L’autre danger du Covid: les malades chroniques ne consultent plus

Pendant le confinement, le centre de consultation covid-19 a été installé dans la salle festive pour que les medecins puissent exercer dans de bonnes conditions de sécurité sanitaire. Photo: Jean-Pierre Sageot.

Une semaine après que le CHU de Rouen a rappelé «qu’il reste ouvert pour tous les soins urgents», le 15, les cabinets de médecine de ville et les urgences enregistrent toujours une forte baisse des consultations hors Covid-19. «À croire que les autres problèmes graves de santé sont en confinement!», s’étonne le Dr Cédric Damm, responsable du Samu-centre 15.

Le page Facebook des soignant.e.s stéphanais.es s’en inquiétait également hier: «Depuis le début de l’épidémie, les médecins généralistes constatent une désaffection de leurs patients ayant un suivi médical régulier.»

Baisse des consultations pédiatriques

Même constat dans les consultations de Protection maternelle et infantile (PMI) où le nombre de bébés à vacciner est en baisse: «le risque est d’attraper les maladies pour lesquelles on vaccine», explique le Dr Odile Salmona, pédiatre au Centre médico-social (CMS) de Rouen rive gauche. Et puis, ce qui n’est pas fait sera à faire après le confinement et cela risque de créer des engorgements».

À Saint-Étienne-du-Rouvray, un seul des deux CMS reste ouvert, celui de la rue Ambroise-Croizat: «il n’est pas engorgé, les parents peuvent prendre rendez-vous et venir en toute sécurité faire vacciner leurs enfants» y assure-t-on. Le CMS du Château blanc est quant à lui fermé.

Selon l’Union régionale des médecins libéraux (URML), le risque de ne pas faire vacciner son enfant serait d’«engendrer une catastrophe sanitaire pour la jeune génération».

«Ne pas renoncer aux soins»

L’URML et France Santé Normandie ont eux aussi lancé un appel au public, le 3 avril. Ils mettent en garde les patients atteints de maladies chroniques de «ne pas confondre renoncement aux soins et report de soins».

Le communiqué ajoute: «en cas de doute, n’hésitez pas à contacter votre médecin généraliste traitant, mais également tout autre spécialiste qui vous suit habituellement.»

L’épidémie de Covid-19 risque donc d’avoir aussi un impact grave sur les malades atteints d’autres pathologies que le Covid-19, assure le Dr Bruno Burel de l’URML:

«Sans ce suivi régulier, nous risquons d’avoir une dégradation de l’état de santé de ces patients. De plus, un certain nombre de patients présentent des symptômes nouveaux pouvant potentiellement relever d’une pathologie chronique. S’ils ne consultent pas, le risque d’un retard diagnostic peut être préjudiciable. Il faut donc que les patients continuent à consulter leur médecin traitant: il est facile actuellement par téléphone et par téléconsultation d’effectuer des consultations à distance et des prescriptions à distance sans que le patient ne se déplace. Dans certaines situations, il sera nécessaire de procéder à un examen clinique

Le «mystère» de la baisse des AVC et des infarctus

«Il y a un gros problème, prévient le Dr Yvon Graïc, président de France Santé Normandie, même à l’hôpital on ne voit plus d’AVC [accidents vasculaires cérébraux], il n’y a plus de patients admis pour infractus. Que font les gens atteints par ces pathologies? C’est un mystère.»

Un communiqué des présidents de la Société française de cardiologie (SFC) et de la Société française de neurologie vasculaire (SFNV) s’alarmait également hier de cette baisse des consultations:

«Ces dernières semaines, les professionnels de cardiologie et de neurologie ont constaté une diminution massive des admissions en urgence pour infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral, pour ne citer que les deux premières urgences de nos spécialités. Ce phénomène nous inquiète car nous pensons que bon nombre de patients ayant des symptômes, par crainte d’être contaminés ou parce qu’ils pourraient les considérer à tort comme mineurs, n’alertent pas les secours. Or, nous savons que le risque de survenue d’un événement grave, parfois fatal, est très grand dans les jours qui suivent une première alerte.»

Les médecins restent disponibles pour leurs patients

Les patients souffrant de maladies chroniques ou présentant des symptômes évocateurs d’un AVC («apparition soudaine d’une faiblesse d’un membre ou de la face, d’un trouble de la parole, d’un trouble de la vision, ou d’un trouble de l’équilibre») ou d’un infarctus («douleur thoracique le plus souvent, parfois sensation de manque d’air, tant à l’effort qu’au repos, palpitations, malaise») doivent donc sans délai appeler le 15 ou leur médecin traitant.

«Ils ne doivent avoir aucune crainte de se rendre dans un cabinet médical ou aux urgences, explique le Dr Yvon Graïc, les salles d’attentes sont sûres et les urgences non-Covid sont distinctes des urgences Covid».

Il est également à noter que les patients stéphanais et sottevillais présentant une suspicion de Covid sont désormais orientés par leur médecin ou par le 15 au centre de consultation spécialisé aménagé dans la salle festive stéphanaise (rue des Coquelicots).

«Il n’y a pour le moment que quelques personnes seulement par jour, dont deux qui ont été réorientées hier vers l’hôpital», assure-t-on à la mairie.

Les salles d’attentes et les urgences ordinaires ne reçoivent donc plus, a priori, de patients atteints du Covid.

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