et a été témoin de l’évolution de son métier. À l’heure de la retraite, elle égrène des souvenirs tour à tour chaleureux, cocasses et nostalgiques.

La Poste est, chez elle, une affaire de famille. « J’y ai rencontré mon mari, dont la famille travaillait au tri et en guichet, et nous avons transmis le virus autour de nous ! » sourit-elle. C’est la distribution, le grand air et le contact avec les habitants qu’elle choisit en 1981, lorsqu’elle commence en tant que télégraphiste, apportant les télégrammes et leurs lots d’émotions dans les foyers. Elle tournera ensuite pendant onze ans dans toute la commune puis sera affectée au Château blanc pendant vingt et un ans, puis aux quartiers Maryse-Bastié et Aviateurs pendant sept ans. « J’ai été au contact de toutes les classes sociales et d’habitants aux cultures différentes. J’ai fait le lien entre eux avec mon vélo » souligne-t-elle

Au carrefour du quotidien et de l’humain

Véronique Sageot s’amuse de la jalousie feinte de son mari qui lui répète souvent : « Au guichet, les gens viennent se plaindre. Lorsque le facteur vient chez eux, ils l’accueillent ! » C’est cette proximité sociale qui l’a stimulée. Chaque jour, elle assurait deux tournées de trois heures, s’arrêtant pour discuter avec des personnes âgées ou isolées. « Recueillir des confidences, courir après une lettre qui s’envole ou livrer une jambe de bois, je sais faire ! » se souvient-elle, facétieuse. C’est elle, encore, qui sauvera la vie d’une habitante, alertant les pompiers de l’incendie dans son appartement. Entre 2008 et 2020, La Poste a fait face à une perte de 50 % du volume du courrier et a donc dû diversifier ses services. « La distribution s’est considérablement réduite, remarque la factrice, et mon métier est devenu plus commercial. » Elle parcourt alors plus de distance en scooter et vend des services comme le portage de repas ou le dispositif « Veiller sur mes parents ». « Je suis consciente que mon métier va disparaître. J’ai aimé ce travail physique et social  », fait-elle remarquer, ajoutant que dans sa profession, on compte autant de facteurs que de factrices. Désormais, connue de nombreux·ses Stéphanais·es, elle consacre ses premiers jours de retraite à des tournées amicales, sans courrier ni vélo, mais avec toute la saveur des échanges humains.

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