Devoir de mémoire – biographie de Paul MAUPU

Fiche d’identité

Naissance : 31 juillet 1888, Envermeu (76).
Décès : 22 mai 1916 (27 ans), Douaumont (55).
Profession : boulanger.
Grade : soldat, 36e Régiment d’Infanterie, classe 1908.
Campagne contre l’Allemagne : 3 août 1914 au 22 mai 1916 (1 an et 9 mois).
Décoration : Croix de guerre avec étoile de bronze.

À quoi ressemblait-il ?

Paul Maupu mesurait 1m60. Il avait le crâne rasé et les yeux noisette.
Il avait un niveau d’instruction primaire, ce qui signifie qu’il avait terminé l’école primaire à 13 ans, sans passer le certificat d’études.
Il était marié à Augustine Benoist et vivait avec elle au 109 rue Carnot, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Paul Henri Maupu naît le 31 juillet 1888 à Envermeu (76), dans une famille originaire d’Eure-et-Loir. Le père, voyageur de commerce, est peu présent. Paul Maupu grandit donc auprès de ses sept frères et sœurs, élevés essentiellement par sa mère.

En 1908, âgé de 20 ans, le jeune homme se présente aux bureaux de l’Armée pour réaliser son service militaire obligatoire. Dans le dossier de renseignement complété à cette occasion, on apprend qu’il est boulanger, comme son frère aîné, qu’il vit toujours à Envermeu et qu’il est désormais orphelin de père et mère. Paul Maupu effectue son service militaire à Lisieux (14), au sein du 119e R.I. (Régiment d’Infanterie), entre 1908 et 1911. Rendu à la vie civile, il s’installe à Saint-Etienne-du-Rouvray (76) et
épouse Augustine Benoist. Le couple emménage au 109 rue Lazare Carnot quelques jours avant la déclaration de guerre.

Dès que l’ordre de mobilisation est lancé, Paul Maupu, âgé de 26 ans, rejoint le 119e R.I., qui termine de se rassembler entre Rethel et Amagne (08). Le régiment est tout d’abord envoyé garder les ponts sur la Meuse, puis il vole au secours de l’armée belge, qui se fait déborder rapidement par la progression allemande. Le baptême du feu a lieu, pour le jeune homme et ses camarades, lors de la bataille de Charleroi (22 août 1914), qui est une défaite cuisante pour les Français. S’ensuit la retraite, épuisante, qui dure plusieurs jours. Cette phrase de l’Historique du 119e R.I. est révélatrice de l’ambiance qui règne alors… : « la fatigue est extrême, l’angoisse morale à son paroxysme ». Vient ensuite la bataille de la Marne, au début du mois de septembre 1914. Puis, pendant plusieurs mois, jusqu’en avril 1915, le 119e R.I. demeure au nord de Reims (51), dans le secteur du Godat.

Le 10 mai 1915, Paul Maupu et son régiment sont envoyés en Artois, où ils prennent part à l’offensive qui vient d’y être déclenchée. D’abord en réserve, le 119e R.I. est en première ligne à partir du mois de juin, dans le secteur d’Aix-Noulette (62). Plusieurs stéphanais y trouvent la mort, dans les violents affrontements quotidiens : Rémi Legendre (soldat au 24e R.I., mort à 27 ans le 25 mai 1915), Léon Brière (soldat au 28e R.I., mort à 36 ans le 26 mai 1915) et Paul Delahais (caporal au 119e R.I., mort à 27 ans le 26 juin 1915). Le mois de juillet 1915 est passé dans la région de Neuville-Saint-Vaast (62), où l’on prépare l’offensive à venir : la 3e Bataille de l’Artois. 10 jours avant le début de l’attaque, Paul Maupu est affecté au 36e R.I., qui combat au même endroit. Le 25 septembre, le nouveau régiment est lancé contre les tranchées allemandes. Pour sa belle conduite, il recevra une citation.

D’octobre 1915 à mars 1916, le 36e R.I. est au repos entre Amiens (80) et Compiègne (60). Tenu à l’écart des combats, il connaît néanmoins des heures difficiles, à creuser des tranchées et à souffrir du froid glacial de l’hiver. Début avril 1916, Paul Maupu et ses camarades sont acheminés vers Verdun (55), où la célèbre bataille a commencé deux mois plus tôt. Là, on se bat tous les jours et les bombardements sont d’une violence inouïe. Le 22 mai 1916, le 36e R.I. a pour ordre de reprendre le fort de Douaumont. En fin de matinée, lorsque les compagnies s’élancent hors des tranchées, elles sont écrasées par un feu nourri de mitrailleuses et de tirs d’obus. Les pertes sont nombreuses. En 6 jours, le régiment compte 175 tués, 670 blessés et 459 disparus…soit plus de 1300 victimes. Parmi eux se trouve Paul Maupu, porté disparu à l’âge de 27 ans. L’épouse du jeune homme ne reçoit un avis officiel de disparition qu’en janvier 1917, près de 8 mois après les faits. Son décès n’est quant à lui rendu officiel qu’en septembre 1921, après un jugement du tribunal civil de Rouen. Pour son courage, Paul Maupu recevra à titre posthume une citation et la médaille de la Croix de guerre.

Citation au Journal officiel de la République, 1er août 1922 : « Soldat courageux et dévoué. Tombé glorieusement à son poste de combat, le 22 mai 1916, devant Douaumont ».

Anecdote

Les attaques du 22-23 mai 1916, effectuées près du fort de Douaumont, sont meurtrières pour Saint-Étienne-du-Rouvray.

Outre Paul Maupu, Raoul Rocher (129e R.I.), âgé de 19 ans, et Marcel Lebrun (74e R.I.) âgé de 28 ans, y sont également tués.


Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, archives d’Etat-civil d’Envermeu, fiche MdH, Livre d’Or,
Historiques et J.M.O. des 119e et 36e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Leyla CHOURIA, 3eC, collège Paul Eluard, 2025.