Faucigny va disparaître

60 ans après la construction de l’immeuble, un logement sur trois est vide et le prix du m 2 s’est effondré. Photo : Jean-Pierre Sageot

L’immeuble est en trop mauvais état pour être rénové. L’État a donné son accord pour un projet de démolition envisagée au plus tard en 2030.

L’immeuble pourrait tenir debout encore longtemps mais il est si dégradé qu’il fait fuir les habitants, repousse les arrivants, attire les animaux nuisibles et les marchands de sommeil. Soixante ans après sa construction, la remise en état de Faucigny coûterait trop cher. Il faudrait que l’État, la Métropole et la Ville dépensent des sommes astronomiques pour remettre à neuf la façade, les ascenseurs, les escaliers et toutes les parties communes. Et ça ne suffirait pas : il faudrait aussi que chaque propriétaire rénove son ou ses logement(s), et pas seulement en changeant le papier peint. Il s’agirait de refaire l’isolation, les sols, la plomberie… dans les 126 appartements en même temps. Le temps que tout le monde réunisse l’argent nécessaire et que les travaux commencent, l’immeuble se sera encore plus dégradé. À la demande de la Métropole et de la Ville en 2022, un cabinet d’études s’est penché sur le problème pendant plus d’un an en déambulant dans les couloirs et frappant aux portes. Sa recommandation : la démolition. Fin novembre, l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) a donné son accord. C’est désormais à la Métropole Rouen Normandie de recruter, d’ici septembre 2024, un « tiers intervenant » pour organiser le rachat des appartements et le relogement de tous les occupants. Ensuite la démolition pourra commencer, premiers coups de masses et pelleteuses envisagés pour 2029.

Un cercle vicieux

Après l’immeuble Sorano évacué d’urgence en septembre 2019 et démoli en 2021. Après l’annonce en 2022 de la déconstruction prochaine des cinq immeubles de la copropriété Robespierre… C’est donc au tour de l’imposante barre Faucigny de disparaître du quartier du Château blanc. Cette dégradation, la Ville a bien essayé de l’éviter dès les années 1990, en devenant elle-même propriétaire de 57 logements notamment pour bloquer les marchands de sommeil qui investissaient dans le quartier. L’immeuble fait dix étages, c’est comme si la Ville en possédait quatre (40 %). Mais ça n’a pas suffi. Au fil des ans, Faucigny s’est détérioré et forgé une image extrêmement négative en raison de son aspect et des problèmes de tranquillité publique qui s’y opèrent. Un effet repoussoir qui enclenche un cercle vicieux : moins de candidats pour louer un logement (un tiers des logements sont vides), moins d’acquéreurs, chute du prix de vente (le prix moyen de vente d’un appartement à Saint-Étienne-du-Rouvray est de 1260 €/m², il serait en moyenne deux fois moins élevé à Faucigny de vente), les propriétaires se désinvestissent (peu de participants aux Assemblées Générales de copropriété), les charges de copropriété augmentent… et il devient désormais moins cher de détruire que de réhabiliter.

 

Huit copropriétés soumises au « Permis de louer »

Depuis le 1er septembre 2020, la Ville a instauré le « Permis de louer » dans huit copropriétés du Château blanc : Robespierre, Mirabeau, Hauskoa, Guebwiller I, II et III, Atlantide et Faucigny. Les propriétaires de ces immeubles doivent obtenir une autorisation de la commune avant toute nouvelle mise en location. Il est possible pour la Ville de rejeter la demande si le logement est, après visite par les services municipaux, jugé « susceptible de porter atteinte à la sécurité des occupants et à la salubrité publique ». L’autorisation peut être donnée a posteriori, une fois que les propriétaires ont réalisé des travaux d’amélioration.

Huit autres immeubles rénovés

En plus de Faucigny, le bureau d’études Citémétrie a rendu, mi-2023, ses analyses pour six autres copropriétés du quartier du Château blanc : les trois immeubles Guebwiller, Hauskoa, Atlantide et les trois tours de Mirabeau. Pour ces bâtiments, c’est le choix d’une rénovation dans le cadre de l’OPAH-CD (opération programmée de l’amélioration de l’habitat copropriétés dégradées) qui s’est imposé. Ces immeubles des années 1960 ont besoin de réhabilitation thermique, de modernisation des ventilations et de travaux de confort sur les parties communes. Des travaux spécifiques à chaque immeuble, comme les garde-corps des balcons pour Atlantide, sont aussi à prévoir. Chiffrés en millions d’euros, ces travaux seront en grande partie financés par des subventions publiques (État/Anah – Agence nationale de l’habitat –, Ville, Métropole…) avec un reste à charge réduit pour les copropriétaires qui décident des travaux à réaliser.

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