Fiche d’identité
Naissance : 9 février 1884, Saint-Georges-des-Groseillers (61).
Décès : 1er juin 1916 (32 ans), Vaux-devant-Damloup (55).
Profession : coiffeur, puis employé des chemins de fer.
Grade : soldat, 24e Régiment d’Infanterie, classe 1904.
Campagne contre l’Allemagne : 4 août 1914 au 1er juin 1916 (1 an et 9 mois).
Décoration : Croix de guerre avec étoile de bronze.
À quoi ressemblait-il ?
Émile Duhazé mesurait 1m56. Il avait le crâne rasé et les yeux gris-bleu.
Les archives ne nous renseignent pas sur son niveau d’instruction.
Il était marié à Armantine Gaumand et habitait rue de l’Industrie, à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Biographie
Émile Pierre René Duhazé naît le 9 février 1884 à Saint-Georges-des-Groseillers (61), dans une famille d’ouvriers textile. Il grandit auprès de sa sœur aînée et de son frère cadet. Alors qu’il a 11 ans, ses parents divorcent, fait très rare à la fin du XIXe siècle. Les archives ne sont pas très claires quant à la suite de l’histoire. Néanmoins, le père, Pierre Duhazé, se remarie à Saint-Étienne-du-Rouvray (76) en 1898. Émile Duhazé a alors 14 ans. Sa mère semble s’être également installée dans la commune.
En 1904, le jeune homme se présente aux bureaux de l’Armée pour réaliser son service militaire obligatoire. Une fiche de renseignements est dressée, dans laquelle on apprend qu’il exerce la profession de coiffeur.
Entre 1905 et 1907, Émile Duhazé sert au sein du 74e R.I. (Régiment d’Infanterie). De retour à la vie civile, il commence à travailler à la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest, comme de nombreux Stéphanais. En août 1908, âgé de 24 ans, il épouse Armantine Gaumand. Le couple donne naissance à un fils, Armand, en juin 1909, et à une fille, Raymonde, en février 1911. L’année suivante, la famille s’installe à Épinay-sur-Seine (93), au nord de Paris. Il est probable que la mère d’Émile Duhazé, Marie Vaugeois, le suive là-bas car on y retrouve ses traces dans les archives.
Quand la guerre éclate, en août 1914, le jeune homme a désormais 30 ans. Il rejoint le 74e R.I. Ce dernier est cantonné dans la caserne Pélissier, à Rouen. Le 5 août, le 74e R.I. défile à pieds dans les rues de la rive gauche de Rouen et rejoint la gare Saint-Sever. La foule, venue le saluer, est en liesse. Les troupes sont acheminées en train jusqu’à la frontière belge, dans les Ardennes. Elles y restent une dizaine de jours, le temps de réaliser des exercices et des manœuvres et d’inculquer quelques notions pratiques aux soldats fraichement mobilisés. Le 16 août, le 74e R.I. traverse la frontière belge et marche vers Charleroi, où les premiers échangent de tirs ont lieu le 21 août. Le lendemain, un tiers du 74e R.I. est décimé au village des Roselies : le régiment perd près de 1 100 hommes en quelques heures ! Dans les jours qui suivent, Émile Duhazé vit la Retraite, épisode douloureux où l’armée française fuit péniblement devant la rapide progression allemande. Il connaît par la suite les batailles de la Marne (septembre 1914), les fraternisations de Noël 1914 et les terribles offensives d’Artois, qui virent tant de Stéphanais tomber (1915). En avril 1916, le 74e R.I. est acheminé vers Verdun, où la célèbre bataille a débuté depuis maintenant deux mois. Le régiment y vit des heures très dures, sous d’intenses bombardements et les attaques répétées des Allemands. Mais, pour sa bravoure, il recevra une citation à l’ordre de la IIe Armée. Pendant la courte période de repos qui suit, Émile Duhazé passe au 24e R.I., qui tient le même secteur. Celui-ci est en train de se reformer après avoir subi des pertes importantes. Le 25 mai 1916, le jeune homme et son nouveau régiment sont envoyés tenir le secteur du Bois de la Caillette. L’endroit, peu aménagé (il n’y a pas de tranchées et presque aucun abris), est exposé à des bombardements d’une intensité inouïe durant plus de 5 jours. Le 1er juin, le 24e R.I., qui compte plus de 1 200 tués ou évacués depuis le 25 mai, est assailli par les Allemands, supérieurs en nombre et précédés par des lance-flammes. Les archives mentionnent 1728 disparus… ! Très peu en réchappent : le régiment est littéralement anéanti. Durant ces terribles heures, Émile Duhazé est porté disparu, à l’âge de 32 ans.
Citation posthume au Journal officiel de la République française, 1er septembre 1922 :« Brave soldat. Mort pour la France, le 1er juin 1916, au bois de la Caillette, en accomplissant son devoir ».
Que devient la famille d’Émile Duhazé après sa disparition ?
Il semble qu’entre 1914 et 1916, la famille du soldat soit revenue s’installer à Saint-Étienne-du-Rouvray, rue de l’Industrie.
C’est là que la veuve reçoit la nouvelle de la disparition de son époux, apportée par le maire de la commune à la fin du mois d’août 1916. La jeune femme perçoit une aide immédiate de l’État au mois de décembre. Néanmoins, au regard de la Loi, Armantine Gaumand n’est pas considérée comme veuve et ne peut recevoir la pension des veuves de guerre. Ses enfants, orphelins à 7 et 5 ans, sont néanmoins adoptés comme pupilles de la Nation en octobre 1920. Cela signifie que l’État assure une aide financière jusqu’à leur majorité, afin de palier l’absence du père mort à la guerre. Le décès d’Émile Duhazé ne sera, quant à lui, officialisé qu’en 1921 par un jugement déclaratif émis par le tribunal de Rouen.
Sources : fiche matricule, fiche MdH, actes de naissance et de décès, registres d’état-civil de Saint-Étienne-du-Rouvray, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire des 74e et 24e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Mohamed L’JOUHARI, 3eB, collège Paul Eluard, 2025.