Fiche d’identité
Naissance : 7 mars 1896, Les Hogues (27).
Décès : 4 mai 1917 (21 ans), Cormicy (51).
Profession : terrassier.
Grade : chasseur, 18e Bataillon de Chasseurs à Pied, classe 1916.
Campagne contre l’Allemagne : 12 avril 1915 au 4 mai 1917 (2 ans).
À quoi ressemblait-il ?
Léon Jourdain mesurait 1m65. Il avait les cheveux châtains et les yeux gris.
Il savait lire et écrire, mais n’avait probablement jamais terminé son cursus scolaire.
Il était marié avec Armandine Simon et vivait au 15 rue de l’Industrie, à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Biographie
Léon Jourdain naît le 7 mars 1896 aux Hogues (27), près de Lyons-la-Forêt. Sa mère, une jeune ouvrière de filature de 23 ans, célibataire, lui donne son nom.
En 1898 naît une sœur cadette, Marie, elle aussi de père inconnu. La famille vit jusqu’en 1911 chez les grands-parents. La mère et le grand-père travaillent tous deux dans la filature de coton La Rouge, située à Perruel (27), dans la vallée de l’Andelle. Entre 1911 et 1916, Léon Jourdain suit sa mère qui vient s’installer à Saint-Étienne-du-Rouvray, probablement pour travailler dans la très grosse filature de la commune. À peine sorti de l’école, le jeune homme devient terrassier.
Lorsque la guerre éclate, en août 1914, Léon Jourdain est encore trop jeune pour être mobilisé : il a tout juste 18 ans. En France, tous les jeunes hommes doivent se présenter pour leur service militaire l’année de leurs 20 ans. Néanmoins, durant la Première guerre mondiale, les pertes sont si importantes que, pour les combler, ces français finissent par être appelés 18 mois plus tôt. Léon Jourdain se présente donc le 12 avril 1915, âgé de 19 ans, aux bureaux de l’Armée. Pour lui, comme pour tant d’autres, le service militaire se fait directement au front. Après une période de formation, le stéphanais rejoint le 18e Bataillon de Chasseurs à Pied (B.C.P.).
Les archives ne sont pas claires quant à la date à laquelle notre soldat monte au front. Durant les années 1915-1916, le 18e B.C.P. combat essentiellement au sud de Verdun, dans le Woëvre. Les noms sont restés célèbres : les Eparges, la tranchée de Calonne, etc.
En avril 1916, le bataillon est plongé dans la bataille de Verdun, qui a commencé depuis deux mois maintenant. L’Historique régimentaire décrit un paysage apocalyptique, où les bombardements constants ont bouleversé le terrain, le laissant à nu, sans aucune protection digne de ce nom.
Léon Jourdain bénéficie-t-il d’une permission au mois de mai 1916 ? Toujours est-il qu’il est présent momentanément sur Saint-Étienne-du-Rouvray, car il y épouse Armandine Simon, qui vient s’installer chez sa belle-mère, rue de l’Industrie. Le jeune homme rejoint ensuite le 18e B.C.P., qui est envoyé début juillet 1916 dans la Somme, où la bataille la plus meurtrière de la Première guerre mondiale bat son plein. Après une période de travaux en Lorraine, dans le froid de la fin de l’hiver, le bataillon se rend au nord de Reims (51). Là, une attaque d’ampleur est prévue le 4 mai 1917 : les hommes du 18e B.C.P. doivent s’emparer du Mont Sapigneul (51), tenu jusqu’ici par les Allemands. Au petit matin, les troupes s’élancent et sont prises sous le feu violent des mitrailleuses ennemies. Les pertes sont lourdes.
Le 18e B.C.P. compte 224 victimes, dont 92 blessés et 109 disparus. Parmi eux figure le nom de Léon Jourdain. Le jeune homme est porté disparu à 21 ans. Un autre stéphanais tombe également ce jour-là : Émile Galot, qui a rejoint le 18e B.C.P. le même jour que Léon Jourdain : il décède de ses blessures quelques jours plus tard. Si la famille semble rapidement prévenue, le décès de Léon Jourdain n’est quant à lui rendu officiel qu’après un jugement rendu par le Tribunal civil de Rouen en 1921. Le corps du jeune homme est finalement retrouvé, puisqu’il est inhumé dans la nécropole nationale de la Maison Bleue, à Cormicy (51).
Anecdote
Le 12 avril 1915, 18 très jeunes stéphanais se présentent aux bureaux de l’Armée, aux côtés de Léon Jourdain. 55,5% de ces jeunes hommes ne reviendra pas de la guerre. Parmi eux se trouvent Marcel Druaux, Georges Delhoute, Albert Dechamps, André Doudement, Émile Duteurtre, Gaston Ecker, Émile Galot, François Lecourt et Raoul Rocher. Tous sont tués avant 22 ans.
Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, recensements de population des Hogues (1896, 1901, 1906 et 1911), fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 18e B.C.P.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Alia BERREZKHAMI, 3eC, collège Paul Eluard, 2025.