Violences conjugales : une conférence sur le psycho-traumatisme des enfants

Aux Assises de l’éducation ce vendredi 29 novembre, et dans le cadre de la semaine de lutte contre les violences faites aux femmes, organisée par la Ville, Sandrine Lefebvre, psychologue clinicienne, donne une conférence centrée sur le psycho-traumatisme des enfants exposés aux violences conjugales. Les inscriptions étant closes, la Ville vous propose un aperçu de cette conférence.

En plus de son cabinet de psychologue clinicienne à Sotteville-lès-Rouen, Sandrine Lefebvre travaille au centre hospitalier de Saint-Aubin-lès-Elbeuf au sein d’une unité spécialisée dans les violences conjugales. Composée d’un médecin et d’une assistante sociale, cette équipe de trois personnes s’est constituée en mars 2010. « On s’est rendu compte qu’aux urgences, les violences conjugales étaient très mal prises en charge », explique Sandrine Lefebvre qui appartient à cette unité précurseur en Seine-Maritime.

Tension et violences psychologiques

Car, contrairement aux idées reçues, les violences conjugales n’englobent pas uniquement les femmes battues, mais aussi les violences psychologiques que peuvent subir un·e conjoint·e. Il n’est pas évident de les reconnaître, surtout au début. « Les violences commencent lorsque l’auteur va vouloir nuire à la personne, et avec une volonté délibérée. Cela commence par des micro-violences comme des remarques désobligeantes », argumente la psychologue insistant sur la non-réciprocité pour caractériser une violence subie. Et souvent, l’auteur de violences conjugales « répète ce qu’il connaît ou ce qu’il a vécu étant plus jeune ».

Des enfants oubliés

C’est là qu’intervient le cœur de son intervention aux Assises de l’éducation : le psycho-traumatisme des enfants exposés aux violences faites aux femmes. Ces derniers ont tendance à être oubliés ou négligés alors qu’ils sont aussi victimes des violences conjugales, même sans assister directement aux scènes de violences. « Ce sera surtout une sensibilisation au psycho-traumatisme, on en a tous une idée mais pas forcément dans la réalité. L’idée est d’expliquer ce qu’il se passe pour un enfant exposé à la violence de sa mère, de la part de son père ou du compagnon de sa mère. Parce que lui aussi est traumatisé, il s’agit d’essayer de comprendre le mécanisme et les répercussions chez l’enfant. »

Des conséquences graves qui peuvent poursuivre l’enfant lors de sa vie d’adulte : « Si on prend un homme violent, ce sont toujours des récidivistes, on répète ce que l’on connaît le mieux. Lorsque l’on vit dans un contexte de violences conjugales, on aura tendance à répéter la violence ou bien à en être victime. »

Des actes minimisés

Sandrine Lefebvre observe que les victimes de violences conjugales ont tendance à minimiser l’impact chez leur enfant en avançant le fait que l’enfant dormait, n’a rien entendu, qu’il a un bon père. « Sauf que ce n’est pas possible, on ne peut pas être un bon père et taper sa femme, c’est incompatible », reprend-t-elle.

Pour la psychologue, l’enfant n’est plus seulement témoin de violences conjugales mais aussi victime « à cause de toute cette tension qu’il y a à la maison, toutes ces remarques, toutes ces violences psychologiques et verbales où, justement la violence empêche la femme de se réaliser en tant que mère et d’être dans une parentalité tranquille avec son enfant ». Même si c’est plus rare, des hommes peuvent aussi être victimes de violences conjugales de la part d’une femme.

Vigilance citoyenne

Chacun peut signaler des situations qui lui paraissent étranges. Si cela concerne un enfant victime de violences conjugales, Sandrine Lefebvre conseille de se tourner vers la Crip (cellule rassemblant toutes les informations préoccupantes), un centre de victimologie pour mineurs. « Quand on a des suspicions, il ne faut jamais rester seul et toujours en parler à des professionnels. Si on travaille en équipe, on peut déjà en parler à ses collègues. Et on peut aussi faire un signalement à la cellule Crip en disant qu’on est inquiet pour tel enfant de par les propos qui nous sont tenus. » Autre possibilité : orienter l’enfant et/ou sa mère vers les urgences ou au Casa (centre d’accueil spécialisé pour les agressions au CHU de Rouen). Dans ce centre, les victimes ont la possibilité de porter plainte, faire constater leurs blessures et être conseillées.

Infos pratiques.

Page d’informations sur l’équipe mobile hospitalière d’aide aux victimes de violence dont fait partie Sandrine Lefebvre.

Coordonnées de la Crip de Seine-Maritime (cellule de recueil des informations préoccupantes) :

cdpe76@seinemaritime.fr – 02.35.03.51.15.

Adresse : Direction ASE / PMI – Cellule enfance en danger -Quai Jean-Moulin – BP 3049 – 76041 Rouen Cedex

Casa de Rouen : 02.32.88.82.84 (centre situé à proximité du service des urgences adultes du CHU de Rouen : Pavillon Dévé 2 – rez-de-jardin).

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