Dans la rue, le monde de la culture refuse de se résigner

Les professionnels de la culture et du monde du spectacle se sont à nouveau rassemblés au centre-ville de Rouen pour montrer leur opposition aux décisions gouvernementales jugées arbitraires. Cette mobilisation, qui visait à obtenir l’ouverture d’un dialogue avec Paris, répondait également à l’appel de l’intersyndicale CGT, Solidaires, FSU, et mouvements lycéens et étudiants, qui a donné lieu à une journée de mobilisation interprofessionnelle dans toute la France.

«Y’en a M’Art», «Sans le spectacle on est mort», «Où suis-je? Qu’ai-je fait? Que dois-je faire encore?», pouvait-on lire sur les pancartes. Ce jeudi 4 février matin, plusieurs centaines de personnes issues du monde du spectacle et de la culture se sont retrouvées sur le parvis du musée des Beaux-Arts de Rouen pour partager à nouveau leur désarroi, leur colère et surtout leur incompréhension face à une situation qui apparaît désormais bloquée. «Notre sentiment est que ce choix de confiner la culture a été très arbitraire», dénoncent Manon Basille et Pierrick Le Bras du trio rouennais de chanson française Huit Nuits, «On est là pour montrer qu’on existe et qu’on veut un peu de considération!». Même exaspération pour Sophie Grassart, plasticienne qui avoue ne pas comprendre cet ostracisme: «On se sent transparent, il n’y a pas de logique!». Pourquoi ce refus d’ouvrir les lieux de culture alors que tant d’autres activités ont repris et qu’un test réalisé grandeur nature en Espagne au mois de décembre a montré que la tenue d’un concert moyennant un protocole sanitaire strict pouvait être sans danger pour le spectateur.

Derrière le silence, souffrance et lassitude

Un peu plus loin, Frédéric Jouhannet, violoniste, est venu avec plusieurs artistes du collectif des Vibrants défricheurs, son humour, mais aussi ses gants de boxe. Il se sent dépité «À vrai dire, on n’attend plus grand chose de ce gouvernement, et pour ma part, je suis surtout venu faire le plein d’énergie!» Danse, musique, performances étaient au rendez-vous: malgré la pluie, sur le parvis du musée des Beaux-Arts, le monde de la culture se serre les coudes et entend montrer que derrière ce grand silence, beaucoup de lassitude et de souffrance, il continue à créer, à exister. Dans les rangs, Raphaëlle Girard, directrice du Rive Gauche ne veut pas se résigner. «On ne peut pas se contenter d’une fermeture jusqu’à nouvel ordre! Il nous faut un peu de visibilité, au moins une date de revoyure, ce qui n’est même plus le cas… Aujourd’hui nous reportons les spectacles mois par mois car il n’est pas question de les annuler, mais quand allons-nous pouvoir reprendre, se remettre à vivre tout simplement? Nous avons beaucoup travaillé sur les protocoles, fermé l’espace restauration et malgré cela, aucun dialogue ne semble possible».

 

Au même moment, la colère grondait aussi de l’autre côté de la Seine, depuis la rive gauche de Rouen, où un autre rassemblement s’est tenu dans le cadre d’une journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle, lancée à l’initiative d’une intersyndicale CGT, Solidaires, FSU, et mouvements lycéens et étudiants. «Cette journée s’inscrit dans la continuité des luttes», tonne Pascal Morel, secrétaire de l’Union départementale CGT de Seine-Maritime «pour la justice sociale, les libertés, les salaires, la défense du service public et contre la précarité sociale». Deux autres rassemblements étaient d’ailleurs prévus simultanément au Havre et à Dieppe. Parti du cours Clémenceau, le cortège rouennais s’est élancé quant à lui vers la rue de la République avant de converger à hauteur du musée des Beaux-Arts avec le monde de la culture, pour se diriger ensuite vers la Préfecture.

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