Devoir de mémoire – biographie de François PITTE

Fiche d’identité

Naissance : 2 décembre 1892, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 12 septembre 1914 (21 ans), Thillois (51).
Profession : terrassier.
Grade : soldat, 74e Régiment d’Infanterie, classe 1912.
Campagne contre l’Allemagne : 2 août 1914 au 12 septembre 1914 (2 mois).

À quoi ressemblait-il ?

François Pitte mesurait 1m66. Il avait les cheveux châtain clair et des yeux bleus.

Il savait lire mais pas écrire, ayant probablement arrêté l’école très tôt.

François Pitte était marié à Joséphine Jeanfrançois et vivait au 41 rue Parmentier, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

François Gustave Pitte naît à Saint-Etienne-du-Rouvray (76) le 2 décembre 1892. Il est le deuxième enfant d’une fratrie de neuf, dont beaucoup ne survivront pas à la petite enfance. Le garçon grandit dans la commune auprès de ses parents ouvriers, qui iront vivre à Oissel (76) entre 1896 et 1903, avant de revenir à Saint-Étienne. Dans les faits, François Pitte est l’aîné des enfants survivants et a six ans d’écart avec sa première sœur cadette. Le jeune homme quitte très tôt l’école et devient terrassier, comme son père. Le 5 août 1911, alors âgé de 18 ans, François Pitte épouse Joséphine Jeanfrançois, une jeune fille orpheline originaire de Oissel, employée à la Société cotonnière, la grande filature de la ville. Au mois de mars suivant, le couple donne naissance à un fils, Gustave Pitte.

En 1913, le Stéphanais se présente aux bureaux de l’Armée pour son service militaire obligatoire. Il effectue ce dernier au sein du 4e R.Z. (Régiment de Zouaves), dont la caserne se trouve à Tunis, dans les colonies françaises d’Afrique du Nord. Quelques jours avant la déclaration de guerre, le 28 juillet 1914, François Pitte (âgé de 21 ans) est affecté au 74e R.I. (Régiment d’Infanterie). Ce dernier est cantonné dans la caserne Pélissier, à Rouen. Le 5 août, après quelques jours de préparation, le 74e R.I. défile à pieds dans les rues de la rive gauche de Rouen et rejoint la gare Saint-Sever. La foule, venue le saluer, est en liesse. Les troupes sont acheminées en train jusqu’à la frontière belge, dans les Ardennes. Elles y restent une dizaine de jours, le temps de réaliser des exercices et des manœuvres, et d’inculquer quelques notions pratiques aux soldats fraichement mobilisés. Le 16 août, le 74e R.I. traverse la frontière belge et marche vers Charleroi. Le Journal de Marche et d’Opérations évoque l’approche ennemie : les Allemands, violant la neutralité belge, ont envahi le pays. Le 21 août, deux compagnies du 74e R.I. échangent quelques tirs avec l’ennemi. Mais c’est le 22 août que le tout premier combat a lieu. Le village des Roselies, vidé de ses habitants, est le théâtre de combats de rue d’une extrême violence. Les Allemands, armés de mitrailleuses, sont embusqués dans les maisons désertées et abattent méthodiquement les soldats français. Ce jour-là, près d’un tiers du 74e R.I. est décimé, soit près de 1 100 hommes. Plusieurs Stéphanais tombent à cette occasion (Athanase Massieu et Émile Lepesqueur, âgés de 21 et 22 ans, tous deux au 74e R.I., ainsi que Gaston Notias, du 239e R.I., âgé de 31 ans). François Pitte, quant à lui, en réchappe. Après ce désastre, l’armée française recule précipitamment. Dans des conditions dantesques, le 74e R.I. bat en retraite. Au mois de septembre 1914, le régiment prend part à la célèbre bataille de la Marne, qui permet d’arrêter les troupes allemandes avant qu’elles n’atteignent Paris. Le 12 septembre 1914, les différents bataillons du 74e R.I. tentent de reprendre les positions allemandes en lisière de Thillois (51). Au cours du combat, François Pitte, à peine âgé de 21 ans, est porté disparu.

L’avis officiel de disparition n’est reçu par la famille qu’en février 1916, apporté par le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray qui avait la difficile mission de venir annoncer la mort ou la disparition d’un soldat à ses proches. Comme de coutume, c’est un jugement déclaratif de décès, rendu par le tribunal de Rouen, qui finit par officialiser la mort de François Pitte, en novembre 1920…soit plus de quatre ans après ! L’année suivante, le fils de François Pitte, Gustave, est adopté comme pupille de la Nation. L’État français lui apportera désormais une aide financière jusqu’à sa majorité, comme aux autres orphelins de la guerre.

Anecdotes

  • Le jour de la disparition de François Pitte, un autre soldat stéphanais est porté disparu au Thillois : Alphonse Berthelot, du 39e R.I., mort pour la France à 25 ans.
  • François Pitte est le jeune beau-frère de Joseph Jeanfrançois (1888-1918), également sur le monument aux morts.

Une famille endeuillée par les guerres

L’épouse de François Pitte, Joséphine Jeanfrançois, est orpheline depuis ses 13 ans. Elle a, dans sa fratrie, deux frères aînés : Théodore (1884-1917) et Joseph (1888-1918), qui est d’ailleurs témoin à son mariage en 1911. Tous deux sont mobilisés pendant la guerre. Si la jeune femme devient veuve dès septembre 1914, elle apprend, en juillet 1917, la mort de son frère aîné, Théodore (33 ans), qui vient de succomber à ses blessures dans un hôpital orléanais. Son autre frère, Joseph (30 ans), qui vit près d’elle à Saint-Étienne-du-Rouvray, est quant à lui tué au combat en juillet 1918.

Quand la Seconde guerre mondiale éclate, en septembre 1939, Joséphine Jeanfrançois, désormais âgée de 47 ans, voit son fils, Gustave, être mobilisé à son tour, au sein du 72e R.I. Fait prisonnier par les Allemands, le jeune homme est interné au camp de Bilin (aujourd’hui Bilina, en République Tchèque) et meurt de maladie en 1942, à l’âge de 30 ans, laissant sa mère une fois de plus endeuillée.


Sources : fiche matricule, fiche MdH, actes de naissance, de mariage et de décès, registres d’état-civil de Saint-Étienne-du-Rouvray, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 74e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Carl CHUETTE, 3eB, collège Paul Eluard, 2025.