Devoir de mémoire – biographie de Marcel DUVAL

Fiche d’identité

Naissance : 5 juin 1886, Saint-Étienne-du-Rouvray.
Décès : 20 août 1915 (29 ans), Pauillac (33).
Profession : menuisier.
Grade : soldat, 136e Régiment d’Infanterie, classe 1906.
Campagne contre l’Allemagne : 4 août 1914 au 20 août 1915 (1 an).

À quoi ressemblait-il ?

Les archives n’apportent aucune description physique de Marcel Duval.
Son niveau d’instruction scolaire n’est pas noté.
Il était marié à Louise Klein, avec qui il vivait 159 rue Gambetta, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Biographie

Marcel Valentin Duval naît le 5 juin 1886 à Saint-Étienne-du-Rouvray (76). Deuxième fils d’une famille modeste originaire de l’Orne, il grandit dans la commune, auprès de ses trois frères. L’un d’eux, Georges, n’atteint pas ses deux ans, et décède en 1889. En juin 1900, alors que Marcel Duval vient d’avoir 14 ans, son père décède. La veuve élève seule ses trois fils. En 1907, le jeune homme se présente aux bureaux de l’Armée afin de réaliser son service militaire obligatoire. Dans la fiche de renseignements réalisée à cette occasion, on apprend qu’il est menuisier. Marcel Duval passer deux années complètes au sein du 5e R.I. (Régiment d’Infanterie), cantonné à Falaise. Lorsqu’il retourne à la vie civile, il rencontre Louise Klein, qu’il épouse à Saint-Étienne-du-Rouvray en juillet 1913. Le couple, qui a alors 27 ans, s’installe rue Gambetta.

Les bruits de guerre se font entendre de plus en plus… Au début du mois d’août 1914, le conflit mondial éclate. Comme tous les hommes en âge de combattre, Marcel Duval est mobilisé. Il rejoint le 74e R.I., qui cantonne dans la caserne Pélissier, sur la rive gauche de la Seine. Le 5 août, après quelques jours de préparation, le 74e R.I. défile à pieds dans les rues de la rive gauche de Rouen et rejoint la gare Saint-Sever. La foule, venue le saluer, est en liesse. Les troupes sont acheminées en train jusqu’à la frontière belge, dans les Ardennes. Elles y restent une dizaine de jours, le temps de réaliser des exercices et des manœuvres, et d’inculquer quelques notions pratiques aux soldats fraichement mobilisés. Le 16 août, le 74e R.I. traverse la frontière belge et marche vers Charleroi. Le Journal de Marche et d’Opérations évoque l’approche ennemie : les Allemands, violant la neutralité belge, ont envahi le pays. Le 21 août, deux compagnies du 74e R.I. échangent quelques tirs avec l’ennemi. Mais c’est le 22 août que le tout premier combat a lieu. Le village des Roselies, vidé de ses habitants, est le théâtre de combats de rue d’une extrême violence. Les Allemands, armés de mitrailleuses, sont embusqués dans les maisons désertées et abattent méthodiquement les soldats français. Ce jour-là, près d’un tiers du 74e R.I. est décimé, soit près de 1 100 hommes. Plusieurs Stéphanais tombent à cette occasion (Athanase Massieu et Émile Lepesqueur, âgés de 21 et 22 ans, tous deux au 74e R.I., ainsi que Gaston Notias, du 239e R.I., âgé de 31 ans). Marcel Duval, quant à lui, en réchappe.

Après ce désastre, l’armée française recule précipitamment. Dans des conditions dantesques, le 74e R.I. bat en retraite. Au mois de septembre 1914, le régiment prend part à la célèbre bataille de la Marne, qui permet d’arrêter les troupes allemandes avant qu’elles n’atteignent Paris. À partir d’octobre 1914 et jusqu’en mai 1915, Marcel Duval et ses camarades demeurent au nord de Reims. Ils sont ensuite envoyés combattre en Artois, dans le nord de la France. Le 74e R.I. y connaît de violents combats, en particulier autour de Neuville-Saint-Vaast (62), que l’armée française tente de reprendre aux Allemands. A une période impossible à déterminer, Marcel Duval est affecté en 136e R.I., qui combat dans la même zone depuis le mois de janvier. Là, à cause des mauvaises conditions de vie, le jeune homme contracte une méningite. Évacué du front, il est hospitalisé en Gironde, dans l’hôpital temporaire n°12 de Pauillac (33). Le 20 août 1915, il y décède à l’âge de 29 ans, après une année de guerre.

Anecdotes : une famille dans la guerre

Marcel Duval a deux frères en âge de combattre :

  • Raphaël (né en 1880) a 34 ans au début de la guerre et vit à Paris, dans le 4e arrondissement. Mobilisé dès le début du conflit, il est porté disparu le 17 décembre 1914 à Mametz (80) après seulement 4 mois de combat.
  • Arthur (né en 1891) a quant à lui 23 ans lorsque la guerre éclate. À cause de problèmes de santé chroniques, il est réformé jusqu’en 1917. Là, l’Armée ayant besoin de soldats, il est néanmoins jugé apte au combat et intègre l’Artillerie lourde, au sein de laquelle il servira jusqu’à la fin de la guerre. La mère des frères Duval, veuve depuis 1900, perd donc deux de ses fils à huit mois d’intervalle. Il est aisé d’imaginer son état d’esprit lorsque son benjamin rejoint à son tour le front deux ans plus tard…

Marcel Duval est également le beau-frère d’une autre soldat stéphanais, Alexandre Klein (1880-1915). Mobilisé dès le mois d’août 1914 au sein du 74e R.I. (peut-être que les deux hommes luttent côte à côte s’ils sont dans la même compagnie…), il passe rapidement au 39e R.I. Le 16 février 1915, alors qu’il combat dans la Marne, le jeune homme, âgé de 34 ans, est porté disparu. Louise Klein perd donc son frère aîné (Alexandre Klein) et son époux (Marcel Duval) à six mois d’intervalle…


Sources : fiche matricule, actes de naissance et de décès, registre d’état civil de Saint-Étienne-du-Rouvray, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 74e R.I. et du 136e R.I.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Aymerik OUINE, 3eB, collège Paul Eluard, 2024.