Devoir de mémoire – biographie de Pierre LECHARTIER

Fiche d’identité

Naissance : 28 décembre 1895, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 6 juin 1915 (19 ans), Vauquois (55).
Profession : terrassier.
Grade : sapeur au 1er Régiment du Génie, classe 1915.
Campagne contre l’Allemagne : du 20 décembre 1914 au 6 juin 1915 (6 mois et demi).
Décoration : Croix de guerre et médaille militaire.

À quoi ressemblait-il ?

Pierre Lechartier mesurait 1m72. Il avait les cheveux blonds et les yeux bleus.
Il savait lire et écrire, mais n’avait probablement jamais terminé son cursus scolaire.
Il était célibataire et vivait au 27 rue Jardin Œillet, à Oissel.

Biographie

Pierre Georges Lechartier naît le 28 décembre 1895 à Saint-Étienne-du-Rouvray (76). Il est le benjamin d’une famille ouvrière. Les parents déménagent durant sa petite enfance dans la commune voisine, Oissel. Là-bas, il voit son frère aîné se marier en 1908 puis ses deux autres frère et sœur, en 1913. Très tôt, Pierre Lechartier exerce la profession de terrassier.

En août 1914, lorsque la guerre éclate, il n’est âgé que de 18 ans et demi. Encore trop jeune pour être appelé, il voit, autour de lui, les hommes partir au front, notamment ses deux frères, Albert (1887-1961) et François (1889-1973). Le conflit rattrape néanmoins rapidement le garçon. Pierre Lechartier n’aurait dû, théoriquement, devoir un service à l’Armée qu’à partir de ses 20 ans (soit en 1915, voire en 1916). Suite aux nombreuses pertes des premiers mois de la guerre, la France a cependant besoin de soldats. L’Armée appelle près de 18 mois en avance les nouvelles recrues.

Une semaine après avoir célébré son dix-neuvième anniversaire, le 20 décembre 1914, Pierre Lechartier est mobilisé et rejoint le 1er Régiment du Génie (1er R.G.), où il devient sapeur-mineur. Après une probable période de formation, le jeune homme est envoyé dans la Meuse, où il sert pendant quelques mois.

Son quotidien est occupé par le travail d’aménagement de tranchées et de boyaux de communication. Il doit également creuser des sapes vers les tranchées ennemies, afin d’y poser des mines… C’est un travail dangereux et angoissant. Durant cette guerre souterraine (appelée « guerre des mines »), les soldats sont en permanence à l’affut, guettant le moindre bruit qui pourrait indiquer que l’ennemi est en train de creuser tout près pour faire sauter la tranchée. Le courage et l’énergie du jeune homme sont reconnus par ses supérieurs. Le 6 juin 1915, dans la région de Vauquois (55), une mine allemande saute tout près de Pierre Lechartier. Il est tué sur le coup, à l’âge de 19 ans, faisant partie des plus jeunes victimes stéphanaises.

Citation à l’ordre du régiment, 18 juillet 1919 : « Excellent sapeur, énergique et courageux. Tué à Vauquois le 6 juin 2015 par l’explosion d’une mine allemande ».

Une famille dans la guerre

Les frères de Pierre Lechartier, plus âgés, sont eux-aussi appelés. L’aîné, Albert (27 ans au début de la guerre), est tout d’abord exempté, puis reconnu apte au combat par une commission de Réforme en juillet 1915. Il sert au sein de l’Artillerie jusqu’à la fin du conflit. Le second, François, 24 ans en 1914, sert également au sein de l’Artillerie lourde, entre 1914 et 1918. Tous deux rentreront sains et saufs de la guerre, au contraire de leur frère cadet.

Les archives nous apprennent également que Pierre Lechartier est le cousin germain de Georges Turquier (1894-1916) et de Marcel Turquier (1894-1915). Ces trois très jeunes Stéphanais sont envoyés au combat dans les tous premiers mois du conflit et n’en reviendront pas. Marcel Turquier est blessé mortellement le 26 avril 1915 et décède à l’hôpital le 5 mai suivant à l’âge de 20 ans. Pierre Lechartier est quant à lui tué par l’explosion d’une mine allemande un mois plus tard. Si leur cousin, Georges Turquier, leur survit, ce n’est que pour être à son tour blessé gravement en avril 1916. Ce dernier succombe lors de son évacuation en ambulance, à 21 ans.

La famille est donc, en moins d’un an, triplement endeuillée par la perte de ses fils, fauchés en pleine jeunesse. Le deuil, insupportable, est accompagné d’une terrible angoisse à l’idée que les autres jeunes hommes envoyés au front ne reviennent pas non plus…


Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, fiche MdH, Historique du 1er R.G.
Autrices : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie, et Cidem KARAKURT, 3eB, collège Paul Eluard, 2024.